Inondée d’amour à la vue de mon parrain. La tuque enfoncée sur les yeux. Son beau visage doux. Ses lunettes en fonds de bouteilles. Qui passe la souffleuse dans sa cour pour se frayer un chemin jusqu’à son cabanon chauffé.
Mon héros du jour.
Appuyée contre la vitre de la porte patio, je sirote ma tisane énergisante concoctée par marraine sorcière. Je mords dans un beigne maison. Et je le regarde, lui, qui déblaie son sentier. Je suis envahie soudain par une profonde lumière. Une envie d’amour total à offrir. Quand je vois cet homme, qui a perdu sa fille disparue, qui me traite comme un trésor précieux, j’ai envie de le dire. De le nommer. Mais tout ce que j’ai à décrire, c’est un visage vulnérable sous une tuque, un nuage de neige et l’espoir d’un cabanon retrouvé.
Il y a de la beauté partout, suffit de la voir pour la redonner.
Moi, inondée d’amour, je viens de sortir de la boue, je déplie et nettoie avec précaution mes ailes de libellule toutes froissées pour qu’elles laissent à nouveau passer la lumière.