Voici donc le deuxième film de mon week-end, le très mitigé "Au-delà" de Clint Eastwood...
Après, Clint a eu fait de meilleures réalisations mais je récuse l'accusation comme quoi à force de vouloir trop tourner de films, il fait n'importe quoi...
Personne n'est jamais en permanence au sommet de son art !
Ses deux derniers films étaient superbes. Là, il est deux tons en dessous, je le reconnais.
Mais le pire, c'est que réalisé par Ron Howard (pourquoi j'ai pensé à lui, je ne sais pas... N'y voyez aucune vindicte personnelle !) ou consorts, les gens auraient eu la dent moins dure. Je trouve ça injuste !
C'est un film honnête avec une réalisation pure et nette, un très bon jeu d'acteurs et un scénario qui n'est ni pire ni mieux que beaucoup d'autres.
J'ai passé un bon moment.
Je ne me suis pas ennuyée.
La scène d'introduction m'a scotchée à
mon fauteuil mais c'est là tout le génie d'Eastwood. Comment tourner
une scène de film catastrophe, un moment d'appocalypse sans en faire
trop ! Tout laisser ressentir dans une sobriété de mise en scène dont
lui seul peut se targuer !
Le cours de cuisine et, notamment, la dégustation à l'aveugle est un autre moment de grâce indéfinissable...
Au même titre que celle de l'arrivée des services sociaux.
Il n'y a jamais de pince à épiler pour faire pleurer les yeux !
Entendez
par là, qu'avec ce scénario, il y avait matière (sans même beaucoup se
forcer !) à faire pleurer dans les chaumières mais, là, où j'apprécie à
chaque fois un peu plus Eastwood, c'est que, justement, il évite à
chaque fois l'écueil de l'émotion inutile, pleurnicharde.
L'histoire
des deux petits garçons à Londres était à mon avis la plus casse-gueule
sur le plan émotionnel et pourrait bouleverser et, pourtant, même si on
se sent pris (et bien pris. Croyez-moi sur parole !), ça ne déborde
jamais. Pas de pathos. Une réalité horrible, glauque et terrifiante
mais la pudeur et la sobriété du réalisateur évitent le mélodrame...
L'histoire
de Matt Damon était la plus casse-gueule sur le plan idéologie,
crédibilité. Filmer l'histoire d'un medium sans tomber dans la
caricature et, de surcroît, quand celui-ci "refuse" son don qu'il vit
comme une malédiction, c'est loin d'être évident. Le dernier qui y
était arrivé, à mon sens, c'était Night Shyamalan dans "Le sixième
sens" mais il faut dire que la matière du film était toute autre...
L'histoire
sur laquelle le réalisateur a pris le moins de risque est, pour moi,
celle de Cécile de France... Je l'ai bien aimée mais, finalement, à
bien y réfléchir, pour moi, elle ne sert que parce qu'elle permet de
relier les deux autres, de dénouer la situation mais c'est tout.
Mais
parfois, les prétextes sont agréables et cette histoire-là nous donne
le prétexte de revoir la très belle Marthe Keller, le séduisant Thierry
Neuvic (Miss Rainette, j'ai encore pensé à toi... Décidément !) et
d'avoir la scène d'ouverture du film...
La fin se la joue un peu trop facile ? Certes... mais ça fonctionne quand même...
Mais je le répète d'un autre que de Clint Eastwood, tout le monde aurait applaudi...
Le jeu des acteurs est honnête. Je n'ai pas été éblouie par une révélation quelconque mais il n'y a rien à redire. C'est "propre" !
En conclusion : il est dur d'être un réalisateur d'exception aux si nombreux chefs d'oeuvre !
Faut-il, pour qu'il reste crédible, s'enfermer dans les réalisations politiques ?
Non, absolument pas !
Il
sait parfaitement maîtriser les sujets qui dévient gentiment vers
l'irréel, ce moment où l'on ne sait plus vraiment si on a franchi le
seuil de la fiction (la preuve avec le merveilleux "Minuit dans le
jardin du bien et du mal") mais beaucoup lui préfèrent son cinéma
engagé, ancré dans la réalité...
Le côté doux dingue déplaît et ce qui ne rentre pas dans le cadre est décrié...
A
force de persévérance, Clint a réussi à se défaire de son costume de
policier solitaire. Il serait tellement agréable que ce ne soit pas
pour lui faire endosser un autre costume qui serait tout aussi étriqué,
limité et injuste par rapport à l'immensité de son talent !
Quant au film, ce n'est pas le meilleur d'Eastwood mais, tel qu'il est, c'est un film honnête !
A bientôt !
La Papote