Magazine Journal intime

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Publié le 01 février 2008 par Elisabeth Robert

La pluie cogne dans ma tête, des larmes plein les fenêtres.

Elles roulent, explosent et se font la belle.

Je me lève, un verre d'eau, la main dans les cheveux , une bosse sur le crâne.

J'ai froid, je m'enroule dans la couverture, assise sur le canapé, je regarde devant moi.

La lumière est éteinte, il n'y a rien à voir.

Un silence angoissant s'impose.

Mes pieds sont nus et glacés. Ma main droite est humide, il y a quelque chose qui colle.

Les mains sous l'eau, je savonne, ce rouge qui ne part pas, j'ai comme des flashs...

Il dort?

Pourquoi j'ai si froid?

Pourquoi j'ai la nausée?

Me voici penchée au dessus de la cuvette des toilettes, tout est sorti, les oeufs brouillés, le vin... Je suis vidée.

Face au miroir, le teint livide je réalise...

Ce sang sur ma nuisette, ce maquillage abîmé, le ricil a coulé...

Il ne dort pas, il ne respire plus.

Cette lame enfoncée dans le coeur, ses yeux encore à demi-ouverts...

Mais qu'est ce que j'ai fais?

Je hurle, réveille-toi... mais non, plus un souffle. Je sombre dans la colère.

Et puis la peur, je dois appeler les flics, leur expliquer.

Non, ce n'est pas de ma faute! C'est un malentendu!

Vite monter le son... La musique va couvrir toutes ses voix qui m'envahissent.

L'homme de ma vie gît dans son sang, il repose sur notre lit. La couette salie par cette tâche rouge. Elle me semble grossir au fur et à mesure que je l'observe.

Je prends sa tête entre mes mains, je l'embrasse, mes larmes gouttent sur son front. Mon aimé, mon amour ne vit plus.

J'ai tué le seul homme capable de m'aimer, de me voir telle que j'étais.

J'aperçois la boîte de cachets sur la table de nuit, il ne reste plus rien...

Sur la table du salon ce relevé de compte...

Ces courriers d'huissiers... Il faut que je tienne encore, c'était son idée...

Notre départ, pourquoi les cachets mettent-ils tant de temps à faire l'effet attendu?

C'est une torture, j'aurais du m'endormir juste après lui.

Une heure encore avant que mes paupières se fassent lourdes.

Mes bras, mes jambes ne me portent plus. Je me couche sur son torse. Un demi souffle encore, non l'argent n'aura pas eu raison de notre amour...

Non les factures, les impayés, le crédit ne nous auront pas détruits. C'est nous qui sommes partis, voyage en classe éco, un peu turbulent mais nous ne pouvions même pas nous offrir une arme.

Pourtant nous avions un travail, des amis... Rien de tout ceci n'aurait du arriver. Si seulement on nous avait écouté.


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