Ma maîtresse

Salut ma belle...

 Au moment d'écrire ces lignes, ça fait 7 jours, 8 heures, 9 minutes et des poussières que nous ne sommes plus un couple!  Je t'ai aimée jusqu'aux limites de la folie, je t'ai aimée jusqu'aux limites du possible, je me suis rendu malade à t'aimer!  Je t'aime depuis que j'ai 12 ans. Notre histoire d'amoureux fous aura duré 25 ans.  Une vraie de vraie passion du début à la fin!  En ce moment, je me désintoxique de toi.  1985, notre première rencontre...Je venais de jouer à la balle, un programme double pour être plus précis, au mythique Parc Richelieu.  Je suis entré au Dépanneur Guilbeault avec mon p'tit frère en arrière de moi.  Rien à faire, ce foutu Marco était toujours en arrière de moi. Il m’admirait, il voulait toujours me copier, j'étais son idole!  J'avoue qu'être l'idole de quelqu'un, c'est pas n'importe quoi, et lui, il était mon fan numéro un sans l'ombre d'un doute!  Il me trouvait drôle, intelligent, bon dans les sports, habile en bicycle et parfois même, il m’attribuait des qualités que je n'avais pas!  Comme je ne suis pas toujours honnête, je prenais toutes ses flatteries jalousement, même si elles n'étaient pas toujours vraies.Encore aujourd'hui, je retrouve parfois en mon frère ce p'tit garçon qui m'idolâtrait.  La fois où j'ai écrit un texte sur mon grand-père Ti-Louis, j'ai vu dans les yeux d'homme de mon frère, ses p'tits yeux de p'tit Marco qui m'admirait.  J'aurais voulu que cet instant dure le temps d'une éternité!  Depuis ce texte, je m'applique à en produire un qui saura ramener ses p'tits yeux admiratifs!!!Trêve de nostalgie, revenons à ma maîtresse...La première fois que je l'ai vue, c'est dans un frigo à liqueurs!  Elle était vêtue de rouge et, dessus, c'était écrit Coca-Cola. Juste à la regarder, elle donnait l'impression de pouvoir désaltérer un régiment de soldats!  Elle était petite et, comble du ''old school'', elle était en vitre, la coquine.  Elle m'était destinée.  J'ai fait inscrire, sur le ''running bill'' de ma mère, deux liqueurs : une pour moi et une autre pour mon fan numéro 1.  J'ai dégusté cette liqueur chemin faisant vers le logement que mes parents louaient sur la rue Filion, en plein cœur du p'tit Canada! 

Cette journée-là, j'étais devenu accroc de toi sans le savoir,  j'étais junkie de toi.

