Magazine Journal intime

Planter Nabokov là!

Publié le 20 avril 2011 par Sexinthecountry2

Un bref essai que je devais faire à l’université.

J’ai pas envie de parler des auteurs et des textes que j’ai lus cette année pour aborder ma poïétique, mais je vais le faire pareil parce que je suis une bebitte à bonnes notes. C’est mon p’tit côté Hermione Granger.

D’abord Jean Barbe. J’passe vite dessus parce que j’en ai parlé en classe pis en plus j’ai écrit pas un, mais deux articles là-dessus su mon blogue : Souffrir pour écrire pis un autre que je me rappelle pus le titre. En tout cas, quelqu’un qui voudrait chercher pourrait trouver sur : www.sexinthecountry2.wordpress.com. Avec deux articles, j’pense que j’ai fait le tour de la question. Bon. Le sujet Jean Barbe est clos.

Passons à Jean-Simon Desrochers. Vite, de même en lisant ses extraits, j’ai trouvé ça ben bon mais j’ai pas vu de rapport avec ma poïétique. Dans sa conférence, par contre, y’en avait. Il a dit «être présent à son corps pour la création» pis j’étais d’accord avec ça parce que je pense pareil. Je pense qu’écrire, ça se fait les yeux fermés ou avec le regard tourné vers l’intérieur. Pas pour parler de son nombril, j’m’en fou de mon nombril, mais pour parler des autres il faut savoir comment notre corps les perçoit. Ça fait qu’écrire, ça se fait tout le temps, à chaque seconde, à chaque inspiration. Écrire c’est ben plus que s’enchaîner à son laptop pendant un minimum de quatre heures par jour. Écrire c’est se discipliner à voir tout le temps. M’a encore ploguer ma sempiternelle phrase de Duras, mais je peux pas faire autrement parce que tout est là : «Je crois qu’aimer c’est voir». Écrire c’est aimer, pis aimer c’est voir. Je lâche pas prise. Pour écrire il faut donc apprendre à voir autrement. Ou simplement à voir pour vrai. Chaque chose. Comme un kid. Comme si c’était la première et la dernière fois.

Ce qui m’amène à Yvon Rivard. Lui j’veux que ça devienne mon ami. Lui, il dit tout ce que je voudrais dire, mais en mieux. Pourquoi j’écris d’abord? Parce qu’on est différents. Pis si on est différents c’est qu’on n’est pas pareils. On touche donc pas le même monde. Faique si j’arrive à dire à peu près la même chose que lui mais à d’autre monde, ben on va atteindre plus de monde. C’est pour ça aussi que j’écris. Yvon Rivard, il nous a donné des ateliers de scénarisation, mais on ne l’a pas lu. Je me permets d’en parler pareil parce que ses ateliers m’ont donné des ailes (des ailes pour faire voler L’Osti d’Albatros). Si je pouvais assister à toutes les semaines à une conférence d’Yvon Rivard, j’aurais jamais le syndrome de la page blanche. Ou peut-être que je m’écœurerais, mais j’en doute. Il m’a donné des images et il m’a fait voir à quel point l’écriture pour le cinéma et la littérature sont différents. Je sais que j’écris des images-temps. C’est comme ça que je fais. C’est ça pour moi écrire. C’est dire la finitude humaine dans ce qu’elle a de consternant et de beau. Ça faique je parle du temps. Mes histoires n’ont pas d’intrigue, ou si peu, parce qu’elles parlent du temps, c’est ça l’intrigue, c’est la seule en fait, c’est celle qui nous meut. Mais les images-temps ne conviennent pas toutes au cinéma et l’inverse est aussi vrai. Ça fait un mois que j’essaie de convertir mon scénario en nouvelle pis j’suis pas capable, c’est ben pour dire. C’est un court-métrage ce scénario là, ça veut rien savoir d’être une nouvelle.

Bon là, j’m’excuse, j’m’en vas planter Nabokov là pour parler de mes contemporains ultra-actuels. Parce que la désobéissance aussi ça fait parti d’écrire. Ok j’ai fait ma plotte à scores (excusez l’expression) mais je n’en pense pas moins qu’il faut parfois faire le contraire de ce qu’on nous demande. Pas juste pour le faire, pas gratuitement. Plutôt parce qu’en le faisant on adhère à ce que, nous, on à dire. J’veux dire, ils sont là, tout autour de moi ceux qui vont m’influencer, me brasser, me questionner sur mon estie de poïétique! David St-Amour qui parle de chercher un style alors que le sien est déjà là puissant et précis, Laurence Gagné-Galant dont la sensualité et la vitalité un peu tordue transpirent dans chacune de ses œuvres, Marie-Pier Tremblay qui me fait penser à moi, mais pas tout à fait non plus (et c’est dans ce «pas tout à fait» que réside tout ce qu’elle a à m’apprendre), Sarah Servant qui (my Godness quel âge que t’as pour écrire de même!?) écrit avec une puissance de l’image, du mot, une poésie et une sincérité hors du commun. Malheureusement, j’ai pas assez de lignes et de pages pour tous vous dire, mais Dieu sait que vos images et vos phrases me sont toutes passées par l’esprit.

Et je n’oublierai pas K. parce que sa criss de mouche (Calliphora) m’a redonné le désir d’écrire. Désir dont je me souviens toujours aux dernières phrases de mes essais. Probablement parce qu’il est si criant dans tout ce que je fais que je ne ressens pas le besoin d’en parler. K. m’offre la gratuité et ça aussi dans l’univers d’un auteur c’est fondamental. Il me lit, je le lis, on se critique, réoriente, conseille. Toujours une joie de recevoir ses textes dans ma boîte de réception. Pas plus tard que dimanche, je le lisais encore et j’étais enchantée par ses mots et sa réflexion : «Le plus beau compliment qu’un critique pourrait me faire serait de me dire que ce que j’écris, c’est de la littérature de pauvre. Donner une conférence dans une université, signer des autographes dans la cour intérieure d’un pénitencier. Les deux se valent.[1]» «Criss que c’est donc vrai!» me suis-je écriée. J’veux dire, j’m’en fou que les universitaires trippent sur mon cas ou pas dans vingt ans, je veux être lue. Être lue. Que mon travail réveille, provoque, soulève, touche, y’a rien que ça qui compte. Sans jamais sacrifier mon intégrité par contre. Être lue : oui, écrire pour être lue : non.

My god! L’essai touche à sa fin. J’ai tu tout dit moi là? La liberté : check, le chaos : check (mais de manière indirecte), l’amour : check, l’intégrité : check, la désobéissance : check, le temps : check, le désir : check, l’osti d’Albatros : check. Pour plus d’informations voir le blog cité ci-haut.

Pourquoi j’écris? Marde. Parce que j’ai la sensation d’une chose vraie. Pas disable. Que je vas passer ma vie à essayer de dire parce que je suis persuadée qu’il faut qu’elle soit dite et comprise pour que le monde soit meilleur et les autres plus heureux. Il parait que les auteurs sont prétentieux : c’est tu assez pour vous autres?


[1] Karrick Tremblay, Encore un exemple de l’illimité des verres en prose (Extrais épars passés au blender)



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