Sur la table, deux délicieuses barres de chocolat artisanal au caramel brûlé à l'ancienne paressent doucement. Autour d'elles, des assiettes sales et vides. Derrière ces assiettes, une femme enceinte, un bébé de pas encore 2 ans et un papa discutent, leur estomac repu. Sur le plancher, des nouilles lancées par le bébé espèrent passer inaperçues et ainsi éviter de se retrouver à la poubelle. Sur le ventre de la femme enceinte, plus précisément sur son chandail, une vilaine tache de sauce résiste au linge humide qui s'y frotte frénétiquement pour la faire disparaître. La femme enceinte soupire: troisième chandail gâché en une semaine. La prochaine fois, elle mettra un tablier.
Le papa se frotte les yeux, il a eu une grosse journée. Il s'inquiète pour la femme enceinte: elle en fait trop, elle devrait se reposer. Il empile les assiettes, se dirige vers le comptoir déjà chargé pour les y déposer. Il échappe une fourchette au passage. Elle en profite pour répandre son contenu sur le sol: quelques nouilles oubliées et une quantité non-négligeable de sauce. Mécontent, le papa attrape un linge et ramasse le dégât vigoureusement. Il sait très bien que s'il ne le fait pas, c'est la femme enceinte qui s'en chargera et elle a déjà de la difficulté à se pencher. Il retourne à la table pour le dessert.
Sur la table, une seule barre de chocolat. L'autre a mystérieusement disparu. La femme enceinte affiche un large sourire satisfait. Le papa demande où est passée la seconde barre. La femme enceinte glousse. Elle répond:
- Hop, disparue!
Le bébé ajoute:
- Hop, 'parue!
Le papa attrape la barre restante, la déballe lentement. La femme enceinte lui montre alors la seconde barre, intacte. Elle l'avait cachée. Elle demande au papa de partager sa barre avec le bébé. Moitié-moitié. Le papa rétorque:
- Attends un peu. Toi, tu auras une barre complète alors que Bébé fille et moi, on n'en aura que la moitié?
- Oui, c'est ainsi.
- Et qu'est-ce que tu fais des notions de partage qu'on enseigne à Bébé fille? Tu lui donnes un mauvais exemple.
- Non, je partage, tu sauras.
- Ah bon?
- Bien sûr. Ton fils en veut lui aussi. Et puisque d'ici novembre, il n'y a que moi qui soit en mesure de le nourrir, je compte bien partager avec lui.
Et la gloutonne dévore sa barre complète pendant que le papa et le bébé se partage la deuxième.