J’ai besoin d’écrire
Pour vivre
Écrire c’est pas un métier qui se calcule en heures
Écrire c’est pas un métier
C’est une façon de respirer, un rythme
Écrire, c’est être un lac profond
Un lac où la vie se mire
Y faut plonger
Loin
En soi
Pour voir comment l’monde résonne
Et en faire une nouvelle musique
Écrire c’est aimer
Voir le monde toujours pour la première fois
Avec les yeux émerveillés d’un kid
Ou pour la dernière
Avec le regard d’un vieux qui meurt
Pour écrire je me dissèque au présent
Comme une grenouille
Vivante
Quand un homme me dit je t’aime
Quand un enfant glisse sa main dans la mienne
Quand ma sœur me serre dans ses bras
Je les écris déjà
Je les reçois pour les rendre
J’accueille pour redonner
Écrire c’est comprendre que tout est déjà fini
Ou jamais commencé
C’est voir le temps
Pour le montrer
C’est porter en soi la finitude humaine
À chaque sourire que l’on regarde
Mais c’est mon corps que je dépose dans les lignes.
Mon souffle et ma vie.
Pas seulement ma pensée.
Mon être au monde.
Alors je sais que je ne mourrai pas tout à fait.
Quelque part dans mes textes, mes poumons continuent de respirer.
Mon cœur de battre.
Mes doigts s’agiteront.
Mon sexe jouira.
Écrire c’est s’offrir l’éternité
Écrire c’est marcher sur un fil tendu entre le désespoir et l’ultime bonheur
C’est tracer son chemin sur les frontières du monde
Être un cheval fou pas de bride
Une sauvage de fond de rang
Une coureuse des grèves
Être la reine des bêtes féroces
Avoir les ailes de l’Albatros
Avoir le courage des ses trippes
Ça coûte cher
Pour pouvoir tout donner, il faut apprendre à ne rien exiger
S’avancer les paumes tendues et le cœur ouvert
Pour écrire il faut être libre
Être un cheval fou pas de bride
Une sauvage de fond de rang
Une coureuse des grèves
Être la reine des bêtes féroces
Avoir les ailes de l’Albatros
Avoir le courage des ses trippes
Ça donne beaucoup
Ça fait des bourgeons partout dans l’âme
Ça rend chaque chose unique et précieuse
Ça donne à chaque souffle sa bouleversante beauté
J’veux parler d’une vieille qui va faire euthanasier son chat
J’veux parler d’un chien qui vomit un lendemain de party
J’veux raconter l’histoire d’un lapin écrasé qui n’en finit plus de mourir
J’veux dire qu’hier j’ai vu une abeille sauvage
Parce que c’est rare de voir ça de nos jours
J’veux dire que ma mère pis ma tante dansent sur du Elvis en faisant la vaisselle
Pis qu’y ont l’air de des p’tites filles de 15 ans
J’veux parler d’une fille qui pleure en s’masturbant
J’veux dire un enfant qui sent l’soleil
Pis qu’y a le maillot plein de sable
J’veux dire tout ça, pour leur donner un peu d’éternité
Écrire c’est aimer
Et aimer c’est rendre libre, j’ai lu ça quelque part
Je voudrais arriver à aimer les humains comme on aime les abeilles
Sans rien leur demander en retour
Que de les regarder voler