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13. Allégement

Publié le 21 mai 2011 par Eternelleamoureuse

13. Allégement

J’ai réalisé tantôt, en disant au-revoir à Bernadette, que c’était ma dernière visite chez elle, dans le cadre du fait de ne pas la laisser seule durant l’absence de Benjamin. On s’est dit au-revoir, on s’est embrassées et on s’est dit à bientôt. Benjamin arrive demain.

En rentrant à la maison, j’ai commencé à sentir une légèreté se placer en moi. Je me sentais allégée… libérée, presque, même si je n’étais pas dans une prison avec elle quoique, l’effet de prison, je le sens plus rapidement que la moyenne des gens. Je m’étais engagée à aller la voir tous les jours et j’y suis allée.

En fait, ces derniers jours, j’avais hâte que ça se termine pour pouvoir reprendre mon souffle et tout mon temps. L’air de rien, aller chez elle deux heures par jour et lui faire quelques commissions m’ont pris du temps, plus que je ne pensais, sur mes activités habituelles.

J’avais aussi besoin de respirer après toutes ces émotions que je me suis fait vivre depuis la discussion à l’aéroport avec Benjamin. J’ai fait quelques tours de manège hauts et rapides dans les émotions ces deux dernières semaines !

Tiens, justement, hier matin. Je me suis réveillée à 3h30. Plus moyen de me rendormir. J’ai tourné dans mon lit, mon hamster mental s’occupant de m’occuper l’esprit avec toutes sortes de scénarios et de souvenirs de blessures qui m’ont fait pleurer et me retrouver dans un espace de petite fille abandonnée et rejetée… Bouhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!

Je me suis levée l’air piteux en me demandant comment j’allais avoir l’air normale à 10h puisque Bernadette m’avait demandé d’aller déjeuner au restaurant avec elle, histoire de changer d’air et de célébrer le fait qu’elle va beaucoup mieux.

Avant de me lever, j’ai remis le paquet de pièces détachées qui parsemaient mon coeur à l’Univers et lui ai demandé de s’en occuper, que j’en avais marre de me faire vivre toutes ces émotions et que je voulais que ce tour de manège finisse par finir de me permettre de guérir ma blessure originelle de petite fille. Je me suis accueillie là-dedans et ai pris ma douche. Les émotions se sont calmées.

Je suis allée chercher Bernadette. Telle une petite fille toute énervée, elle riait et battait des mains. Attachante, Bernadette, tout simplement. Cela faisait des semaines qu’elle n’était pas sortie de la maison. Comme par magie, je me suis vue rire de bon coeur, l’accueillir avec plaisir, échanger comme d’habitude avec elle.

Je me suis surprise moi-même : le paquet de lourdeurs qui occupaient mon coeur et mon esprit deux heures plus tôt avaient complètement disparu pour laisser place à mes taquineries et à… de l’amour, tout simplement.

C’est là que je me suis dit qu’il n’y a vraiment que ça de vrai, l’Amour. Que les sentiments que j’échange avec Bernadette en sont, des simples, des vrais, de l’Amour, de la compassion, de la folie, on a du plaisir ensemble. Bienheureuse Bernadette. Sans s’en rendre compte, elle enseigne l’Amour pur et sans complexes ni complications, juste à Être ce qu’elle est…

C’est là que j’ai remarqué aussi ce que je savais depuis le temps de mes études universitaires, il y a longtemps, alors que je travaillais dans une maison pour personnes âgées : j’agis avec Bernadette comme j’agissais avec mes patients. Quand je quittais le service, le stage terminé, beaucoup me regrettaient déjà, certains pleuraient. Ils m’aimaient. J’avais la vocation avec les personnes du 3e âge. Je ne les laissais pas dépérir. Je les faisais rire, je les taquinais, je les encourageais à arrêter de ruminer… exactement ce que je fais avec Bernadette et elle l’apprécie, elle aussi.

Mais je ne dois pas lui dire que c’est une personne âgée ou une aînée, m’a dit Benjamin, car elle ne l’accepte pas encore.

Toujours est-il que, en revenant de chez elle, je me suis sentie allégée. Les sentiments que je ressens depuis vont plus loin. Je sens une libération, c’est vrai, mais une libération de moi-même, d’une chaîne que je m’étais mise, d’un devoir de faire attention de ne rien laisser paraître concernant Benjamin et moi, concernant mes sentiments envers lui. De toujours rester l’amie, simplement, sans qu’elle ne sente jamais qu’on a pu la trahir, Benjamin et moi, quelque part, même si on n’a rien fait de mal que se dire notre attirance l’un envers l’autre. Pour moi, c’est un secret qui était lourd à porter.

Je sens que je viens de franchir toute une étape de ma vie qui m’a rendue plus forte et lucide face à ma dépendance affective, à mes illusions de petite fille abandonnique et rejetée. Qui m’a permise de continuer la guérison de cette profonde blessure pour m’aimer plus, m’aimer mieux, me sentir plus solide face à la vie et à l’Amour. Une étape vécue seule mais heureusement partagée avec deux de mes meilleures amies à qui j’en ai parlé au début car je n’arrivais pas à le porter toute seule. Gratitude à Anne et Aline…

Je suis fière de moi de m’être permise de passer à travers autant d’émotions et de prises de conscience ces deux dernières semaines.

Ça n’a pas été facile par bouts mais je suis fière d’avoir continué à cicatriser la blessure qui m’empêchait d’aimer et d’être aimée.

Je suis fière de sentir cette libération intérieure ce soir.

Un bol d’Amour léger et heureux habite mon coeur et vibre en douceur dans toute ma poitrine. Une lumière rayonne de mon coeur.

Merci à Bernadette de m’avoir permise de partager ces moments avec elle ces deux semaines.

Je vais chercher Benjamin à l’aéroport demain après-midi.

Une autre étape arrive, complètement différente.

Une étape remplie d’Amour…

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