Magazine Journal intime

Contrôle Technique OK

Publié le 28 février 2008 par Mélina Loupia
La technique moderne est formidable quand efficacement utilisÊe et manipulÊe.
Ainsi, j'ai reçu le rendez-vous pour passer le contrôle technique par mail, tout simplement.

" Mercredi 27 février 2008, 15h, telle adresse, telle contrôleuse, parking privatif gratuit, prévoyez tous les documents relatifs au contrôle."

Une impression en brouillon rapide plus tard, me voilà lancée sur la départementale finalement à nouveau défoncée.

Radio Marseillette à fond les ballons dans Troicencette, que Copilote m'avait cédée pour l'occasion, je laisse mon avant-bras prendre le peu de soleil qui filtrait la vitre.

Je choisis de prendre par le centre-ville, après tout, je suis en avance, comme d'habitude et un mercredi de vacances, ça doit rouler peinard in Carcassonne City.

Que nenni, ce putain de parking en cours de finition de travaux de pré-ouverture au public sème toujours un fabuleux bordel, réduisant à un seul le nombre de voies sur l'avenue, augmentant du double le risque éventuel de déboitements hasardeux, suivis de coups d'avertisseur précédant insultes et accélérations rageuses.

Je m'en tape, je me colle sur la voie de droite, celle où aucun livreur ne stationne jamais, et je suis mon instinct, qui me mènera forcément à bon port, le parking privé et gratuit, dont je soupçonne l'existence en face du centre de contrôle, sur un parking déjà existant, mais avec des places réservés aux contrôlés.

Que nenni, en lieu et place de ce que j'attendais se tient la foire de mars, qui s'étend d'un boulevard à l'autre, sur les immenses parkings à ciel ouvert de la ville.

Je tente un nouveau tour gratuit, mais rien n'y fait, lorsque je reviens sur mes pas, on est toujours en mars et la foire trône toujours là.

"Il fait beau, doux, ça te fera prendre l'air pollué en tentant de déceler le chant des oiseaux parmi le bruit de la vie urbaine."

Que nenni, sur le boulevard, je me prends un vent marin bien humide et collant en pleine face et n'entends que les démarrages des voitures et les coups de marteau des forains qui montent leurs manèges. Ils ne chantent pas, ils se hurlent dessus pour se demander les outils.

Lorsque je franchis enfin les portes du centre de contrôle, je n'ai plus qu'un quart d'heure d'avance.
La secrétaire, charmante et très agréable me prie d'aller en salle d'attente, que ce ne sera plus très long. Derrière elle, une grande baie vitrée noie la pièce dans une lumière hivernale mais plutôt gaie. 

"Je vous demande pardon, mais sur le papier du rendez-vous, il est écrit que vous disposez d'un parking gratuit et privatif, je ne l'ai pas trouvé.
-Vous voyez derrière vous, la baie, et bien il est là, le parking, on y accède par la place de l'autre côté du bâtiment, on vous a scanné uniquement le recto de la feuille de rendez-vous, au verso figure un plan d'accès à ce parking.
-Je suis ravie d'avoir dépensé un Euro cinquante de parking à un kilomètre de là.
-Il faut marcher au moins trente minutes par jour, vous avez votre quota!
-Vu sous cet angle, ça me convient!"

Je m'assieds seule dans ce petit couloir et décide de lire la documentation à disposition. Mais je n'arrive pas à me concentrer sur ma lecture, en l'occurrence la trousse de secours à avoir en permanence lorsqu'on part en voyage, ou encore la mesure du taux de CO dans les tuyaux. Juste en face de moi, mis à part le chant de deux pipelettes qui attendent leur tour sagement perchées sur leurs chaises, une fontaine à circuit fermé diffuse un chant apaisant de cascade de ruisseau. Et même si je trouve l'ambiance idyllique, je me demande comment la secrétaire, qui l'a huit heures par jour sous le nez et les oreilles fait pour ne pas avoir envie d'y foutre le feu.

Alors que j'ai l'idée de me lever pour aller le lui demander, la contrôleuse m'appelle.

"Mélina LOUPIA? Je vous en prie, suivez-moi."

Elle me fait pénétrer son bureau et m'invite à m'asseoir en face d'elle.

"Alors, il faut que je fouille dans mes archives, la dernière fois, c'était au camion ou sur site?
-Camion il me semble.
-Ah oui, je vous reconnais.
-Pourtant, ça fait presque trois ans.
-Oui, mais non, mais c'était en caisse, j'étais une cliente fidèle.
-Ah, ça doit être là en effet, parce que pour la visite du camion, je ne me rappelle pas que c'était vous.
-Non, c'est pas mon secteur. Envie de pipi?
-Ah oui, je suis une fille, j'ai TOUJOURS un vieux pipi disponible sur demande.
-Alors ne vous privez pas."

Une fois ma miction achevée, je réponds sagement et scrupuleusement aux questions posées.

"Bon, on va passer au contrôle des optiques maintenant, vous allez voir, c'est tout nouveau. C'est tout automatique, il suffit d'appuyer sur des boutons, voilà, je vous laisse, je reviens quand c'est terminé.
-Merci."

Après le test, un ticket de caisse sort de la machine avec tout un tas de mesures incompréhensibles, que mon ancienne déformation professionnelle m'incite à arracher pour le présenter au client. Mais je ne suis plus l'hôtesse de caisse que j'étais alors je croise les bras en attendant.

"Alors, voyons voir un peu... Ouh lalala, quatre sur dix, c'est pas brillant. Mais je vois que la première partie du test n'a pas été validée, sûrement un bug de la machine.
-Ah, l'informatique...
-Allez, on a le temps, on le refait.
-Ah oui, je veux au moins avoir la moyenne ce coup-ci, je suis bonne en optique en principe."

En effet, le second test donne un résultat plus que satisfaisant.

Sur cette victoire, je suis priée d'aller finaliser la visite auprès d'une autre contrôleuse.

"Bonjour, j'ai besoin de tout vous montrer?
-Non, restez en l'état, ça ira. Alors, je vois que le poids total en charge est bien en dessous de la normale pour votre catégorie de châssis, il va falloir plomber un peu.
-Et comment?
-Avec un peu d'huile par exemple.
-Oui, mais y a pas un risque d'encrassement?
-Vu l'âge non, juste avec modération, l'huile.
-J'y veillerai.
-Je vois aussi que la pression n'est pas bien haute.
-Oui, mais ça a toujours été le cas.
-Dans ce cas, c'est normal. La date de votre dernière vidange?
-La naissance de mon petit dernier.
-Quoi? Neuf ans? Alors là, vous frisez la correctionnelle!
-Mais je n'ai jamais le temps, c'est loin et en plus, même sur rendez-vous, il faut prendre toute l'après-midi.
-Je sais, mais vous ignorez peut-être que le garagiste du coin peut effectuer le même examen.
-Alors c'est ce que je ferai, je le vois souvent.
-Bon, écoutez, l'ensemble me paraît correct, je valide l'aptitude pour un an et je vous souhaite un bon après-midi.
-Merci, à vous aussi, au revoir Docteur."

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