Laurel et Hardy
*Le syndrome de Down, aussi appelé trisomie 21, est une maladie chromosomique congénitale provoquée par la présence d'un chromosome surnuméraire. Ses signes cliniques sont très nets, on observe un retard cognitif, associé à des modifications morphologiques particulières*Le bonheur est un moment burlesque qui dure le temps d'un clin d'œil!
''Big'' George est un italien. Il porte les couleurs de l'Italie avec fierté. Il parle beaucoup et son vocabulaire contient plein de mots d'Église. Il parle rapidement, tellement que parfois, ses mots s’enfargent dans sa bouche. Il est dans le début de la vingtaine. Il aime jouer au bowling, même s’il est un piètre joueur qui visite le dalot plusieurs fois par partie! Il s'en fout de perdre ou de gagner, de performer ou de n'importe quoi à saveur de compétition. Il est juste content d'être là et de lancer la grosse boule dans l'allée et de faire tomber une quille une fois de temps en temps. À ce moment précis, ça devient comme une fête!!!! Ah, j'oubliais! George est tout sauf gros. Il est très laid, mais il s'en fout!
Wally est tout le contraire de George. Il est le meilleur ami de George et George est son meilleur ami. Il ne pourrait imaginer la vie sans George. En fait, il est persuadé que sans George, il arrêterait de respirer ou que son cœur arrêterait de battre!!! Wally est encore plus laid que George, mais lui il pense qu'il est la réincarnation de James Dean. Wally est aussi dans le début de la vingtaine.
Ils sont ensemble Laurel et Hardy, mais en mieux. Comme George, Wally n'a aucune malice. Si la planète était dirigée par Wally, la planète se porterait mieux. Envoyez George et Wally pour régler le conflit Palestine/Israël, et les bombes feront place à la bonne vielle tarte à la crème ou à un concours de belles grimaces de singe! Ils sont à eux deux un cirque de clowns.
J'ai fait la rencontre de ces deux spécimens lors de mon dîner à la Belle Province du bowling Laurentien, mercredi.J'arrive à la Belle Province dans ma journée de cul. En face de moi, au comptoir pour apporter, un autobus de trisomiques. Vingt trisomiques enlignés un à la suite de l'autre, devant moi. Je suis l'avant-dernier dans la file. Juste en arrière de moi, il y a Wally, et en avant de moi, il y a George. Je suis arrivé dans la file à 12h01 et j'ai été m'assoir avec mon p'tit bonheur à 12h20! Je recommence à travailler à 12h30. Un chaos sympathique du début à la fin.Intérieurement, je sacre. Je ne suis pas content d'attendre pour manger. Autour de moi, c'est tout le contraire. La file de trisomiques est enjouée. C'est la fête au village. Tellement qu'on dirait que quelqu'un a gagné le million dans le lot. Je rumine, je sacre, quand tout à coup, je sens un p'tit doigt huileux sur mon épaule.
-(''Big'' George)Tu vas prendre quoi pour dîner, Monsieur?Comme un cadre, il a un sourire tout croche d'accroché dans la face. Le genre de sourire que mon garçon de 6 mois m'offre le matin en se levant. -(Moi, avec le début d'un sourire dans la face) Mon nom c'est Patrick pis j'pense que j'vais prendre un numéro #4, hamburger avec une frite.George met ses p'tites mains autour de sa bouche comme pour parler avec un porte-voix et crie littéralement...-(George) Hey, Wally, le monsieur va prendre un hamburger avec une frite. C'est un bon choix, hein?Il crie le tout avec un pouce dans les airs à la fin de sa phrase. Wally est à deux pouces de moi, et George est collé sur moi. Je ris, George rit, Wally rit, et toute la file rit.Wally met ses mains autour de sa bouche et crie à son tour.-(Wally) Hey, ''Big'' George, je sais ce que le monsieur veut, je suis à coté de lui et de toi! Tu n'a pas besoin de crier!Dit-il en criant lui aussi.L'éducatrice spécialisée qui les surveille leur dit d'arrêter de déranger le monsieur. Le monsieur, c'est moi. Ça me fait toujours drôle de me faire traiter de monsieur. Et moi de lui répondre...-(Moi, le monsieur) Ben non, ça me dérange pas pantoute. C'est ben correct.Intérieurement, je suis ''crampé'', j'ai le sourire facile! Le bonheur vient faire son tour entre mes deux oreilles.George repart de plus belle et s'adresse au caissier dans son ''rush'' du midi.-(George) Hey, monsieur, tu fais une maudite bonne job. Lâche pas, tu vas aller loin dans la vie, parole de George. Two thumbs up's mister!!!! Tu fais de la bonne argent aujourd’hui Buddy!!
Le caissier a droit en prime à un beau signe du pouce de notre joyeux drill. Le caissier rit de bon cœur, les filles et les gars dans la cuisine rient de bon cœur malgré l'énorme ''rush''. Tout le monde rit de bon cœur!
Quelques minutes passent... je sens encore une fois un p'tit doigt huileux sur mon épaule.-(George) Tu vas prendre quoi pour dîner, Monsieur Patrick?-(Wally) Dérange pas monsieur Patrick, c'est pas de nos affaires!
Je suis dans un ''twilight zone''. Je vis une pièce de théâtre burlesque. Je me sens comme Symphorien dans un sketch avec Oscar Bellemare. On dirait que Marcel Gamache a écrit l'histoire de mon dîner tellement c'est risible.J'ai toujours eu une fascination particulière pour les trisomiques et leur bonheur facile! Le moment que je vis avec eux me le confirme. J'ai enfin ma commande et je vais m'installer seul dans mon coin.Wally et George viennent s'assoir à coté de moi!
Je renverse mon verre de coke en m'assoyant. Ma journée de cul continue, que je me dis! Le coca-cola déborde comme la rivière du nord de mon enfance au printemps... un peu sur mes pantalons, un peu à terre, un peu sur mon cabaret, un peu partout finalement.Wally se lève et m'offre de partager son coke avec moi. Comme ça, tout naturellement, comme si c'était la chose à faire!Comme un cadre, j'ai un sourire tout croche d'accroché dans la face. Le genre de sourire que mon garçon de 6 mois m'offre le matin en se levant. Wally et George n'ont pas besoin de chercher le bonheur, car ils sont le bonheur!Je suis reparti du snack à patate avec un gros ''smile'' dans la face.J'ai travaillé avec un gros ''smile'' dans la face tout l'après-midi. Je suis arrivé chez nous avec un gros ''smile'' dans la face.Je me suis endormi avec un gros ''smile'' dans la face, j'étais heureux comme un trisomique
*Ce texte est dédié à mes amis Wally et George*