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16. Souvenir répété

Publié le 23 mai 2011 par Eternelleamoureuse

16. Souvenir répété

J’ai fait en sorte de permettre à une femme – Bernadette – qui est en couple avec un homme depuis plus de 20 ans, et dont le lien est encore fort entre eux (quoique pas très tendre, à ce que j’ai pu remarquer souvent), de retrouver sa joie de vivre et de l’énergie là où elle avait quasiment abandonné et se laissait aller.

J’ai aidé à ce que cette femme retrouve l’envie de vivre et à ce que le couple soit, ainsi, à nouveau mieux ensemble…

Quelque part, je peux dire que c’est le comble de mon attitude je-fais-tout-pour-que-les-gens-soient-heureux, attitude récurrente réflexe depuis toute jeune.

Pourquoi ?

Parce que l’homme de ce couple est l’homme par qui ne suis attirée et qui m’a dit l’être réciproquement…

Sauf que !!!

Je me suis vue aller tout au long de ces deux semaines avec Bernadette. Je savais que je pouvais être dans ce pattern ou décider d’être dans le plaisir d’être avec elle, ce que j’ai décidé chaque fois que cela venait à ma conscience. C’est ainsi que j’ai pu accueillir son affection au lieu de ne faire que donner.

Contrairement à bien des fois où j’ai agi en missionnaire du bonheur, et où je me sentais frustrée ensuite parce que j’avais eu l’impression de ne faire que donner, cette fois-ci, j’ai décidé de recevoir aussi… C’est ainsi que j’ai reçu beaucoup d’amour, de tendresse, de gentillesse de la part de Bernadette.

Je ne me suis pas vidée…!

Ceci dit, cette situation avec Benjamin et Bernadette me ramène en 1982, sur un banc en face de la poste restante de New Delhi en Inde. J’y étais assise avec mon premier amour, Philippe, qui venait de recevoir une lettre de sa nouvelle amoureuse, Marie, rentrée au pays quelques semaines plus tôt.

Pour faire une histoire courte : j’étais en couple avec Philippe depuis mars 1981. Marie est arrivée dans la communauté où il vivait et a fini par coucher avec lui au printemps 1982. Je l’ai senti tout de suite et Philippe m’a avoué l’écart. Il m’a promis ne pas recommencer…

Les billets d’avion étaient déjà pris pour notre voyage. J’allais le rejoindre trois mois après son départ.

Marie, elle, décida d’aller passer 10 jours avec Philippe juste avant que j’arrive, en transfert vers la Thaïlande pour aller y retrouver une amie. En descendant de l’avion, Philippe m’a accueillie bizarrement. Une heure plus tard, sur le quai de la gare, il m’annonce qu’il est tombé amoureux de Marie.

Choc. Perdue dans un pays inconnu, j’ai figé et accepté, encore une fois, l’idée de la vie à trois. Elle était partie loin. Il était avec moi. Vivons le moment présent…

Nous avons ensuite vécu les deux plus beaux mois de notre relation ensemble.

A l’époque, Internet n’existait pas et les nouvelles nécessitaient l’écriture de lettres que nous envoyions à notre entourage. De leur côté, ils savaient où nous écrire puisque nous annoncions notre itinéraire dans nos missives.

Ce jour-là, Philippe avait reçu une lettre de Marie. Il l’a lue, alors que nous étions assis sur le banc, avant de lever la tête d’un air pensif.

- Qu’as-tu, une mauvaise nouvelle ?, je lui demande.
- Je ne sais plus où j’en suis. Je doute… me répond-il.
- A propos de ?
- De Marie…
- Tu veux dire que tu n’es plus sûr d’être amoureux d’elle ?
- Ouin, quelque chose comme ça.

C’est là qu’une fille avisée qui se respecte saute sur l’occasion pour faire virer définitivement la belle du décor en se réappropriant le beau ténébreux. J’y ai pensé sauf que… je n’avais aucune idée de comment faire ça et, au fond de moi, je me suis dit que la vie allait faire ce qu’il fallait pour que tout se passe selon le destin de chacun.

C’est alors que je me suis totalement «éclipsée» de la relation pour l’encourager à croire que c’est bien Marie sa douce, etc. Une vraie imbécile, direz-vous… Et pourtant, c’est ce que j’ai fait. J’ai vu le bonheur possible dans le couple Marie-Philippe sans voir celui possible dans notre couple et j’ai fait ce qu’il fallait pour qu’il reprenne confiance dans cette relation avec Marie.

Évidemment, mon bonheur ne comptait déjà pas…

Ils se sont mariés l’année suivante, ont eu trois beaux enfants et sont toujours ensemble…

Déjà là, j’ai laissé ma place à une autre…

En l’occurrence, n’étant pas une «voleuse de petit ami», je préfère m’éclipser quand je sens que ce n’est pas mon tour, tout simplement. J’ai toujours eu comme philosophie que, si quelque chose ne coule pas, c’est que ça ne doit pas être. Cela ne sert donc à rien de se battre pour.

Tout est dans l’intention intérieure profonde qu’on a, les croyances qu’on porte et l’attitude avec laquelle on agit… A moi de ne plus m’oublier, jamais, dans aucune relation…

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