Magazine Journal intime

Bienvenue chez Ubu

Publié le 09 décembre 2011 par Papote

Vous rentrez un dimanche soir d'un excellent week-end, vous ouvrez votre boîte aux lettres et vous trouvez une lettre de la C.A.F.
Vous êtes un peu étonnée parce que ça fait plusieurs années que vous ne recevez plus rien d'elle donc vous vous demandez bien ce qui va vous tomber sur la tête... Oui, parce que c'est bizarre mais toute lettre estampillée " impôts", " banque" ou " C.A.F.", quand ce n'est pas prévu, c'est rarement une bonne nouvelle !
Effectivement...

En substance, ça donnait :
" Madame,
Vous êtes allocataire de la C.A.F. A ce titre, vous faites l'objet d'un contrôle qui s'effectuera mercredi dans la matinée à votre domicile.
Veuillez préparer la liste des justificatifs ci-joints.
Ceci constitue un premier avis !
Veuillez agréer, blablabla..."

Vous faites un rapide calcul dans votre tête : vous ne percevez plus rien depuis bientôt 3 ans...
Ils ne vont pas vous redresser maintenant pour les 80 malheureux euros que vous touchiez à l'époque où Monsieur Ex n'avait pas de revenus pour payer la pension alimentaire de sa fille ???
Vous passez votre soirée plongée dans les papiers officiels et autres documents demandés pour en faire des photocopies dès le lendemain.
Votre esprit tournant en boucle sur le sujet, vous vérifiez que vous aviez bien fait la déclaration lorsque le premier chèque de Monsieur Ex était arrivé afin qu'elle interrompe ses paiements. Vous finissez même par vous demander si, par hasard, Monsieur Ex n'aurait pas déclaré différemment aux impôts cette histoire et si, du coup, ce ne serait pas cette dissonnance qui ferait l'objet de ce contrôle !
Du coup, vous revérifiez vos relevés bancaires pour vérifier la date...
Bref, un bon dimanche soir dénué de tout spleen mais bourré d'interrogations !
Le lundi matin, vous appelez le contrôleur qu'on vous a assigné à la première heure pour lui expliquer que " oui, oui, vous êtes bien d'accord pour qu'on vous contrôle et, même, ça vous fait tellement plaisir mais, il y a un tout petit mais... Surtout qu'il n'y voit aucune mauvaise volonté de votre part mais vous travaillez le mercredi... Y aurait-il possibilité de décaler le rendez-vous ?"
Le monsieur-contrôleur, très aimable (adieu image d'Epinal du contrôleur mauvais comme la peste !), vous rassure il s'agit d'un contrôle pour l'allocation de rentrée scolaire que vous percevez pour P'tite Louloute. Il vous demande vos horaires et vous propose de venir à 12h15 le jeudi...
Un contrôle d'allocation de rentrée scolaire !!!
Si, si, visiblement, ça n'est pas une farce...

Le jeudi arrive et le contrôleur aussi.
Il s'installe à votre table de salle à manger et regarde les documents et justificatifs que vous avez préparés.
Il pose deux/trois questions.
Il note deux/trois points.
Il replie ses affaires et s'apprête à repartir.
C'est alors que vous vous permettez une question qui vous turlupine depuis quelques jours.
Pourquoi un tel contrôle sur une prestation que vous n'avez même pas demandée et qui est calculée directement par la CAF qui se renseigne directement aux impôts.
Le monsieur vous explique que c'est pour vérifier que vous ne vous êtes pas mise en couple entre temps et que vous n'avez pas fraudé les impôts à propos de vos revenus.
Soit.
Vous le laissez partir sans aller plus avant mais il ne vous a qu'à moitié convaincue.
Comment vérifier que vous ne vivez avec personne alors qu'il n'a été voir aucune pièce de la maison, ni s'il y avait d'autres brosses à dents dans la salle de bains ?
Comment vérifie-t'il que vous ne fraudez pas sur vos revenus en vérifiant juste vos bulletins de salaire et votre déclaration de revenus ?
Moi, je dirais volontier que ça fait un contrôle de plus dans les stats et un risque en moins de prendre un mauvais coup qu'en allant dans certains quartiers où les fraudes doivent être plus fréquentes mais où l'ambiance est beaucoup plus tendue pour toute personne prononçant le mot " contrôle" (d'identité, de police, de CAF, d'impôts, de sécu... Ne pas rayer la mention inutile, elles le sont toutes !)...
Et à l'heure actuelle où le gouvernement pond des réformes à tout va pour limiter les déficits et autres trous de la sécu.
A l'heure où les journées de carence se multiplient comme des petits pains.
A l'heure où on nous parle d'austérité à tous les étages, il me semble assez ubuesque d'aller contrôler quelqu'un sans vraiment le contrôler.
Contrôle qui coûte, en plus, de l'argent pour le temps de travail passé par le contrôleur et pour les frais de déplacement jusque chez moi, sans parler des frais de courrier et d'expédition, des coups de téléphone, etc.
Et, même s'il y avait fraude, je pense pouvoir avancer sans crainte de trop me tromper que le montant de la fraude couvrirait à peine l'argent ainsi jeté par la fenêtre.
M'enfin, j'dis ça, j'dis rien !

A bientôt !

La Papote


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