Cela faisait très longtemps que je n'avais pas parlé de livres lus sur ces pages, exception faite des 10 petits nègres mais c'était plus pour les questions que la pièce m'avait posé que, réellement, pour le livre.
C'est parce que depuis un certain temps, voire un temps certain, j'étais sur le livre de François Reynaert...
Ne sautez pas de suite à la conclusion que le livre était indigeste et mauvais !
En fait, il fait quand même 524 pages, ce qui fait déjà un bon morceau en soi.
Ensuite, je ne sais pas comment je m'y suis prise mais j'ai très très peu lu sur le dernier trimestre 2011. Beaucoup de choses à faire, pas mal de fatigue, une série télévisée à s'enfiler quasiment d'une traite, les fêtes de Noël...
Enfin, parce que je pense que c'est un livre à segmenter par périodes historiques et, particulièrement, pour moi, jusqu'aux guerres de religions. Après ça devient moins compliqué.
Bref, un livre passionnant qui nous permet de remettre en perspective une quantité d'idées reçues inculquées dès notre plus jeune âge par les manuels d'histoire.
Un livre qui donne envie de tordre le cou à Jules Michelet et à tous ces intellos de la IIIè république tant ils ont oeuvré pour déformer notre vision de l'Histoire de France.
Un livre, enfin, qui nous remet au clair avec certaines périodes un peu confuses où on ne maîtrise plus vraiment qui se bat contre qui.
Clovis n'était pas le premier roi chrétien. La quasi-totalité des chefs de guerre étaient déjà convertis mais, à l'époque, tout le monde n'avait pas tout à fait le même sens de la chrétienté et Clovis a choisi l'obédience romaine ce qui lui a permis d'obtenir le soutien de Rome et, donc, d'avoir plus de poids.
Charlemagne, notre cher empereur à la barbe fleurie, patriarche qui a eu l'idée folle, un jour d'inventer l'école, était également un guerrier forcené qui a, notamment, mené dix-huit campagnes conduisant au massacre et à la déportation de masse d'un grand nombre de Saxons pour la seule raison qu'ils étaient païens. Il y en a qui se retrouvent pour moins que ça devant la cour pénale internationale.
Henri IV n'était pas du tout un roi aimé de ses sujets. Il était le symbole des guerres de religion. Il a fait le siège de la ville de Paris qui le refusait pour roi ainsi qu'environ 90 % de ses sujets.
Quant aux principes présidant à la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, tant d'autres dans le monde entier (Magna Carta et Bill of Rights en Grande-Bretagne, déclaration d'indépendance aux Etats-Unis, etc) s'en réclament tout autant que nous, tous les peuples ont conquis leur liberté et leurs droits et chacun en a établi ses fondements.
L'avantage étant que la plume de François Reynaert est légère et sans prétention.
Les données sont précises et renseignées (très renseignées) mais pédagogiques.
Après, l'inconvénient est que ça reprend presque vingt siècles d'histoire et que j'ai beau aimer l'histoire en général, toutes les périodes ne me passionnent pas de la même façon.
Et si j'ai pu lire ça et là de vives reproches à l'encontre de l'auteur sur le fait de dé-mythifier le roman national, fondateur de notre appartenance à un pays, je trouve qu'au contraire, c'est en regardant les contes de fée avec les yeux bien ouverts qu'on jauge au mieux notre appartenance. Se cacher derrière des chimères, c'est valable pour des enfants de 5 ans qui ont besoin, pour se construire, de se créer un monde imaginaire.
Pour conclure, en ces périodes où plusieurs personnalités politiques s'affrontent sur la récupération du symbole national " Jeanne d'Arc", il n'est pas désagréable d'apprendre qu'à une époque où le concept de " nation" n'existait pas encore, notre pucelle n'a pas sauvé la France en boutant les Anglais hors du royaume. Elle a juste permis au clan des Armagnac de mettre leur favori (le futur Charles VII, fils de Charles VI mais qui avait été déchu de ses droits au trône par le traité de Troyes) sur le trône à la place d'Henry VI (défendu par le clan des Bourguignons et qui pouvait prétendre au trône de France comme étant le petit fils par sa mère de Charles VI et dont les droits au trône avaient été exclusivement prévus par ledit traité de Troyes) qui serait alors devenu roi de France et d'Angleterre mais avec un plus gros risque pour l'Angleterre de subir notre influence et notre " invasion" que l'inverse.
Donc, le combat de Jeanne d'Arc s'apparente plus à une guerre de succession qu'à la défense du territoire et, avec pour elle, un avantage non-négligeable : elle avait parié sur le bon cheval candidat, ce qui lui a valu une place pour la postérité !
A bientôt !
La Papote