Magazine Journal intime

Un vendredi soir dans la lucarne

Publié le 20 septembre 2011 par Papote

Vendredi soir, après un début de soirée entre amis autour d'une dégustation de vins italiens dans une cave à vins dont je préciserai qu'elle s'appelle " La caisse de 12" et dont je dirai qu'elle vaut vraiment le détour et pas seulement pour ses vins et spiritueux mais aussi pour ses spécialités d'épicerie fine et d'un débat avec lesdits amis sur la qualité desdits vins et des langues de belle-mère tartinées de crèmes d'artichaut ou de thon...
{mode parenthèse ON} Si je vous raconte tout ça, c'est histoire que quand vous arriverez à la fin de ce billet (si vous y arrivez), vous vous souveniez que j'ai une vie sociale, culturelle et que, non, elle ne se réduit pas à ce billet... et que, non, les vins dégustés ne contenaient aucun hallucinogène. Ah, tiens, tant que j'y pense : rappelez-vous aussi que je suis capable d'utiliser des mots de trois syllabes, de vous faire la succession des rois de France dans l'ordre et sans exception depuis Louis VI et jusqu'à Louis-Philippe, de Christiane Desroches Noblecourt et autre littérature classique... Vous notez ? Vous vous rappelerez, hein ?{mode parenthèse OFF}
Donc, après ce bon début de soirée, je rentre chez moi, me prend une douche et me dis que je vais me faire un bon match de rugby ou un bon film.
J'allume la télévision et, là... Voilà quoi ! Un vendredi soir à la télévision...
Je tue le suspens de suite : je n'ai vu ni match de rugby, ni bon film !

Je suis d'abord tombée sur Koh Lanta... Pas longtemps mais suffisamment pour entendre un petit mec de 20 piges, imbu de sa personne, expliquer qu'il était supérieurement intelligent, beau, qu'il ne supportait pas qu'on le critique parce qu'il est parfait et qu'il était là pour manipuler les autres candidats...
Hin hin hin... ou pas !
Parce qu'à bien y regarder, je ne suis pas sûre que ce soit de la provoc ou du second degré...

Je continue à passer les chaînes les unes après les autres et tombe sur ce que je pense être LE téléfilm à la con de la soirée : le téléfilm catastrophe !
Denrée ô combien fertile pour se taper une bonne tranche de rigolade (Un jour, je vous parlerai peut-être d'une séance de cinéma pour " Le pic de Dante" !)...

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En l'occurrence, le titre ne fait pas honneur au genre : " Une fille aux commandes".
En revanche, l'affiche (que je suis allée pêchée après sur la toile) est parfaitement dans la note.
Et deux images plus tard, mon intuition se confirme : une gamine de même pas 15 ans est aux commandes d'un énorme avion et est entrain de le faire atterrir sur la piste d'un aéroport.
C'est tellement énorme que j'attends les deux images qui suivent et je ne suis pas déçue : pendant qu'elle prie Dieu pour son père et sa mère, ses parents qui sont, eux, dans la tour de contrôle, assistent aux manoeuvres de l'avion et prient pour qu'elle s'en sorte...
Je vous rassure, je n'ai pas regardé jusqu'à la fin mais ça se finit bien, j'ai vérifié, angoissée que j'étais quant au dénouement de ce psycho-drame !
Donc, elle fait atterrir l'avion, tout le monde est sauvé et heureux. Ils pleurent tous et ça doit finir sur un plan large de l'avion avec des gyrophares dans tous les sens et la petite famille qui part dans le loin vers une vie merveilleuse...


A ce moment-là, j'ai failli passer sur mon disque dur pensant que j'avais fait le tour...
Mais mon instinct m'a dicté de continuer encore un peu et, là, coup de théâtre !!!
Quelques chaînes plus loin, un autre film catastrophe... J'ai failli ne même pas m'arrêter dessus sauf qu'il m'a semblé entre-apercevoir Luke Perry (le beau rebelle de notre jeunesse lointaine... Très lointaine ou alors, à la cantine, il a abusé d'un truc qui ne lui a pas réussi !) et aussitôt après un serpent... mais pas n'importe quel serpent (sinon, ce ne serait pas drôle !). Un serpent tellement mal fait en effets spéciaux que même Ed Wood l'aurait refusé.
Vous ne me croyez pas ? Regardez :

