Magazine Journal intime

La lecture.

Publié le 05 février 2011 par Douce58

      J’avais lu beaucoup d’illustrés (on ne disait pas encore : bandes dessinées), mais j’avais tardé à lire des livres « sans images ». Ma première approche de la littérature furent lesFables de la Fontaine.      Je récitais par cœur, à deux, trois ans, paraît-il,  le Corbeau et le Renard ,  la Cigale et la Fourmi ,  le Loup et le Chien, en faisant semblant de les lire à haute voix dans mon album.  Bien sûr, je ne faisais que retenir la lecture que mes parents m’en avaient donnée. Quand j’entrai en sixième, à onze ans, mon oncle Paul m’offrit  Croc-Blanc  dans une magnifique édition.  Je reçus aussi, toujours de mon oncle Paul,  le Roman de Renart , Les Aventures d’Arthur Gordon Pym  d’Edgar Poe et, d’un fidèle client de mes parents, Monsieur Plantier, qui était instituteur, Contes et Récits de l’Iliade et de l’Odyssée .   Je me mis donc petit à petit à lire de vrais livres. Plus tard vinrent  l’Outlaw du Canyon Perdu , que j’avais emprunté à la bibliothèque du patronage et dont j'ai oublié l'auteur, et  Poo Lorn, l’Éléphant  de Reginald Campbell. Je prenais goût à la lecture et commençai à visiter la bibliothèque familiale, qui était contenue dans les tiroirs d’un beau et massif secrétaire en acajou.  J’y trouvai, entre autres,  le Roi des Montagnes d’Edmond About,  les Robinsons de la Guyane, dont je ne sais plus le nom de l'auteur, des recueils de poésies de Victor Hugo et d’Alphonse de Lamartine.   Désormais, à mes anniversaires, pour Noël, je recevais des livres :  la Guerre du Feu Helgvor du Fleuve Bleu  de Rosny aîné,  les Trappeurs de l’Arkansas  de Gustave Aymard,  quelques titres de la Comtesse de Ségur.  A la bibliothèque du lycée j’empruntai  le Livre de la Jungle ,  Simples histoires des Collines  de Rudyard Kipling et, en classe de troisième,  Le Grand Troupeau  de Jean Giono, qui m’introduisit à l’œuvre de mon écrivain préféré.
      Dans ma famille, la plus grande lectrice était ma mère . Chez elle, le goût pour la lecture rivalisait avec celui pour la musique. Elle avait dû l’hériter de son père et de son oncle. Mon grand-père Joseph lisait beaucoup, surtout La Fontaine et Victor Hugo, et veillait après sa journée de travail pour s’adonner à sa passion.  Ayant quitté l’école de bonne heure, après la classe de quatrième, je crois, il avait néanmoins acquis, en autodidacte, une vaste culture littéraire.  Son frère, l’oncle Jacques, possédait une riche bibliothèque.  Quand il croisait ma mère sur le chemin du cours complémentaire Sévigné, il lui posait la question rituelle :

 Tu lis au moins, petite ? 
Et il ajoutait sur le ton de la conviction :

 Il faut lire... 

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