J'aimerais vous dire que je vais bien. Que je me flatte allègrement la bedaine dans une atmosphère familiale de bonheur pas possible. Que l'approche à grands pas de mon accouchement imminent me laisse totalement zen et sans une once de stress. Que l'amoureux et moi bavons de joie en caressant mon gros ventre quand Bébé fille roupille. Que je ne me suis jamais autant sentie épanouie et femme.
Mais ce serait le plus gros mensonge de toute ma vie.
Parce que la réalité est tout autre.
En vérité, je suis au bout du rouleau. Pas épuisée, mais presque.
Je travaille encore parce que je dois régler les derniers dossiers concernant l'année 2011 et programmer les activités et expositions pour l'année 2012 du Centre d'art que je dirige, puisque je n'ai personne pour prendre la relève. J'ai beau aimer mon emploi, c'est beaucoup de stress à gérer.
Je n'ai pas la moindre parcelle de patience avec Bébé fille qui a décidé cette semaine que dormir, elle en avait marre. Elle s'endort le soir, épuisée, tard, après avoir hurlé pendant de looooooongues minutes l'injustice atroce infligée par ses parents: la coucher pour la nuit. Elle se réveille à 5h le matin, parfois 4h30, bougonne (pour ne pas dire exécrable), chigneuse, têtue, testant mes limites dans leurs limites les plus extrêmes (qui me connait sait que mes limites, elles sont élastiques en s'il vous plaît, mais quand elles cassent, elles cassent). On est donc prise dans le foutu cercle vicieux du bébé bougon qui joue avec les nerfs de maman pas patiente, ce qui rend le bébé encore plus bougon, entraînant une diminution importante de la déjà non-existante patience de maman et ainsi de suite.....jusqu'à ce que mort s'en suive (façon de parler, évidemment).
J'essaie de me rassurer face à l'accouchement. Comprenez-moi bien: j'ai TRÈS hâte de voir mon fils et l'idée de l'accueillir parmi nous ne me rend pas le moins du monde nerveuse. C'est mon deuxième, je sais à quoi m'attendre et surtout, prendre soin d'un bébé n'a jamais été une source d'inquiétudes pour moi. Je SAIS que je suis une bonne maman et que «j'ai le tour», comme on dit. Cependant, j'ai la frousse d'accoucher, surtout après avoir connu la façon dont le premier s'est passé. Les contractions interminables, la douleur, l'épuisement, l'impression horrible que je n'aurai pas assez de forces pour me rendre jusqu'au bout. Après l'accouchement, les complications, l'utérus qui n'en fait qu'à sa tête, l'hémorragie, l'épuisement total et les nerfs à fleur de peau qui m'empêchent de dormir. Parce que, sans vouloir verser dans le mélodramatique, mes accouchements sont douloureux, épuisants (comme tous les autres, je sais), mais surtout LONGS. On parle ici de JOURS de travail, pas seulement d'heures. C'est ainsi de mère en fille depuis des générations. Pour vous imager le tout, mon arrière-grand-mère est morte en couche, ma grand-mère a perdu conscience un bon 24h et ma mère a elle-même perdu conscience pour une durée indéterminée (mais sans doute assez longue). Moi, j'ai eu la chance d'avoir un amoureux qui s'est carrément battu avec l'infirmière pour qu'on me donne la foutue péridurale que je réclamais avant de sombrer moi aussi. Bref, pardon aux futures mamans qui lisent ce billet: j'ai toujours eu horreur des femmes qui racontaient leur cauchemar d'accouchement aux femmes enceintes, mais bon, c'est mon blogue, faut bien qu'il me serve à me défouler un peu.
Et l'amoureux, il me manque. On fait chambre à part depuis un mois, pour diverses raisons: rhume de l'un, grippe de l'autre, Bébé fille qui se réveille 5 fois par nuit, moi qui ai besoin d'espace pour dormir, etc. Entre le boulot, Bébé fille qui terrible two jusqu'à ce qu'on ait envie de s'arracher les cheveux et Bébé fiston qui malmène mon estomac et me prive d'oxygène si je ne suis pas assise à 90°, nos «rapprochements» sont assez rares, merci.
J'essaie de me concentrer sur le positif, mais mes efforts sont vite réduits en poussière, surtout lorsque je croise un miroir qui me renvoie l'image d'une jeune femme beaucoup trop cernée. Ne vous inquiétez pas, ce n'est qu'une passe. Je sais très bien que le fait d'écrire ce billet durant ma pause-dîner, pendant ma 6e journée de travail de file, sachant que l'amoureux et Bébé fille font la sieste ensemble, après une matinée où les moments passés avec Bébé fille ont été tout, sauf agréables, rend mes propos dramatiques. C'est bien involontaire.
Mais ça fait du bien en maudit, par exemple.