Allez hop, un petit témoignage sur le thème « sous ma carapace il y a ».
Si tu a l’impression d’être enfermée dans ton propre corps et que tu n’arrives pas à en parler, si tu as réussi à dépasser ce mal être et que tu l’acceptes.. Jean Luc reprend du service mais y’a aussi mon blog. Tu peux m’envoyer ton témoignage à [email protected]
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Cette fois c’est au tour de Sparkling Mummy de se vautrer sur mon pouf virtuel. Ca fait 10 ans que je la connais dans la real life et je la découvre chaque jour un peu plus en la lisant!
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Sous la carapace de Sparkling Mummy, il y a une petite cacahuète. Rien d’extraordinaire, juste une toute petite cacahuète qui se cache dans une armure en kevlar renforcé pare-balles. Une petite cacahuète ni ronde, ni grosse, ni mince, ni svelte, enfermée dans un corps en forme de bouteille d’Orangina qui a toujours pesé lourd … avant, pendant et après régimeS, que ce soit dans un 36 ou un 46 … toujours …
Cette petite cacahuète vit avec des parents qui se déchirent, qui travaillent 14 heures par jour et qui, très tôt, la bombardent de responsabilités. Dès 11 ans, elle élève un frère et une sœur handicapée sans jamais broncher alors que les copains et les copines sortent le mercredi à la patinoire. Le lot de consolation est de pouvoir vider frigo et placards pour faire passer le temps, l’ennui, la colère. Compenser.
Cette petite cacahuète a une maman cordon-bleu qui mitonne de bons petits plats pour sa maisonnée quand elle est là. Une maman trop gourmande qui n’aime que les trucs bien gras. Une maman qui se rue sur les chips et le soda et les biscuits apéro pour se consoler des vexations que lui inflige un mari odieux. Une douce maman qui affiche plus de 90 kilos pour une taille de schtroumpf.
Cette petite cacahuète a un père grand et mince, beau et sportif. Il passait son temps à comparer sa femme grosse et moche à celle des autres. Il gratifiait également sa fille chérie d’un « Ne sois pas comme ta mère à t’empiffrer et à grossir comme une truie qu’on gave ! » ou d’un « Arrête de bouffer comme un cochon, tu vas ressembler à ta grosse vache de mère ! ». Pour une cacahuète de 14 ans en pleine construction, des mots comme ça restent gravés bien profond. Le peu de temps qu’il passait à la maison, il faisait la police pour chaque bouchée de trop. La cacahuète a fini par prendre tous ses repas bien à l’abri dans sa chambre pour ne pas se prendre de remarques cinglantes à tout bout de champ, pour que personne ne la voie pleurer dans son assiette.
Manger en cachette, puis se goinfrer en cachette pour enfin vomir en cachette. Il faut effacer les preuves du délit. Ni vu, ni connu. Pas vu, pas pris. Se boulotter des sundaes avec un maxi topping de chocolat et des frites trempées dedans est jouissif, réconfortant et fait surtout exploser le compteur calorique ! Se boulotter 4 paquets de cookies avec un litre de lait en mois de 10 minutes jusqu’à l’écœurement pallie à toutes les contrariétés, à toutes les déceptions. Elle plane, elle se sent mieux … puis coupable en réalisant l’ampleur des dégâts. Panique à bord ! Elle se met à pleurer de rage. Ne pas ressembler à une grosse vache … ne pas ressembler à … sa mère …
Cette petite cacahuète a peur que cette boulimie ne s’affiche sur elle en mode panoramique. Se faire vomir mettait fin à ses soucis … envolés dans la cuvette avec un coup de chasse. Elle s’est ensuite mis dans la tête de faire des régimes car elle se trouve toujours trop grosse, convaincue que ça va effacer ses grands écarts qui au final, lui avait fait prendre du poids. Le moindre kilo serait gommé. Il faut garder le contrôle, maîtriser ce corps. Mais elle n’a pas de patience. Perdre toujours plus vite ! Le meilleur régime est encore d’arrêter de manger. Au lycée, elle sèche la cantine, prétextant réviser ses cours dans les couloirs. Le soir, elle jette le contenu de son assiette dans la poubelle. Les fois où elle craque, elle retourne faire la peau à toute cette nourriture, ce petit bonus accordé à son corps qui a essayé de la trahir, l’enfoiré !
Sa première histoire d’amour toxique n’a fait qu’empirer les choses. La deuxième puis la troisième et la quatrième aussi. Ses petits amis aimaient les filles minces, longilignes, maigres, donc belles et désirables. La petite cacahuète s’astreignait à son petit régime miracle pensant que c’était la clé d’une belle histoire. A chaque rupture, elle se le faisait payer, pensant que son poids était responsable de son marasme sentimental. Ne plus se nourrir, maigrir, manger, vomir, maigrir. Un jour ou l’autre, elle en viendra à bout de ce corps à la con !
