Mes Expos, mes amours

1^ère manche
À toutes les années, je savais que le printemps était proche quand l'ineffable Serge Touchette écrivait ses papiers en direct de West Palm Beach.  Rien de mieux que la ligue des pamplemousses pour oublier le froid de l'hiver!  Je savais pertinemment que le printemps était installé pour de bon quand Jacques Doucet ouvrait le micro à CKAC pour le match d'ouverture!  
2^ième manche
Parmi la horde d'Expos, j'avais un héro, un vrai!
Mon héro ne voyait pas à travers les murs, mon héro ne pouvait pas voler au-dessus des buildings, mon héro ne lançait pas de feu ni de la glace.  À une certaine époque, il tenait Montréal dans le creux de sa main.  Au début des années 80, il était plus populaire que Guy Lafleur lui-même! Il avait le numéro 8 de tatoué dans le dos.  Il était adoré des enfants, adulé par les ados, admiré par les hommes et aimé par les femmes. Il est Carter, Gary Carter.
Le 10 décembre 1984, mes Expos échangent mon Gary Carter aux terribles Mets de New York contre Hubie Brooks, Floyd Youmans, Mike Fitzgerald et Herm Winningham.  Ce fut le premier coup de poignard dans mon dos de partisan!! 
J'ai 12 ans, je ne comprends pas!  Je croyais que Carter avait un contrat à vie avec les Expos!  Ce jour maudit, j'ai compris qu'il fallait aimer le logo en avant du chandail et pas le nom en arrière, car un partisan est destiné à être déçu!! Carter, si bon était-il, n'était pas sur la photo d'équipe en 1985, mais Youppi l'était!!!  Comme quoi la gloire ne tient pas à grand chose!!!
Le ''Kid'', lui, a été gagner la série mondiale l'année d'après, avec les terribles Mets et toute sa grâce au gant troué de Bill Buckner!
3^ième manche
Un Dawson plus tard, un Raines plus tard.  J'étais maintenant un jeune adulte.  Je croyais à ce moment que Youppi pourrait faire un splendide tapis de bain!  J'ai toujours détesté Youppi, sauf la journée où Warren Cromartie a vêtu l'uniforme orange!  Ha oui! Je détestais Youppi autant que le gros Mike Schmidt, le 3^ième but étoile des Phillies… les Phillies que je détestais autant que Youppi et Schmidt!
4^ième manche
Un ticket dans les bleachers à 5$, un hot-dog à 1$ pis le parking intérieur spliter en deux, qui me coûtait finalement 5$!  Pour 11 piasses, j'assistais à un match des ligues majeures.  En prime, j'avais eu le loisir d'échapper de la moutarde sur mon chandail. C'est un genre de classique qui ne se démode pas!
Aujourd'hui, avec 11 piasses, tu ne peux même pas te payer un parking autour du Centre Bell!
5^ième manche
Nostalgie...
Il est environ 10h00 du matin et je reçois un coup de téléphone dans la salle de break du ''Farmer supply's''...
-(Simon)
Hey, l'gros, j'ai 2 beaux billets pour la game de ce soir.  Deux beaux billets dans la section V.I.P.!  Deux beaux billets dans la section du receveur, avec le bar mon Pat!!!!  Si tu m'embrasses les pieds, je vais peut-être penser t'inviter? Pis, tu viens-tu m'embrasser les pieds????
La scène se passe en 1993, en pleine course au championnat contre la machine des Braves d'Atlanta. J'ai 21 ans!  Nous avions la chance d'avoir les billets du père de Simon qui en ce jour ne pouvait se présenter au stade. Pour être plus précis, le 22 septembre 1993.  Un match de Sean Avery contre l'unique Jeff Fassero des Expos, bien sûr!  Pour fins du texte, nous avions remporté la game 6-1 et Fassero avait lancé 8 manches complètes en accordant seulement 4 p'tits coups sûrs, et 11 frappeurs avaient swigné dans le vide pour 11 beaux retraits sur des prises!   Évidement, l'unique Wetteland est venu fermer les livres avec un sauvetage!
Une journée de rêve...
-(Simon)
Ha ouin, j'oubliais, mon père nous passe son gros caddy pour aller au match!
En route vers le stade, en caddy, le sourire dans la face et l'espoir de voir nos Expos accomplir l'impossible!  Le stade était plein à craquer, plein jusqu'au bouchon.  Cinquante quelques milles amateurs de baseball ensemble en plein cœur de septembre dans une course au championnat, c'est beau en criss.  Simon et moi, on était habitués à des foules de 5 milles et moins au stade.  On était des irréductibles!  Je capotais littéralement. Pendant l'hymne nationale, nous avons pleuré comme des vrais gars, chacun dans notre coin, en faisant semblant qu'on ne pleurait pas!
Et par la suite, la magie s'est installée... Play ball.
Pour fins de l'histoire, je n'ai évidement pas embrassé les pieds de Simon.
6^ième manche
À chaque fin de saison, on recevait, au dernier match local, une magnifique tuque aux couleurs des Expos, avec un gros pompon sur le dessus!  Parfois, c'était des bubble heads, des t-shirts de Henry Rodriguez commandité par la barre de chocolat Oh Henry!!!!  La meilleure des meilleures fois reste celle où on avait eu droit à un moule à jello?!|%*&
7^ième manche
Simon se faisait un devoir de toujours porter ses jeans Guess les soirs de game au stade, car en 7^ième manche, il espérait être la personne choisie à l'écran, et ainsi remporter le gros lot Guess!
Pour fins de l'histoire, Simon a mis ses jeans Guess pour des centaines de games au stade, sans jamais avoir remporté l'enveloppe!  C'est pas faute d'avoir essayé.
8^ième manche
Les nouveaux propriétaires David Samson et Jeffrey Loria arrivent en ville... c'est le début de la fin!
9^ième manche
Septembre 2004...
C'est le dernier des derniers matches locaux des Expos, je ne suis pas au stade et Simon non plus.  Je ne suis même pas devant mon écran de télé!  J'ai revu la game en reprise 2 ans plus tard... j'étais en peine d'amour de mes Expos. 
Vendredi, 1^er avril 2011
Ma femme et ma fille  sont parties à la cabane à sucre en soirée, avec des collègues de travail de ma femme.
Moi, je suis à la maison avec mon garçon de 7 mois, et nous sommes confortablement assis dans le salon devant la game d'ouverture des Blue Jay's de Toronto contre les Twins du Minnesota.  J'ai une boule dans l'estomac comme à tous les débuts de saison de baseball.  J'aimerais que les Blue Jay's soient les Expos, mais faute de pain on va manger de la galette!!!!
Je vais suivre les Blue Jay’s avec mon p'tit Théo jusqu'au retour de mes Expos!!!! 

Bonne saison 2011... Play ball!
Et pendant ce temps-là, le maudit Youppi existe toujours...