Parce que la politique me saoule et que les femmes et hommes politiques m'ennuient, mon esprit divague.
Et si les bactéries étaient les véritables maîtresses du monde ?
Figurez vous qu'en ces temps obscurs, j'évoquais les affaires montées en épingle de l'escheria coli tout en pensant à la mort...Et comme, je ne suis ni philosophe, ni littéraire, ni croyant, ni mystique, ni intellectuel, ni intelligent, ni cultivé, je ne suis pas pressé de plonger dans un vide, qui, s'il ne m'effraie pas, ne m'emballe pas outre mesure.Alors que je lisais récemment, sur une revue scientifique dont j'ai perdu les références, que les mammifères complexes, ordre auquel j'ai la fierté d'appartenir, transportaient sur leur enveloppe et dans leur corps, outre des milliards d'acariens qui se repaissent de nos peaux mortes, des centaines de milliards de micro organismes vivants, amibes, bactéries, cellules, germes, microbes, virus qui grouillent dans leurs entrailles.Et là, figurez vous qu'aussitôt une révélation métaphysique m'a saisi comme la foudre frappe le sommet d'une montagne escarpée !Bon sang ! Le "Je" se transforme en "Nous".
Et oui. En vérité, la noisette qui me sert de cerveau commande le destin de centaines de milliards de petites créatures, certes parfois unicellulaires qui ne demandent qu'à vivre ! Imaginez vous l'immense responsabilité dont nous avons hérité ? Car chacun d'entre vous est une sorte de "président-dictateur" qui régit une machinerie compliquée composée d'une multitude de minuscules habitants.Si nous venions à disparaître, nous entraînerions des centaines de milliards de petites victimes avec nous !
Quand vous imaginez que ces petites bêtes jonchent le corps superbe de vos bien-aimé(e)s !
Aussi, les attaques de ce voyou d'escheria coli m'interpellent gravement. Pourquoi vouloir affaiblir, voire exterminer celui qui le nourrit et toute cette adorable faune qui le compose ?
Parfois la nature me déconcerte : à quoi bon détruire le corps qui vous nourrit et vous loge, puisque si notre enveloppe charnelle disparait, tout ce microscopique monde sera condamné avec nous à une lente décomposition ?Et puis, me vient une idée saugrenue : la prétentieuse Humanité, qui, par la voix arrogante de ses philosophes et religieux déclare sans ambages que l'Homme est la créature la plus aboutie de la création ne se leurre t-elle point ?Quels cuistres, quelle prétention !Parce que, les amis, si par hasard Dieu existait, il aurait d'abord créé la cellule qui a abouti à l'homme.
La bactérie est bien antérieure aux mammifères et nous sommes le fruit de sa lente complexité, maturation et transformation.
Et si nous n'étions que le support sophistiqué, l'enveloppe charnelle, le refuge complexe de toutes ces bactéries et autres cellules qui nous pilotent pour parvenir à des fins qui nous échappent ?Nous croirions jouir de notre libre-arbitre alors que nous serions les jouets des centaines de milliards de cellules qui ont proliféré en notre sein et poursuivent en nous téléguidant une mission qui nous dépasse.Si cet humble texte n'est pas une question métaphysique sur l'escheria coli, je veux bien être immédiatement dévoré par les vers !Ah ! Pardonnez moi mais on pénètre dans mon havre de paix. Patience...Le Professeur Von Helgenberger vient d'entrer avec ses assistants body-buildés, dans ma cellule capitonnée. Il parait qu'il a une jolie camisole colorée à me faire essayer. J'ai hâte de voir si elle s'accorde à mon teint.Je vous laisse.À après !