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Zette and the City, ou comment vivre trois accouchements différents

Publié le 13 mai 2011 par Madameparle

Zette and the City, ou comment vivre trois accouchements différents

Allez on reprend les bonnes vieilles habitudes du week end, ZI récit d’accouchement. Si ca vous tente de nous raconter le votre envoyez le moi à [email protected]

Pas de directive particulière, poétique, drôle, émotionné ou anecdotique cette rubrique est la votre. je vous laisse les clés. Vous en disposez!

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Cette semaine je laisse la place à Mélina qui tient le blog un peu déjanté Zette and the City c’esttout en douceur et en émotion qu’elle raonte la naissance de ses 3 garçons.

Pour situer le contexte et justifier de la durée de mon récit, j’estimais et j’estime toujours que l’accouchement, qu’il soit « long » ou « expédié », reste un moment extrêmement furtif, une virgule de vie, comparé à tout ce qui vient après ce fameux premier cri, souffle de vie.

L’Interné est arrivé en premier, au terme de presqu’une journée de « travail ».
Arrivée suite à ce que je pensais être le « travail », la sage-femme a préféré me garder, suite à la phrase magique mais assassine de la gynécologue qui ne m’a suivie que deux mois: « Vous êtes un gros gros bébé, qui allez faire un petit, petit bébé ».
J’avais 19 ans donc forcément, rien dans la tête et loin d’imaginer ce qu’être mère représentait. Enfin, ce qu’elle pensait. Je ne l’ai plus jamais revue.
La fin de l’après-midi, la nuit et la matinée se sont passées entre petite contractions, centaines de pas effectués pour accélérer le processus, séances de monitoring, fouilles de plus en plus poussées et anethésiste qui n’arrivait jamais, occupé, affairé, panique par 5 autres naissances à venir.
« La lune », avait dit une sage-femme.
J’ai vu défiler toutes les équipes, tout un tas de monde dans cette salle où, les 4 fers en l’air, fatiguée, angoissée, je me demandais si on ne me cachait pas quelque chose, une complication ou le manque de confiance en la gamine que j’étais.
Le Conjugué, assez perdu dans ce milieu hostile, ne savait pas que faire pour m’aider.
Ma mère, présente depuis mon premier « ouille » de la veille, errait entre couloir et salle d’attente.
Vers 16h, j’en ai eu assez de ce monde, de ces chuchotements, de ces personnels qui tentaient de me rassurer alors que j’étais assez sereine, mon enfant naîtrait comme les autres.
Les effets de la péridurale ne se faisaient plus sentir.
J’ai alors pris une grande inspiration et commencé à pousser toute seule.
Instinct? Fatigue? Douleur?
Peu importe, après 3 poussés et une violente déchirure du périnée, il est né.
Peinard, à peine râlant plutôt que pleurant franchement.
Mais suffisamment pour faire taire tout le monde.
Le Conjugué s’est assis par terre.
Ma mère m’a posé la main sur le front.
La sage-femme, qui ne m’avait pas encore avouée qu’il s’agissait là de son premier accouchement, a enveloppé l’asticot dans un champ et l’a posé sur mon ventre.
La magie de la vie a poussé le petit truc a ramper vers mon sein et à téter.
Il était 16h35.

Le Sandwich a secoué tout le monde.
Prévu à la 1ère quinzaine de juin, il a trouvé plus sympa de me clouer au pieu dans une nuit de fin mai, alors que j’allais me lever pour vider ma vessie pour la 45ème fois de la journée.
Partir en catastrophe à la maternité, les pieds collés au pare-brise, en silence, les dents serrées.
Arriver au portail, pliée en deux, alors que le Conjugué cherche à sa garer.
« Vous venez pour quoi? »
Prendre l’ascenseur le souffle coupé par la douleur caractéristique que je connaissais désormais à la perfection.
S’allonger sur la table.
Se faire fouiller, perdre les eaux.
« Vous êtes à 10, ne remontez pas le pantalon, on file en salle de travail. »
La perfusion placée, un peu de calme entre deux pics sur le moniteur.
Le Conjugué profite pour aller se chercher un café.
Il remonte, je le regarde, je regarde les deux sage-femmes qui papotent.
« Je vous préviens, je pousse. »
Un
Deux
Trois
Le Sandwich arrive dans un grand silence.
Il hurle de santé.
Je pleure de joie.
Le Conjugué tombe dans les pommes, trop de café, trop de vitesse, trop de bonheur.
Le gynécologue arrive, tout boursoufflé de sommeil.
« Je le savais, qu’elle nous le pondrait comme une championne, même pas elle sera recousue. »
Je n’étais plus un gros bébé, j’étais une mère.

Le Benjamin m’a réveillée tout doucement une nuit de janvier, quelques jours après la nouvelle année.
« Je me sens pas super bien. »
Les souvenirs de la naissance express de son grand-frère nous ont amenés à nous radiner à la maternité.
« Bon, ça va, vous êtes à 3, mais compte-tenu de la rapidité de l’autre accouchement, ça va aller vite, je prépare la salle. »
Il était 1h du mat, il neigeotait dehors.
Le Conjugué est rentré prendre le relais de ma mère qui gardait les deux aînés.
« Il sera bientôt là. »
Je maîtrisais mes contraction, très tranquille, entre deux petite siestes.
Sur les coups de 5h, la sage-femme estime qu’il est temps de m’installer.
Les contractions donnent le la d’un accouchement imminent.
Je ne veux pas de péridurale.
Je ne veux rien, juste accoucher.
Mais la fouille dit le contraire.
Je suis bloquée à 8, la tête est mal placée et elle met l’utérus dans la mauvaise position, l’enfant ne fait que remonter.
J’arrache le gilet et manque de transformer la sage-femme en amazone alors qu’elle tente de tout remettre dans le bon sens dans mon intérieur.
Mais ça fonctionne, à 9h15, le Benjamin naît.
Sans bruit.
La sage-femme regarde sa collègue, et l’espace d’un rien, je pense au pire.
« Vous avez fait un bébé étonné. C’est des bébés qui naissent sans pleurer, mais en bonne santé. »
Elle ne le pend pas par les pieds pour lui donner une fessée, elle lui laisse prendre son temps.
Et il la remercie en lui adressant un cri grave, comme les ados qu’on réveille.
Le Conjugué arrive avec les 2 premiers tiers et ma mère.

La vie est là, prête à se dérouler comme elle le décide.

3 garçons
3 naissances différentes
3 virgules de vie
3 premiers souffles
3 petits riens en regard de ce qui a suivi.

Ni longs, ni rapides, ni douloureux, ni agréables, ni pires, ni meilleurs.
Naître, c’est une poussière à l’échelle du temps.
Naître n’a pas de valeur temporelle.
Naître n’est pas un instant.
Naître, c’est juste continuer de vivre.

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Photos 

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