Magazine Journal intime

Les joies de la propreté

Publié le 24 février 2011 par Bizz
Quand Bébé fille était toute petite, j'adorais prendre une douche. C'était LE moment par excellence de détente où je ne pensais à rien. Bon, j'entends les rabats-joie dire «tu penses aussi à rien la nuit». FAUX. La nuit, soit je suis occupée à combattre l'insomnie et respirer par le nez comme appris dans mes cours de yoga pour m'endormir, soit je travaille en dormant, au point où au réveil le matin, j'ai un chapitre complet rédigé dans ma tête, une nouvelle recette inventée et une demande de subvention terminée.
Je disais donc, la douche. Comme l'amoureux part travailler tôt le matin et revient généralement tard le soir, je passe de longues heures seule avec Bébé fille. Il devient donc épineux de prendre ma douche en laissant ma tendre enfant sans surveillance. Nous savons toutes de quoi un bébé est capable en trois minutes sans surveillance. J'ai d'abord essayé la technique «moi dans la douche, bébé dans la salle de bain». Après avoir mis hors de portée de Bébé fille tout objet potentiellement dangereux pour elle et fermé la porte pour m'assurer qu'elle reste dans la pièce avec moi, je me glissais furtivement dans la douche. Pas assez furtivement, faut croire, parce que Bébé fille se mettait alors à pleurer, se croyant sans doute abandonnée.
- Moi: Allons, allons Bébé fille, maman est dans la douche. (Pleurs qui redoublaient d'intensité). Meuh non, ne pleure pas. Coucou! (disais-je en sortant ma tête).
Éclats de rire. Re-ferme les rideaux, re-pleurs, re-coucou, re-rire. Bébé fille rassurée, elle allait faire le ménage dans sa table à langer (où j'avais pris soin de laisser quelques jouets dans l'espoir de me laver tranquillement; une fille s'essaye). Je me savonnais allègrement le corps et, bien sûr, c'est toujours au moment où mon visage était enduit d'une épaisseur impressionnante de mousse de savon que Bébé fille se faisait mal ou perdait sa pantoufle.
- Moi: Tut, tut, maman a presque terminé, ma belle. (Pleurs de bébé pas content). Laisse-moi au moins le temps d'enlever le savon que j'ai dans le visage. (Ouverture du rideau par une Bébé fille vachement en colère). Non, Bébé fille, attends. Rah! J'ai du savon plein les yeux, merde. Non, non, c'est pas à toi que maman parle comme ça, viens, tiens, un beau bisou. Ça va mieux maintenant.
Et pendant que les yeux voulaient me sortir de la tête parce que le savon qui s'y trouvait était fort inconfortable, Bébé fille s'empressait d'aller manger le rouleau de papier de toilette que j'avais malencontreusement oublié de mettre hors de sa portée.
Bref, le calvaire à chaque fois. C'est sans compter les fois où elle me regardait avec ses yeux piteux en disant «maman», tendant les bras vers sa mère pleine de savon, espérant venir jouer dans l'eau avec moi.
Étant une mère exemplaire (tousse, tousse), j'ai tôt fait de céder au chantage émotif de la prunelle de mes yeux. Nous prenons donc notre douche ensemble. Il serait facile de croire que c'est beaucoup plus simple comme ça. Erreur. Quand elle n'est pas en train de me pousser pour avoir le jet d'eau à elle toute seule, elle s'empare de ma débarbouillette et l'utilise pour nettoyer le fond de la douche (super). Fidèle à son habitude, elle choisit toujours le moment où j'ai du savon dans les yeux pour s'accrocher à mes jambes et me faire perdre l'équilibre. Sans oublier ses petites échappées urinaires ou fécales. Un plaisir fou.
Donnons à Bloody César ce qui revient à Virgin César (ou quelque chose comme ça), reste qu'avec le temps, c'est devenu notre petit rituel matinal. Rien de plus relaxant que le gros câlin qu'on se fait sous le jet d'eau, immobiles et silencieuses.

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