Magazine Journal intime

Les 150 minutes qui changent une vie !

Publié le 16 septembre 2011 par Papote

Ne rigolez pas, c'est hyper important !
En 150 minutes, beaucoup de choses peuvent changer... Vous pouvez changer de continent... Vous pouvez vous faire larguer (je n'ai pas chronométré mais on n'en était pas loin !)... Vous pouvez passer une journée de rêve (je suis optimiste, je n'ai pas mis " de merde" !)... Vous pouvez accoucher (si, si, il y a des rapides !)... Et vous pouvez également passer de la mère parfaite à la pire mère que la terre ait porté...
Re-situons les choses !

La mère parfaite est celle qui ne perd jamais son calme et sait expliquer, en tailleur-talons, à 18h45 à la caisse du supermarché du coin, envers et contre tout à son adorable progéniture que ce n'est pas en hurlant et en se roulant par terre qu'elle obtiendra la poche de bonbons ou le gadget habilement présenté, le tout en répondant à son patron au téléphone que le dossier est sur la pile de droite sur son bureau et sans attirer sur elle les regards désapprobateurs de tous les clients des trois caisses autour.
La mère parfaite est celle qui fait pousser des légumes dans son jardin, les cuisine quotidiennement et de façon différente afin que sa descendance éduque ses papilles, tout en préservant son patrimoine santé et le tout de façon ludique afin que ses chères têtes blondes ne soient pas frustrées de l'absence de frites sur la table.
Il est, de fait, évident, que la mère parfaite n'achète jamais de ketchup ou de bonbons chimiques (au pire, elle les cuisine elle-même) !

La mère parfaite sait, en toutes circonstances, répondre aux interrogations de la chair de sa chair (Maman, pourquoi l'air est transparent alors que le ciel, qui est de l'air, est bleu ?), même le matin à 8h25 alors qu'elle devrait déjà se garer devant l'école alors qu'elle enfile son escarpin gauche au lieu du droit devant la porte de la maison tout en tenant son sac entre les dents et tout en tentant de fermer la porte de la maison avec sa main gauche.

La mère parfaite est toujours disponible pour emmener l'aîné à 14h au tennis, le deuxième à 14h40 à la danse, le petit dernier à l'anniversaire de Gudule à l'autre bout de la ville avant 15h. Elle assiste bien évidemment aux compétitions sportives et s'esbaudit avec éclat aux performances extraordinaires de ses charmants bambins, sans jamais critiquer et toujours en valorisant l'action.

Après, ce léger rappel de théorie où nous nous reconnaissons toutes sans exception, je me pose une question...
Est-il bon d'être une mère parfaite ou comment 150 minutes peuvent changer une vie ?

Ainsi, l'an dernier, un mercredi sur deux, j'assistais à tout l'entraînement de natation de P'tite Louloute (l'autre, je n'assistais qu'à la moitié, boulot oblige !) et, tout en lisant d'un oeil mon bouquin, je surveillais quand elle arrivait à ma hauteur pour lui faire un signe d'encouragement et de fierté.
Oui, à force, depuis, j'ai comme un strabisme divergent...
Mais, attention, ça ne suffisait pas, à la sortie, j'avais droit à l'interro surprise (surprise parce que je ne savais jamais sur quoi elle allait essayer de me coincer !) : " T'as vu mon plongeon ?", " T'as vu que j'étais partie presque la dernière et que j'en ai doublé trois avant la fin ?", " Comment as-tu trouvé mon crawl ?", " T'as vu comme on rigolait bien ?"
Ca, c'était l'an dernier !

