Magazine Journal intime

Lettre à Bébé fiston

Publié le 01 novembre 2011 par Bizz
Mon fils,
Je profite du fait que tu es toujours bien au chaud dans ta protection utérine pour te préparer à la vie extérieure par le biais de cette lettre que j'ai le temps de rédiger puisque je ne suis pas encore occupée à t'allaiter, changer ta couche ou surveiller ta grande soeur pour qu'elle ne te lance pas sa poupée par la tête. L'excitation et la hâte de te rencontrer sont si forts que j'en fait de l'insomnie. Je sens bien que c'est pareil pour toi, puisque tu prends plaisir à faire des pirouettes en plein coeur de la nuit.
Mon cher enfant, sache que je t'aime déjà très fort. Sache que ce sera bien pire une fois que tu seras là, tu n'as qu'à demander à ta soeur qui en a parfois marre de l'amour inconditionnel et immense de sa maman. Tu n'as pas encore pointé ton petit nez tout mignon hors de mon ventre que déjà, je sors mes griffes de tigresse pour te défendre contre vents, marées, fumée secondaire et fruits de mer.
Tu auras beaucoup d'apprentissages à réaliser dès ta naissance. Il te faudra être patient; avec le temps, tu comprendras que cette sensation dans ton ventre n'est rien d'autre que la faim, que cette douleur à ton oreille n'est rien d'autre que ta main qui s'y est accrochée, que cette humidité collée à ton derrière n'est rien d'autre qu'un petit pipi. Il me faudra aussi être patiente; avec le temps, je comprendrai que ce pleur-là signifie que tu as faim, que celui-ci m'indique que tu t'es fait mal et que cet autre m'apprend qu'il est temps de changer ta couche.
Il y aura des jours heureux et des nuits difficiles. Ne crains rien; même s'il m'arrivera sans doute une fois ou deux de m'imaginer te donner en adoption pour avoir la paix, ça ne durera que trois micro-secondes, promis juré. Ta soeur y est passée et elle est toujours parmi nous. Il y aura des sourires, des crises, des instants d'inquiétude, des chansons-réconfort, des moments de découragement, des rires et toujours, toujours, toujours beaucoup d'amour. Ça, je peux le jurer, croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer.
Bébé fiston, un jour, tu ne voudras plus que je t'appelle Bébé. Tu voudras être un homme, sans doute semblable à ton père. Ça me va. Sache qu'à ce moment, je veillerai à ce que tu respectes ton prochain, ce sera d'une importance capitale. Je veillerai à ce que tu respectes les femmes. S'il le faut, je te montrerai mes vergetures et mes varices apparues alors que je m'appliquais à faire de toi un modèle unique, pour que tu saches que les imperfections du corps d'une femme sont souvent synonymes d'une beauté qui va au-delà de la chirurgie: la beauté du coeur. Je veillerai à ce que tu sois conscient de tes forces et de tes faiblesses. Surtout, je veillerai à ce que tu sois heureux.
Mon fils, un jour, tu seras un homme. D'ici là, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu prennes des chemins dans la vie qui te rendront fier de l'homme que tu deviendras.
Parce que moi, je suis vendue d'avance. Je serai toujours fière de toi, mon coeur.
Ta maman un peu dingue

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