Mercredi et jeudi, on relaxe. Visite chez gran-pa.
Et plus tard, visite au bar.
Au dehors, des couches successives de nuages survolent constamment le triste ciel de la City.
Ce dôme de plomb vous fusille l’humeur.
Vendredi, on fait du tourisme. Hyde Park, Buckingham palace. Les enfants aiment bien le parc. Moins le château. La faute à la reine. Elle refuse catégoriquement de venir saluer princesse Mia. Scandaleux. La déception est profonde. Une photo géante de “la vielle dame”, placardée contre la devanture d’un magasin de souvenir aux abords de Victoria station, m’arrange rien.
“C’est elle, la reine?”
Le soir, on est de sortie. Camille nous a invité à une expo (Alec Monopoly, Banksy et autres) @ Graffik, on Portobello road.
Mythique.
On dirait Le Goulet. Peinture, poussière, bières et saucisses grillées. Et un DJ de malade. Le gamin, une sorte de Justin Bieber à peine majeur, cartonne trop. Il est virtuellement impossible de ne pas groover. Artistes et acheteurs se frottent les coudes. Personne ne roule des épaules.
Je reçois un SMS de la part de mon pote Steven T. Le lendemain, je suis sensé me taper un (long) jogging avec lui. Il m’annonce qu’il vient de finir sa DERNIÈRE bière de la soirée et qu’il rentre se coucher.
Puta*n, le mec est sérieux. Je m’enfile une autre Foster lager. Pour faire bonne mesure, je tape une Malbak rouge à un inconnu.
C’est dégeux, la clope.
Beurk…
L’inconnu s’avère être un libanais de Brooklyn.
“Not going back to NY soon?”
“No way. Not now. I LOVE London, man. You gotta try the London winter. Comparing to NY, it’s a breeze.”
Il court aussi, mon nouveau pote.
“London is flat, man. Gotta love it.”
Il est cool le cat. On devient pote en 45 secondes. On abandonne la galerie pour un club. SupperClub. On pousse une série de porte jusqu’au VIP. La ziq est pas top. Pas facile de spinner après DJ Bieber. Et l’endroit un peu trop corporate. Boring. Une paire de vodka tonics ne font rien pour arranger les choses. Puis je commence à redouter le jogging du lendemain. Il est une heure du mat. Time to go.
Steven T débarque à 9:30. Je me sens moins mal que prévu. On traverse le Chelsea bridge. Sloane street. Hyde park. Un tour du parc et retour. Steven est fast. Je souffre, mais je fais semblant d’aller bien.
10K en 50 minutes.
Décent.
Il ne me reste qu’à récupérer. Ce soir je sors avec mon pote Chris McKenzie.
*******
“Mia wanted to see the queen, but she didnt show up.”
Je mime la mine boudeuse de Mia. Chris me singe un bref instant, avant d’éclater de son énorme rire écossais. Il attrape sa pint et s’enfile deux lampées monumentales.
“Not surprising. Just tell Mia not to worry too much about it; the queen is just a tourist attraction.”
Soudain, le sport’s pub semble prendre vie. Le brouhaha monte d’un ton. Eruption volcanique. Boom! Chelsea marque et prend les devants à 5 minutes de la fin. 2-1. L’adversaire joue comme un néo promu. Chelsea, à peine moins mal. Chris salut le goal des locaux en vidant sa pint.
“True power isnt held in Buckingham palace. I’ll show it to you later.”
Il baisse légèrement le ton, comme tout bon conspirateur au pays de CCTV.
Je sais déjà ce qu’il va me montrer. Des vieux murs. Des symboles. Des fantômes. Francs maçons, illuminatis et autres. Les pyramides, les UFO, et dans le rôle de l’empereur, Lord Rotchild. Figure omniprésente dans la nomenclature d’un mystérieux ordre machiavélique, Lord Rotchild c’est le boson de Hicks. Improuvable. Indéniable.
Selon Chris, la famille Rotchild possèderait des parts importante dans une célèbre banque privée: La réserve fédérale des Etats-Unis.
Un samedi soir londonien avec mon pote Kurisu san.
Entre deux conspirations, on mange un peu, on boit beaucoup de bière. On pisse tout le temps. La nuit londonienne est splendide et dangereuse. Entre deux pubs, on passe devant les vieux murs de Londres. Dans le rôle du Guide, Chris n’arrête pas:
“This building is valued at £500’000’000. It’s a private club for wealthy gentlemen. This one is the oldest masonic lounge in England. And here’s Dick Cheney’s London home. Right next to Buckingham palace, the most expensive real estate in the universe.”
Après de nombreux détours, on emprunte une allée sombre – CCTV voit dans le noir – sous les fenêtres de Will&Kate, à un jet de pierre du palais, et on débouche sur un parc cerné par une petite barrière de moins d’un mètre de haut. Un parc stratégiquement placé, au coeur de Londres, pour offrir une jolie vue au super puissants, tout en demeurant indétectable aux masses de super pauvres agglutinés contre des barreaux de Buckingham, quelques centaines de mètres en aval. Le sentier en gravier grince sur notre passage. Des lampadaires antiques diffusent une lumière incertaine. Nos ombres se jouent ténèbres. Bordé d’arbres centenaires, le parc est charming. Et un brin inquiétant.
Afin de célébrer l’instant, on pisse contre un beau mélèze, à la vue du monde entier (merci CCTV).
En rigolant.
C’est beau la vie, quand on boit trop de bière.
Un bruit familier interrompt la rigolade. Des bruits de pas sur le gravier. De plus en plus rapides. De plus en plus proches.
Chris et moi échangeons un regard amusé…
Peut-on se faire arrêter pour avoir pissé contre un arbre, sous les fenêtres de Dick?
Alors que je m’attend à voir surgir un couple de skinhead (securitas avec radios et tasers) de la petite allée sombre, nous nous retrouvons face à face avec un mec en smoking. Il a l’air plutôt jeune, la trentaine, mince, cheveux sombre, handsome. Il tient un parapluie en main. Étrange. La nuit est glorieuse.
Le mec en smoking s’arrête net en nous voyant. Il semble hésiter sur la marche à suivre. Puis, avec la grâce d’un steeplechaser, il bondit par dessus la barrière et disparait dans le parc, sous les appartements de Williams et de son alibi, Kate.
May be he’s a spy.
May be he just had sex with Kate.