Sa rencontre avec K. a changé la donne, elle n’avait plus besoin de se « fabriquer » un corps qui n’est pas le sien. Le regard de K. ne la juge pas. Il trouve les mots justes et la rassure. Cette petite cacahuète parvient à un résultat satisfaisant, un corps à peu près acceptable. Allez, va pour un petit 38. Elle se sent même assez à l’aise pour faire des photos sympas avec un professionnel pour son book. Elle se réconcilie avec la nourriture et se découvre des petits talents de cuisinière. Elle se sent assez jolie pour porter des vêtements plus féminins, minijupes et talons hauts. Mais l’euphorie est de courte durée. Lorsque K. disparait de sa vie et coupe tous les ponts, elle se réfugie dans la bouffe : manger pour oublier à quel point on a mal. Toute cette graisse accumulée est devenu un cocon qui a ce moment-là l’a protégée de la douleur. Le cycle infernal a recommencé.
Puis, elle est tombée malade. Son corps l’avait trahi une fois de plus. Le verdict était sans appel, il faut se remettre à manger, mais cette fois en gardant le contrôle. Fixer une limite. Régime et encore régime …
Sa rencontre avec HommeParfait a changé sa vie. Au début, il a su lui donner cette confiance en elle qui lui a cruellement fait défaut jusqu’ici. Elle signe un armistice avec son corps … jusqu’à la maternité. Sa première grossesse est une épreuve. Le combat a repris. Se voir grossir de jour en jour lui est difficilement supportable, mais elle ne peut paradoxalement pas s’empêcher de manger, manger, manger. HommeParfait est à mille lieues de comprendre sa lutte intérieure et son malaise. Il se met à faire la police et à surveiller le compteur calorique (ironique, n’est-ce pas ?). Elle prend trop de poids. Après la naissance de son Tibouchon, le bad trip commence. Personne ne lui avait dit que la vraie vie n’est pas comme à la télé (ah bon ?), on ne sort pas de la maternité avec un beau poupon rose et une taille de guêpe. Elle sort de la maternité avec un beau poupon rose et un ventre qui ressemble à un gros flan. La petite cacahuète au bord du rouleau vit mal ce corps de maman qu’elle déteste. Sa vie de couple sent le moisi parce qu’elle se sent à nouveau mal dans sa nouvelle peau.
Au bout du tunnel, elle rencontre le brave Dukan qui lui promet monts et merveilles. 8 kilos envolés en un temps record. OK, ce n’est pas le meilleur dans sa catégorie mais ça reste grisant de voir des résultats aussi vite. Ca va déjà mieux sur la balance et un peu mieux dans sa tête. C’est la fête, grave !
Sa deuxième grossesse se passe mieux. Après la naissance de sa Chouquette, la petite cacahuète continue de se sentir emprisonnée dans ce corps qu’elle n’arrive toujours pas à apprivoiser. HommeParfait lui rappelle sans cesse de faire attention, sans répit de ne pas se laisser aller. Il veut récupérer une femme au top avec 15 kilos de moins (la cerise sur le sushi pour lui !). La voix off dans la tête de cacahuète lui dit de se faire une raison, de laisser le temps rétablir un peu les choses. Cette même voix lui rappelle qu’elle allaite et que cacahuète ne peut pas être au four et au moulin. P***** de voix, tu ne sais pas de quoi tu parles ! J’en ai marre moi ! Je veux plaire à mon homme, être agréable à regarder, briller dans les yeux de mes enfants ! Je veux être belle pour une fois dans ma vie et ne plus avoir envie de mourir à chaque fois que je me regarde dans la glace !
Cette petite cacahuète voudrait bien donner un nouveau rendez-vous à ce diable de Dukan tellement tentant. Ou alors, elle se demande si un régime soupe ou un régime vert ou encore un régime bo bun pourrait faire l’affaire ? Chaque jour est un véritable numéro d’équilibriste au bord d’un précipice. Ce soir, elle s’est enfilée une super dîner conclu par deux desserts … DEUX !!!! Et maintenant, elle culpabilise à mort. Elle n’aurait pas dû se goinfrer autant. La voix off lui dit : « Allez en prison en repassant par la case départ sans toucher les 20 000 euros. »Pfffffff !
Ce M&M’s qui vient de montrer sa petite cacahuète, c’est moi Sparkling Mummy. Je vis dans une carapace par défaut, qui n’est pas à moi. Et je suis encore à la recherche d’un corps que je ne haïrai plus, que je pourrais accepter, puis aimer un peu, beaucoup …