Saludos amigos,
J'avoue, la corde au cou, la tête couverte de cendres de barbecue : je suis un sacré cossard parce que j'ai commencé et presque terminé ce billet depuis plus d'une semaine. Honte à moi ! Si par extraordinaire, je découvrais le gène de la paresse, je m'en irais illico le faire breveter. Il y aurait de grandes chances pour qu'il me rapportât suffisamment de quoi subsister pour quelques siècles (admirez au passage la pirouette subjonctive).Vous savez ce qui m'amène, pour peu que je vous dérange ? D'ailleurs si tel est le cas, sachez que je m'en contre-fiche ; le sujet est suffisamment grave pour qu'on vous réveille au milieu de la nuit : il s'agit de la lecture d'un papier du New York Times auquel je suis abonné. Figurez vous qu'en lisant cet article j'ai cru défaillir.Tenez vous bien : la Cour d'appel fédérale des États Unis, qui se spécialise dans les affaires de brevets, a autorisé Myriad Genetics à breveter deux gènes humains spécifiques : le premier pour prédire si les femmes ont un risque accru de contracter un cancer du sein et l'autre annonciateur du cancer de l'ovaire.Selon le magazine Sciences, 20 % des gènes humains seraient déjà brevetés et chaque laboratoire désirant tester un médicament ou un test utilisant un gène breveté doit payer des droits au propriétaire.Vous imaginez le business lucratif !D'autant qu'on évalue le nombre total de gènes humains dans une fourchette comprise entre 25.000 et 40.000.
Je vous rassure, je vais arrêter là, mais le phénomène inquiétant qu'il faut tout de même souligner, c'est la marchandisation à marche forcée de l'infiniment petit et surtout de l'infiniment intime comme l'ADN humain.Désormais, sitôt une découverte révélée, sitôt un propriétaire. On pourrait presque penser à la conquête de l'Ouest ou chaque fermier se délimitait son propre espace de culture.
Dolly, la brebis clonée sous copyright
Jusqu'à quand l'homme s'appropriera t-il tout ce qu'il croise, de la moindre idée, en passant par des cellules vivantes, puis des semences hybrides, des plantes génétiquement modifiées jusqu'à des planètes qu'il entrevoit à peine.À quand une bourse des gènes pour y spéculer joyeusement ? Le profit est actuellement le moteur en sur-régime du libéralisme financier et je me demande sincèrement et naïvement jusqu'à quand les individus de cette planète s'appartiendront en propre sans payer des droits à un Grand Frère protecteur et propriétaire de nos chromosomes...
Aucun rapport avec la politique, argueront certains beaux esprits : détrompez vous , chers amis, ces petites réflexions valent bien plus pour nos descendants, qu'un hypothétique billet sur quelques réformettes sans grande portée à l'aube de 2012.
Amigos, excusez ces réflexions oiseuses. Je bosse dehors, il pleut à torrent et le moral est à l'avenant.
À après !