Chères amies, chers amis,
Je m'adresse à vous aux noms des mamans qui débarquent chez vous avec la marmaille pour prendre un café et jaser de la pluie et du beau temps. Je demande votre indulgence face à notre comportement qui peut vous paraître étrange.
Pardonnez notre incapacité à converser les yeux dans les yeux, comme jadis. Si notre regard fuit le vôtre de temps à autre, c'est que nous avons à coeur la survie du splendide chandelier décoratif qui orne le centre de votre table de salon. Nous n'avons d'autres choix que de jeter un regard furtif vers ledit chandelier quand notre progéniture s'en approche doucement, les yeux agrandis par les belles couleurs qui l'habillent, si vous ne voulez pas le ramasser au balai, en milles miettes.
Excusez notre fâcheuse manie de ne boire plus d'une gorgée du délicieux café que vous nous avez préparé - bioéquitable acheté la semaine dernière «faut vraiment que tu y goûtes, toi qui aimes le café». Tout café entamé alors que bébé est éveillé est condamné à refroidir, seul sur le coin de la table, pour cause de surveillance accru de l'enfant qui joue à l'alpiniste avec vos splendides chaises recouvertes d'un tissu facilement tachable par des petites mains avides d'agripper la tasse de café et l'y renverser.
J'en appelle votre compassion face à notre refus catégorique d'asseoir notre popotin sur votre sofa qui semble bien moelleux. Sachez que nous accroupir à même le sol, parmi les jouets de bébé, aura comme avantage de nous permettre d'avoir une conversation d'au moins cinq minutes sans interruption.
Nous regrettons sincèrement d'arriver soit en avance, soit en retard, mais jamais à l'heure dite. La notion de temps avec bébé est très relative et dépendante de son humeur matinale. De plus, le fait d'envahir votre entrée avec le manteau et multiples accessoires hivernaux du fruit de nos entrailles, son sac de voyage plein à craquer de trucs essentiels à son bien-être ainsi que des jouets pour le distraire pendant quelques heures se fait bien malgré nous.
Nous demandons également que votre concentration soit un peu plus pointue qu'à l'habitude. Sinon, vous risquez d'avoir de la difficulté à nous comprendre quand nos phrases seront interrompues par des «non, bébé, ne touche pas à la plante», «laisse le pauvre chat tranquille, on ne mange pas sa queue», «non, ici, les casseroles restent dans les armoires».
Finalement, soyez assuré(e) que nous repartirons en prenant soin de ranger la dizaine de jouets qui traînent sur le plancher de votre salon, jouets qui furent inutiles de toute façon puisque bébé semblait beaucoup plus apprécier votre chat et vos escaliers.
Veuillez agréer nos sentiments les plus distingués,
Bizz, représentanteClubs des mamans qui ont enfin un peu de temps pour faire du «social»