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Ceci n'est pas un jeu de console ou d'ordinateur. Ne touchez pas aux réglages de votre ordinateur. Tout est normal ! Vous pouvez cliquez sur les images pour les voir en plus grand mais, surtout, n'oubliez pas : le méchant monstre, c'est celui de la photo de gauche pas l'autre !
Mais, là, du grand art de film catastrophe pourri au titre évocateur " Des serpents à bord" ! Ouuuuuuuuuuuuuh...
J'ai quand même assisté au combat entre le grand serpent et le gentil militaire parce que, hein, si c'est pas pour ça qu'on regarde ce genre de daube, je ne sais pas pourquoi c'est... et j'ai explosé littéralement de rire...
En revanche, je ne suis pas allée chercher la fin pour vous la raconter... Je suis passée à autre chose...
Parce qu'effectivement, à ce moment-là, j'ai consciemment renoncé à regarder un chouette truc et j'ai décidé de faire une étude sociologique sur les programmes télé du vendredi soir...
J'ai donc repris les chaînes depuis le début pour faire ça scientifiquement !
Je vous passe Koh Lanta où un vieux mec pleurait à chaudes larmes... Je n'ai même pas écouté donc je ne sais pas pourquoi !
Donc, en vrac (ce ne sera pas exhaustif... je vous parle de ce qui m'a interpelée !), une émission sur les coulisses des caméras cachées (à quand le making-of des bêtisiers ?), une série américaine d'enquêtes policières, la xième diffusion d'une émission sur un festival de one-man show, la xième émission soit-disant de société sur les services de police et de secours dans les villes (à chaque fois, on a l'impression qu'ils changent juste un mot dans le titre et qu'ils refont juste le montage, histoire de dire que ce n'est pas le même reportage...), du catch, les Grosses caboches, le grand bonhomme en mousse avec son tout petit cabaret et puis...
et puis...
Elle est arrivée, le regard perdu à l'horizon, le sourcil froncé de celle qui doit sauver le monde tout en respectant la loi, j'ai nommé " Une femme d'honneur"... Devançant de très peu, les autres héros du PAF (depuis la mort de Navarro... Ah, on me glisse dans l'oreillette qu'il n'est pas mort, pas plus que le commissaire Moulin ou Julie Lescaut... Autant pour moi !), j'ai nommé les Cordier...
Autant, j'ai juste vu passer la tronche de la première sans même m'arrêter, autant, je suis restée deux minutes sur les seconds...
Attendez un épisode d'anthologie où Pierre Mondy dispute le prix du plus chouette brushing gonflé à Bruno Madinier, où un des méchants utilise le minitel de sa mère pour savoir où crèche la fille prise en otage mais libérée (par le méchant qui n'est pas si méchant et qui lui roule une galoche à la fille pas à l'autre méchant... On a déjà vu ça entre Sophie Marceau et Robert Carlisle dans un James Bond mais avec un tantinet plus de classe et de talent...) et où Roschdy Zem devait faire ses débuts ou pas loin...
Ils roulaient en 405 ou en 309 (pour les plus modernes), Charlotte Valandray portaient un improbable caleçon bleu à rayures et décors ethniques, avec des pataugas, un sac banane orange et un débardeur violet (j'ai cherché sur la toile mais je n'ai pas trouvé de photos à vous mettre...) et le juge allait retrouver le malfrat pour le prendre dans ses bras, le réconforter et le rassurer juste avant l'assaut final...

C'est là qu'en fait, j'ai commencé à rédiger ce billet...
Oui, c'est à ce moment-là que je me suis dit " C'est trop énorme ! Personne ne me croira ! L'histoire est en marche et j'en serai le témoin..."

Le téléfilm étant terminé, j'ai re-changé de chaîne et suis tombée sur l'émission dont je ne pensais même pas qu'elle puisse exister !
Mais, autant, j'avais bien ricané jusque là, autant après ce qui suit, je suis allée reprendre une douche...
Ca s'appelle " Enquête de vérité" et le thème était " Trop jeunes pour tuer"... Rien que ça, ça annonce un peu la suite mais je dis bien " un peu" parce que, même si je m'attendais à une émission racoleuse et pourrie, je n'imaginais pas les tréfonds que cela atteindrait.
Il s'agit, en fait, du classement des pires crimes commis par des enfants ou des adolescents !
Oui, oui, un classement... comme les miss mais en moins glamour !
Et à la quatrième place, nous retrouvons l'ado qui strangule un autre avec le fil du téléphone sans savoir pourquoi. Il est très très déçu d'échouer au pied du podium (ça, ça n'y était pas mais l'esprit y était ou peu s'en faut) ! A la troisième place, il s'agit de quatre adolescentes qui ont battu à mort et brûlent vive une cinquième. En deuxième position, le gamin de 13 ans qui strangule celui de 4 ans et le sodomise avec un bout de bois pour se venger de ceux qui se moquaient de lui à l'école. Et le vainqueur toutes catégories est celui qui s'est transformé en sniper (13 meurtres) pour aider son mentor à dissimuler le meurtre de son ex-compagne.
Quand nous sommes arrivés au premier et que j'avais bien la nausée, j'ai arrêté la lucarne en bénissant le petit dieu papotien de me permettre de n'avoir regardé la télé un vendredi soir qu'une seule fois et avec le recul nécessaire...
Et puis la nausée est remontée d'un cran quand j'ai pensé à tous ces gens qui n'ont rien d'autre que ça tout le temps comme fenêtre sur le monde et qui n'ont pas les capacités à prendre du recul...

Au final, j'ai largement pété les câbles et ai décidé, moi aussi de tenter ma chance pour le prochain classement des pires crimes... J'ai branché la prise à moustiques et ne doute pas que la société de défense des moustiques soit à deux doigts de porter plainte pour holocauste contre moi...Et même que, dans ma folie meurtrière, j'ai également trépassé un papillon de nuit... Tant pis, il n'avais qu'à pas être là !
" Ce n'est pas ma faute, m'sieur le juge. C'est eux qu'ont commencé. Regardez mon avant-bras, regardez la bouffiole ! Depuis, on surnomme mon bras " Elephant Man"... Faut me comprendre, m'sieur le juge. C'était trop dur à gérer !"
Et, pour m'aider à trouver le sommeil, j'ai compté les moutons les rois de France et, croyez-moi, ça fait un bien fou !

A bientôt !

La Papote

PS : Faites que j'ai toujours une vie sociale ou des bons films à regarder parce que, sérieux, je ne voudrais surtout pas me refaire ce genre d'étude socio-télévisuelle !
Dire que j'avais hésité un moment à aller me faire une toile avec " Habemus Papam" mais que j'y avais renoncé pour me faire une bonne petite soirée maison...


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