Qui dit week-end sans enfant dit donc rattrapage de retard en matière de ciné donc deux films en deux jours...
Et, encore, j'ai mal joué, j'aurais pu en faire un troisième mais j'ai loupé une séance parce que j'avais mal regardé l'heure (un jour, vous oublierez vot'tête, monsieur Dusse !)...
A la base, je pensais ne faire qu'un seul billet avec les deux films mais si je vous dis que je me suis retrouvée avec un billet long d'un bras, vous comprendrez que, tant pis, vous aurez deux jours de ciné sur ce blog...
Donc, d'abord, LE film dont tout le monde parle !
LE film qui risque de rafler la mise aux oscars !
"Le discours d'un roi" de Tom Hooper.
Pour ma part, l'envie de voir jouer Colin Firth et les autres acteurs britanniques qui ont servi le casting : Helena Bonham Carter, Jennifer Ehle, Michael Gambon, Derek Jacobi et, non, pas Timothy Spall mais, ça, j'y reviendrai !
Et puis, j'aime assez facilement les histoires historiques, les biopics.
Enfin, je suis toujours entrain de lire la biographie de Churchill et j'en suis, justement, à la période d'avant-guerre et d'abdication d'Edouard VIII.
Si vous voulez mon avis (et même si vous ne le voulez pas, je vous le donne quand même parce que c'est mon blog !), quelle que soit la raison qui vous incitera à y aller : allez-y !
Ce n'est pas un film qui tient du chef d'oeuvre absolu mais il est très bien fait, excellemment bien joué. La sauce prend et vous entraîne pendant presque deux heures.
Oui, bien sûr, si on va chercher dans les détails, on peut trouver à y redire :
Premier petit détail insignifiant : Non, je ne vois pas la reine Elisabeth embrassant George VI sur la bouche en public juste après qu'il ait annoncé le déclenchement de la guerre. Coincés, guindés qu'ils étaient, c'est tout bonnement inenvisageable !
Ensuite, non, Churchill n'avait pas la bouche tordue. Il était grand et il avait de la prestance.
Et, en plus, loin de pousser George VI à prendre la couronne, il a, au contraire, tout fait pour garder Edouard VIII sur le trône (il n'a pas eu que de bonnes idées, ce brave homme ! Et, heureusement, en l'occurrence, il a échoué sinon on n'était pas dans la chkoumoune...). Alors, je sais pour 10mn d'apparition à l'écran, on ne va pas en faire un drame mais je ne comprends pas le choix de Timothy Spall qui, contrairement à ce que j'ai lu, ne m'a pas éblouie par son jeu (version homme des cavernes) et qui, physiquement, ne ressemble en rien au personnage (version le nain grimaçant). L'erreur de casting complète...
Enfin, il y a quelques grosses erreurs historiques qui m'ont gênée mais le film concerne le bégaiement du roi et son accession au trône, avec ce handicap, et, de fait, l'essentiel du film n'est pas l'abdication d'Edouard, les raisons, les conséquences et l'Angleterre à la veille de la seconde guerre mondiale parce que, là, sinon, je hurlerais à la lune sur les falsifications de l'Histoire dans le scénario.
Je ne vais pas vous faire un cours mais George VI était tellement dans une optique pacifiste utopique qu'il a été jusqu'à féliciter Chamberlain de sa négociation aux accords de Munich, qui ouvrait grandes les portes de la Tchécoslovaquie à Hitler en espérant que, du coup, le Führer en oublierait ses projets de guerre (Il n'était pas le seul, hein, Chamberlain et Daladier, en France, étaient dans la même barque !). Bon, d'accord, George et Elisabeth se sont bien rattrapés durant les six années qui ont suivi et l'histoire s'est bien terminée mais ça avait la couleur et l'odeur de la collaboration, de la trahison...
Edouard VIII, devenu duc de Windsor, n'est pas parti en bons termes avec son frère. Il a été exilé en France avec pour ordre de ne rentrer sur le territoire britannique que sur autorisation spéciale et, ensuite, il a été envoyé aux Bahamas parce qu'on était sûr que, comme ça, il serait trop loin et trop encadré pour faire des bêtises, notamment par son soutien au régime nazi.
A cette époque là, Churchill était la bête noire du gouvernement. On l'évitait au maximum et il y a peu de chances (elles sont même infinitésimales !) que George, à l'époque, encore Albert, ait pu avoir des discussions privées avec lui sur l'avenir de la Couronne, surtout que Churchill était contre l'abdication. Bon, en revanche, c'est quand même bien lui qui aurait écrit ce fameux discours du roi...
Donc, oui, j'ai tiqué sur l'instant à ces "petites" choses et puis j'ai continué, prise dans l'histoire du film... Et c'est pour ça que je dis que c'est un bon film : je n'ai pas été parasitée par ce qui aurait pu me faire réagir (et pourtant il y avait matière mais ce n'était pas l'histoire que j'étais allée voir) !
On est également emmené dans l'histoire grâce à l'excellent jeu des acteurs.
Colin Firth, quoique non ressemblant à George VI (on n'est pas aux antipodes mais pas loin !) est vraiment bluffant et son bégaiement plus vrai que nature. A aucun moment, on a le sentiment qu'il en rajoute. On perçoit aussi la colère et la peur de cet homme qui ne voulait pas de ce rôle qui s'imposait à lui, qui ne se sentait pas la stature de l'assumer.
Helena Bonham Carter joue une très bonne Queen Mum. La détermination, le caractère intransigeant et la haute opinion de ce qu'elle était et de ce que devaient être les siens. Bref, elle annonce bien la vieille peau qu'elle deviendra (la méchanceté conserve paraît-il... Elle n'est pas morte centenaire ?) même si très amoureuse de son mari.
J'ai entendu de ci de là dire que Geoffrey Rush en rajoutait et que c'était insupportable. Personnellement, j'ai aimé son jeu. J'ai aimé qu'il ait gardé le côté un peu frustre de l'homme de la rue qui, bien que flatté de l'honneur qui lui est fait, n'est pas prêt à marcher sur ses principes ("Rules are the rules !").
J'ai adoré la scène où le roi et la reine se rendent chez l'orthophoniste qui a envoyé sa femme jouer au bridge et ses enfants, je ne sais où, et où l'épouse rentre plus tôt que prévu. Geoffrey Rush et Jennifer Ehle sont remarquables !
Les dialogues aussi sont de très bonne qualité, ce qui permet à la salle d'éclater de rire à quelques répliques bien ciselées.
Quant aux décors et aux costumes, rien à redire. C'est du très bon travail !
Un détail qui pique ma curiosité : quelqu'un sait-il quelle a été la réaction de Buckingham à ce film ?
A bientôt !
La Papote