Chers amis,
Je m'en vais vous conter l'étrange aventure qui m'est arrivée ces jours derniers.
Lorsque je fus emmené dans le bloc opératoire, allongé sur mon brancard, juste vêtu de la chemise et du bonnet, destinés à cet effet, je fus frappé par l'ambiance qui y régnait. La musique de la station de radio "Skyrock" produisait un vacarme épouvantable. Cet infime détail, un manque de goût flagrant, en plus du manque de concentration de la part du personnel me mit mal à l'aise.
Un type s'approcha, la bouche et le nez recouvert par un masque vert.- "Je suis le professeur Franken" me glissa t-il, "mes intimes m'appellent Stein. Je suis le médecin chargé de vous opérer, j'ai la réputation de rendre la vue aux créatures et de rendre aveugle les voyants !" fit il en éclatant d'un rire gras...
Autant vous dire, les potes, que l'humour carabin, s'il provoque habituellement chez moi d'énormes gloussements, cette fois ci, mon rire s'étrangla dans ma gorge serrée par l'angoisse . Et puis ce nom et ce surnom ne me disaient rien qui vaille...
L'inquiétude me tenailla.
L’anesthésiste s'y reprit à 7 fois pour trouver la veine afin d'y placer la perfusion. Son haleine sentait le whisky. Il me signala que l'anesthésie serait locale et que je ne m'endormirai pas totalement. Dans le vestibule d'à côté, j'entendais des râles de jouissances comme si une femme atteignait un orgasme ; un type grognait en cadence. J'étais sur le point de hurler mon désir d'annuler cette opération quand le puissant sédatif fit son effet. Je devins d'un coup, béatement confiant et niais.Trop tard.
On me recouvrit entièrement d'une sorte de suaire, avec pour toute ouverture l'emplacement de l'œil gauche et l'opération commença. J'entendais tout ce qu'on disait tout en restant dans une sorte de brouillard, le visage recouvert. Je n'éprouvais aucune sensation tactile. Je me sentais parfaitement serein (ce qui est naturel pour un oiseau).C'est alors que cet improbable dialogue eut lieu, entrecoupé d'horribles chansons de Rihanna et de colonel Reyel entre autres :
Georgia devait se pencher quand je l'entendis protester. - "Stein, enlève tes mains, s'il te plait, ce n'est ni le moment ni l'endroit !"- "Lâche la ou je te découpe en rondelle avec mon scalpel !" fit l'autre voix d'un ton menaçant.- "Vas te faire enc...., gros con !"
J'entendis un bruit de vaisselle brisée. Ils en vinrent aux mains. La bataille semblait dégénérer. Des flacons se fracassaient sur le sol.
Soudain un cri rauque retentit.
- "Oh putain ! J'ai marché sur l'œil ! Il est complètement écrasé : regarde !"- "Oh merde !"
Quant à moi, complètement dans le gaz, je chantais les chansons débiles de Colonel Reyel, c'était dire mon état mental !
- Stein se fit plus sérieux : "on est sacrément mal, là. Il faut trouver une solution, sinon..."
Son assistant semblait se moquer complètement de la situation. - "Faut que j'aille donner à boire à Youki, mon berger malinois, il est enfermé dans ma voiture depuis ce matin , le pauvre !"
Stein hurla : "Mais oui ! Youki ! La voilà la solution !" - "Ah non ! Pas Youki !"- "C'est ça ou la radiation de l'ordre des médecins et le RSA à vie !"- "Bon, d'accord, Youki sera borgne mais il lui restera tout de même un œil pour admirer les chiennes"...
Ils rirent tous les 2 d'un rire alcoolisé à 90 degrés...
- "Vas le chercher !" dit Stein.
Youki
Quelques instant après, j'entendis un halètement et un affreux cri de douleur d'un chien qu'on martyrisait, ils avaient probablement insuffisamment anesthésié le pauvre animal alors qu'ils lui arrachaient l'œil puis je sombrai dans une inconscience proche du nirvana.- "Monsieur Cuicui, réveillez vous", fit une voix autoritaire, l'opération est terminée ! Une bonne paire de gifles accompagna les paroles peu amènes de l'anesthésiste.
Je balbutiai, suppliant : "Madame, ils m'ont greffé l'œil de Youki, ils ont remplacé mon globe oculaire gauche par celui d'un chien, je vous le jure, Madame".- "Mais oui, mais oui." rétorqua t-elle à la manière de ceux à qui on explique que le chocolat Milka est fabriqué par des marmottes.
- "J'ai un œil de chien, ils ont remplacé mon œil par celui de Youki, pleurai-je convulsivement. Pitié ! Je vous en conjure, sauvez moi de ces monstres, Madame. Vous verrez, Youki est borgne désormais."On m'administra une piqure qui m'envoya un bon bout de temps dans un paradis artificiel peuplé de chiens.Depuis, ils m'ont libéré sous camisole chimique... Je suis certain qu'ils m'ont greffé un œil de chien. Tout le monde dit que je suis fou. Certains tentent d'expliquer que les produits anesthésiants m'auraient enlevé la raison.
Tout ces propos sont parfaitement diffamatoires !
Je n'en veux pour preuve, qu'hier, j'ai rencontré une femelle Loulou de Poméranie qui m'a littéralement envoûté, et même qu'il m'a semblé que je ne lui étais pas totalement indifférent.
Si ce n'est pas une confirmation, il s'agit là d'une très étrange coïncidence, n'est ce pas ?
En tout cas, si je puis me permettre un conseil : méfiez vous des hôpitaux : choisissez plutôt des cliniques vétérinaires, on y est infiniment mieux traité !
Pour ce qui concerne la politique : et bien, on verra plus tard !La santé d'abord !
Chères lectrices, chers lecteurs, à après !
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