Cette rubrique est à vous. J’y publie les récits que je reçois.
Certaines histoires ressemblent à des contes de fée, d’autre sont beaucoup plus douloureuses.
J’ai pris le parti de tout publier.
La vie est ainsi faite.
J’attends le votre
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Mon petit bout de nous après 7 longues années de PMA.
Ce 10 juillet 2009, il est 4h45 du matin quand je me réveille pour la énième fois de la nuit avec cette désagréable sensation que ma crevette fait du trampoline sur ma vessie. Je descends les escaliers me menant au Saint Graal (les WC quoi !) à toute allure, je suis fatiguée, j’ai très mal dormi et crevette n’a pas arrêté de gigoter toute la nuit.
Peut être est ce à cause de ces 2 nuits passées à l’hôpital pour un risque de pré éclampsie, ou peut être est-ce à cause de cette maman qui vient de perdre son bébé chéri au même terme que moi, c’est à dire à 35 semaine de grossesse, et qui était dans la chambre juste à coté de la mienne et que j’ai entendu pleurer de douleur toute la nuit.
En tout cas, je ne suis pas dans mon assiette… 4h50 je libère enfin ma vessie et là un drôle de bruit, comme un bouchon de champagne qui saute, suivi de glouglou à l’intérieur de moi, un peu comme une bouteille qui se vide. Qu’est ce qui se passe ? A 5h du matin, en ce 1er jour de mon 9ème mois de grossesse, je ne réalise pas de suite, je me lève, ça coule entre mes jambes, un liquide chaud et incolore, ouf ce n’est pas du sang, mais qu’est ce que c’est ???
Et là, éclair de lucidité matinale, « nom de $%&:/£ !!!! , mais bon sang je perds les eaux » mais, mais… c’est trop tôt et je devais voir ma fille naître par césarienne dans 2 semaines…. « Chériiiiiiiii au secours crevette arriiiiive ».
Branle bas de combat, heureusement tout était prêt, après un coup de téléphone à la maternité (qui me dit ne vous pressez pas mais arrivez vite quand même), nous voilà sur le trajet, heureusement il est 6h du matin et ça roule bien car je commence à avoir des contractions.
On arrive, un jeune homme se présente « bonjour je suis votre sage femme » et moi là mes nerfs lâchent et je ris et je ris, je sais y a rien de drôle mais je relâche mon stress accumulé depuis tant d’années….
7 longues années pendant lesquels je suis passée par la case PMA, où j’ai du faire nombres de traitements hormonaux, où j’ai du m’injecter des hormones pour préparer mon ovulation où j’ai tout simplement remis ma vie de femme entre les mains de la médecine.
7 longues années d’espoirs, de désespoirs, de doutes, de craintes, de peurs, de douleurs physiques, de douleurs psychiques, d’attentes, de résignation et finalement au bout, une petite minute intense de bonheur intégral, cette petite minute ou l’on vous annonce « vous êtes enceinte » car après cette petite minute il y a eu…
8 mois de craintes, de peurs et de terreurs de perdre cette petite étincelle de vie en moi, ces années de PMA m’ont marqué à un point que je n’imaginais pas, car à aucun moment de ma grossesse je ne me suis vu tenir mon bébé dans mes bras.
J’ai sans cesse eu peur de le perdre et le fait que j’ai une malformation de l’utérus et que j’ai eu des saignements plusieurs fois au cours des premiers mois, n’ont rien arrangé à mes sentiments.
Donc ce 10 juillet 2009, il est 10h15 quand le chirurgien extrait de mon ventre ouvert sur la table d’opération ma toute petite crevette tant espérée mais si peu attendue et que la sage femme me la mets sous mes yeux remplis de larmes « voilà votre petite fille, faites lui un bisou, je l’emmènes car il fait froid ici mais ne vous inquiétez pas, tout va bien, nous allons prendre soin d’elle et le papa va faire du peau à peau avec elle et nous vous la ramènerons dans votre chambre en soins intensifs ou elle restera avec vous et les infirmières s’en occuperont pour vous car vous devez vous reposer maintenant, bravo madame »
Et là, en cet instant précis j’ai su ce qu’éprouvaient les femmes qui accouchent par voie basse car même en ayant accouché par césarienne (due à mon utérus) j’ai ressenti à ce moment là, cette délivrance, ça y est ma crevette était là, j’avais réussi mon combat, je pouvais me laisser aller, je pouvais recommencer à vivre, j’étais UNE MAMAN.
Mon accouchement (par césarienne) à moi fut court, sans cris, sans pleurs, sans craintes, sans douleurs, sans appréhensions.
Mon accouchement à moi fut le contraire de ce qu’a été ma vie pendant les 7 longues années qui l’ont précédé.
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