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I Believe In Miracles

Publié le 08 juin 2011 par Stephanenyc @500mots

Écrire 500 mots par jour, chaque jour, requiert une certaine liberté de l’esprit. Contrôler ses pensées, inciter le cerveau à créer de nouvelles connections. Des connections uniques. Originales.

Je n’ai pas écrit un mot ce weekend. Je souffre de PTMI, post traumatic mind injury. Mon esprit est prisonnier de mes pensées. Je revois la même scène se dérouler sans cesse devant mes yeux.

La scène est horrible.

Mia tombe dans les escaliers en béton devant la maison.

Je la revois perdre l’équilibre, s’envoler la tête la première vers une catastrophe certaine. Pendant un instant, elle demeure suspendue au dessus du vide, retenue par une force invisible, un flot d’anti-gravité. Retenue par un ange. J’ai l’impression de pouvoir la rattraper, l’arracher à ce gouffre, à ce piège de béton qui cherche à la dévorer. Mais la fabrique de l’espace temps finit par céder, par se déchirer comme une toile trop usée. Happée par la gravité, Mia tombe, roule, rebondit. Son petit corps désarticulé dévale les marches en béton du *** Cumberland Street.

I Believe In Miracles

Je revis l’instant, encore et encore. La scène se fait de plus en plus HD. Je revois des détails qui m’avaient échappés ; le voisin qui passe avec son chien, Sebastian dans sa poussette. Karen qui hurle, les mains tendues, geste futile sensé éviter l’inévitable.

Mia qui tombe…

Les images sont de moins en moins tolérable. Tout est bien trop réel pour être supportable. Mon estomac se noue, mes poumons se contactent, ma gorge se resserre comme un étaux. Je ne respire plus.

What if?

Mia va bien. Trop bien. Hier, elle avait une petite bosse sur le front. Ce matin, plus rien. Pas une égratignure. Miracle? Apparemment pas. Raison? Évolution. Selon le pédiatre, les enfants ne cherchent pas à lutter contre une chute. Plutôt que de résister, ils se relaxent. Ils se ramollissent. Ce réflexe instinctif a sauvé ma Mia. Sauvé Ma vie.

Mia vida.

Incapable de rationaliser cet événement, je cherche à lui attribuer une logique spirituelle. C’est humain. Quand tu ne comprends pas, tu pries.

Notre religion est inventée de toutes pièces. Notre dieu n’élève ni enfants, ni prophètes. Aucune édifice ne sanctionne notre foi. Mais nos convictions sont authentiques et nos prières sincères. Sincères et entendues. Ce weekend, un joli jour de juin, “un ange passa” sur Cumberland St. D’un coup d’aile, l’ange ralenti la chute de Mia. Nos prières quotidiennes. Sans doute.

Namasté, cher Univers.

Aujourd’hui, j’ai récupéré une fraction de mes capacités cérébrales. La terreur est toujours présente au fond de mes entrailles, mais j’ai retrouvé une sorte de clarté de l’esprit. Un filet de lumière suinte sous une porte que je croyais close à jamais.

Je ne prie plus.

Je pense.

Je pense donc j’écris. Je soigne mes maux avec des mots.

Je manque un peu d’expérience dans le domaine carcéral, mais je m’y connais en hôpital. Je parie mon argent de poche que l’on écrit mieux enfermé en prison que cloué sur un lit d’hôpital. Je pense que la privation de liberté physique peut, dans certains cas, encourager l’imagination, la concentration, l’inspiration.

Au-delà d’un mur en béton, d’une cellule sans fenêtre, il y aura toujours le ciel. Un pré. Un arbre. Un coin d’ombre.


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