Cette année, l'entraînement est le jeudi...
Il semblerait que Grand Manitou ne soit pas très au fait de la nécessité d'être une mère parfaite et ne juge pas de la même importance que moi le fait que je puisse assister aux entraînements de la future princesse de Monaco (Comment ? Quand on fait natation, ce n'est pas pour devenir princesse après ? Zut, je croyais, moi !)...
Bref, cette année, j'assisterai aux cinq dernières minutes seulement de tous les entraînements...
Et, là, j'ai beau tourner le problème dans tous les sens, je sens bien que je vais perdre mon diplôme de mère parfaite...
Si on considère qu'il y a environ une grosse trentaine d'entraînements sur l'année, que l'an dernier, j'assistais à la moitié en entier, soit 15x30mn (je ne compte pas le temps dans les vestiaires et l'interro post-entraînement) et à la moitié à la moitié, soit 15x15mn.
J'étais une mère parfaite sur 675mn !
Si on considère que cette année, je vais assister aux cinq dernières minutes de tous les entraînements, soit 30x5mn, soit une perfection réduite à 150mn...
Si on considère, de plus, que je ne serai plus apte à répondre qu'à 1/6ème de l'interro surprise et, donc, ne pouvoir prouver mon intérêt pour les activité de la chair de ma chair que sur 1/6ème du temps, je crains que l'impact psychologique sur P'tite Louloute soit énorme. Elle ne se sentira pas suffisamment valorisée, elle s'enfoncera alors dans un cercle vicieux de manque de confiance en elle et Marcel Ruffo ne me le pardonnera jamais et me clouera derechef au pilori des mauvaises mères...

Cependant, si, en rentrant à la maison, je lui mitonne un bon petit dîner pour compenser mon absence et la requinquer après cet effort physique, là, je devrais reconquérir mes galons de mère parfaite...

Sauf que...
Si je lui fais un repas " plaisir", je ne serai pas une mère parfaite car, soyons claire, P'tite Louloute aime bien arroser le potager mais n'a pas encore fait du bio sa passion première donc qui dit " repas plaisir" dit que je perds mes galons de mère bio attentive au devenir nutritionnel de sa fille... mais je serai une maman-chérie-d'amour-que-j'aime...
Ca se discute quand même !

Si on ajoute à ça que le manque d'équilibre alimentaire la rendra boulimique puis anorexique pour perdre tout le poids pris, elle ne m'adressera plus la parole puisque je serai la cause de tous ses maux. Elle fuguera, s'acoquinera avec des junkies et finira par se prostituer pour se payer ses doses et mourra d'une overdose à 25 ans...

Tout ça parce que j'aurai été une mauvaise mère en n'assistant qu'à 2h30 d'entraînement !

Si, en revanche, je décide d'être une mère parfaite, je me rabattrai sur un repas sain, bio et équilibré qui me vaudra les félicitations de Jean-Pierre Coffe mais qui aura tendance à transformer notre discussion du soir en :
- Mange ce qu'il y a dans ton assiette !
- Pfffff, j'en ai marre du tofu...
- C'est bon pour la santé !
- Il n'y a pas un reste de pâtes ?

Mère parfaite, certes mais aussi une maman-t'es-vraiment-pas-drôle...
Si on ajoute à cela, je risquerai perdre mon calme et, donc, traumatiser ma petite tête blonde par des paroles frustrantes et castratrices et je perdrai mes galons de mère compréhensive.
Du coup, elle se relèvera la nuit pour manger en cachette des poches de chips et des tablettes de chocolat, deviendra boulimique puis anorexique pour perdre tout le poids pris, elle ne m'adressera plus la parole puisque je serai la cause de tous ses maux. Elle fuguera, s'acoquinera avec des junkies et finira par se prostituer pour se payer ses doses et mourra d'une overdose à 25 ans...
Tout ça parce que j'aurai voulu être une mère parfaite en la faisant manger sainement !

Si on ajoute à ça, que mis à l'échelle de l'humanité, il se pourrait que P'tite Louloute devienne archéologue (ou nez ou dresseur de chevaux, ce n'est pas encore bien fixé dans sa tête !) et fasse une découverte extraordinaire comme, par exemple, le chaînon manquant.
Mais que, bien évidemment, mon attitude de mère indigne fera qu'elle mourra sans avoir pu changer la face du monde, l'humanité continuera à s'entre-déchirer pendant des siècles...
Et tout cela pourquoi ? Parce que je ne vais pouvoir assister qu'à 150 mn d'entraînement cette année...

Finalement, je me demande si le plus simple ne serait pas qu'elle arrête tout simplement la piscine parce que, franchement, on n'imagine pas l'étendue des conséquences de nos actes...

A bientôt !

La Papote


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