C'est comme si je venais de découvrir un veau d'or, la meilleure chose qui existe sur cette Terre depuis l'invention du pain tranché. C’est ce que j'ai pensé pendant les 25 dernières années!!!Je me suis rendu malade à t'aimer, et quand je dis malades, je dis malade.  Je t'ai bue sous toutes tes formes : Coke, Pepsi, Rc, Kiri, Denis, Fanta, Fiesta, Gott, Choix du Président, Sans Nom, Virage, nouveau Coke, Coke aux cerises, rhum and Coke et j'en oublie!!!!  Je te savourais à toute heure du jour, en me levant le matin, au break du matin à la job, sur l'heure du midi, au souper à l'infini et parfois même, je me levais la nuit pour aller te déguster!Comment dire, tu étais réconfortante dans ma main… la vie semblait plus facile, moins difficile à avaler!  Pour te prendre, toutes les raisons étaient bonnes : le beau temps, la chaleur, l'ennuie, la soif, le fast-food, parce que je déteste boire de l'eau, pour remplir un vide qui ne pourra jamais être rempli, pour rien, par habitude, parce qu'il reste juste un fond, parce que parfois gratuite, pour rester éveiller, pour me donner de l'énergie, pour le goût, pour mille et une raisons, car elles étaient toutes des bonnes réponses.J'ai été sadomasochiste de t'aimer...En 2002,  j'avais d’énormes brûlements d'estomac, j'avais une multitude de refoulements la nuit, et tout ça à cause de toi! Tout simplement parce que tu m'envahissais.  Ce qui devait arriver arriva : j'ai fait une jaunisse doublée de pierres au foie!  Pour conséquence, une semaine à l'hôpital avec deux opérations dans mon corps de junkie, à seulement 29 ans !!Le docteur m'averti d'arrêter la liqueur, car à la façon que je buvais, je défonçais mon foie tranquillement pas vite... bla bla bla bla bla bla bla bla!  Et les sages paroles du médecin sont passées d'une de mes oreilles à l'autre, pour aller s'écraser sur le mur de son bureau!  J'ai fermé la porte et les mots du docteur sont restés dans le bureau!!!!Une semaine plus tard,  je suis sorti de l'hôpital...La première chose que j'ai fait, c'est d'aller au dépanneur!Elle était là, la coquine!  Elle m’attendait, moi qui avais eu peur de la perdre à jamais!  Je me suis acheté un beau deux litres de Coke, et je l'ai bu comme si ma vie en dépendait.  Ce soir-là, je me suis défoncé l'estomac comme avant l'opération...!  Résultat, des p'tits reflux la nuit, comme d'habitude, comme toujours depuis que j'ai 15 ans!  Tu me faisais mal et je t'aimais quand même, j'étais sadomasochiste de t'aimer.Été 2007Ma femme vient de recevoir l'épidurale et va bientôt accoucher de notre grande Mathilde. Je vois ma femme relaxer et ma première interrogation est :-(Moi, assoiffé)Mon amour, tu penses-tu que je peux aller m'acheter une p'tite liqueur en bas?Janvier 2011J'ai d'horribles reflux, je m'étouffe souvent la nuit, et en plus, on dirait que j'ai une brique de travers dans la gorge!  Je ronfle aussi comme un truck.  J'ai la gorge tellement enflée que je m'étouffe en mangeant, et même en buvant!  Parfois, je vais vomir après les repas, car c'est complètement bloqué dans ma gorge, comme sur l'autoroute Décarie à l'heure du souper!  C'est pas chic, mais c'est la réalité d'un dépendant à la liqueur.  Au début janvier, je ne le savais pas et Tu ne le savais pas, mais tu étais à la fin de ton règne, ma coquine!!!!Un vendredi, quelque part en mars 2011Durant ma journée de travail, j'ai bu cinq canettes de liqueur, et dans la soirée, j'ai bu un deux litres par-dessus le marché.  C'est pire que pire, je m'intoxique de toi en surdose!6 avril 2011, sur l'heure du lunch...Je bois, avec mon repas, une horrible canette de liqueur. Pour être précis, la marque Virage de Métro... le genre de liqueur qui peut vous rendre aveugle tellement elle est mauvaise, mais ma soif oblige!!!! C'était comme le dernier repas du Christ, mais sans que je le sache.6 avril 2011, en fin de journéeJ'ai rendez-vous à 16h30 chez mon nouveau ''doc'' de famille.  Je suis resté dans le bureau jusqu'à 18h15!Mon médecin me pose toutes sortes de questions... et il vérifie ma gorge!-(Docteur) Fumes-tu?-(Moi) Non, j'ai jamais fumé de ma vie!-(Docteur, incrédule) T'es sûr?-(Moi, interrogatif) Sûr, j'ai jamais fumé de ma vie!  Je déteste la boucane.-(Docteur) Je te dis ça car tu as la gorge d'un gars qui fume trois paquets de cigarettes par jour.  Tu as la gorge tellement enflée, c'est incroyable.  Désolé de te dire ça, mais pour un médecin comme moi,  c'est très fascinant de regarder ta gorge! Tu n’as pas grand chose pour avaler et respirer, c'est même étonnant.  Tu dois avoir d’énorme reflux la nuit, et tu dois ronfler comme ça se peut pas?-(Moi) oui   

-(Moi)
Je dois te dire que je suis un gros buveur de liqueur brune!  Je lui explique mon histoire!

-(Docteur) Tu fais ce que tu veux, mais si tu n’arrêtes pas d'ici 5 ans, c'est le cancer de la gorge ou le diabète pour sûr!  T'es rendu là Patrick...L'après rendez-vousJe suis de retour chez nous,  je ne dis pas bonjour à ma blonde ni à mes enfants... je me dirige vers l'armoire à liqueurs et je les vide dans le lavabo.C'est la fin, la vraie fin des vraies fins.Je commence mon sevrage...Fièvre, maux de tête, impatience, mauvaise humeur, envie de me pendre, sueurs, transpiration extrême, tremblements, insomnie et tout le tralala d'un junkie, car je suis un junkie!La 1^ère fin de semaine est passée de peine et de misère, mais j'ai tenu tête à ma meilleure ennemie!  Je suis content pour moi, mes enfants, mon portefeuille, et j'aime la fierté sur le visage de ma femme!!!J'ai plein de monde pour me ''stooler'' à ma blonde, car j'ai raconté mon histoire à tout le monde que je connais. Ma blonde, c'est mon chien de garde que je me suis auto-engagé!!!!  Je vous ai vous aussi, lecteurs et lectrices, pour me ''stooler''!  Je veux le plus de stooleurs possible.Au moment d’écrire ces lignes, il est 22h06, on est lundi soir, et ça fait 12 jours, 9 heures, 37 minutes et quelques poussières... que je n'ai pas bu de liqueur.  Je suis fier de moi, je réussi mon plus gros combat, celui de la volonté à chaque seconde qui passe!Je termine mon texte avec  un verre d'eau froide à coté de mon clavier d'ordi. 

Santé!