Magazine Journal intime

A peine une ombre.

Publié le 02 février 2008 par Elisabeth Robert

Les yeux gonflés, tel un crapaud. L'envie de rien qui vous tenaille. Des tremblements dans les mains, la voix devenue muette.

La gorge irritée, la fatigue vous énerve.

Les lèvres gercées, le nez rouge. Quelques pas vers le lac endormi.

Un silence plat.

Enfin au bout du regard un oiseau chante et se pose sur cette branche. Le cou relevé, les cheveux qui tombent, la main sur le front pour mieux scruter l'horizon.

Les bottes trempées, la boue partout.

Elle nage au milieu des nénuphars, telle une nymphe...

Au milieu, cette barque abîmée, le bois qui craque, elle s'accroche, elle se hisse et la jupe humide elle s'assoit.

Il fait froid, l'oiseau se tait.

Au loin un champs de blé, pas de renard pour l'apprivoiser.

Quelques cailloux pour faire des ricochets.

Le soleil sombre derrière la colline, elle s'en fout, elle reste là. Rien, non plus rien n'a d'importance que ce froid qui la tue.

Plonge, saute par dessus bord et cours te calfeutrer devant la cheminée. Un feu crépitant t'attend. Ta famille, tes soeurs. Un grog te réchauffera, ne te braque pas.

Les mots qui résonnent, elle ne veut plus les entendre. Nager jusqu'à plus soif, loin de la rive. S'éloigner en paix, ne plus en vouloir à personne.

Au milieu d'une nuit sans pleine lune, le son d'un corps qui coule. Ce son qui n'en est pas un, personne ne l'entend.

Elle garde les yeux bien ouverts pour emporter les souvenirs de cette dernière balade funèbre.

Son corps couleur de lait ne sera plus jamais touché, sali. Et la honte enfin s'évapore, en même temps qu'elle s'endort.


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