Magazine Journal intime

Effet TGV

Publié le 02 février 2012 par Sophie007

Ce n’est pas un scoop : il y a le Aix d’avant le TGV et le Aix d’après le TGV, soit un avant 2001 et un après 2001.. Les journaux titrent encore « Aix, le XXIème arrondissement de Paris ». Nombre de locaux se plaignent car les prix de l‘immobilier n‘ont cessé de grimper puis de flamber depuis 1999. Nombre de parisiens, eux, se réjouissent puisque Aix n’est désormais qu’à trois heures de train de la capitale, et qu‘il est tout à fait possible de travailler à Paris tout en vivant à Aix. Ce n’est pas la mer à boire, c’est juste une question d’organisation et de choix de vie. La plupart pourtant ont fait le grand saut avec la bouée TGV qui leur permet -si l‘aventure tournait mal- de toujours revenir au bon port en moins de temps qu’il n’en faut pour terminer un rapport. Le doute est légitime car ils ont beau être des têtes de chien (ce n‘est pas moi qui le dit, c‘est la rime), les Parisiens ne sont pas stupides : ils savent pertinemment l’image qu’ils véhiculent en province et n’ont pas envie de se faire fustiger voire stigmatiser dès leur arrivée. D’ailleurs, ce n’est pas très grave car entre nous soit dit, à part y aller pour de courtes vacances ou de longs week-ends, ils n’ont pas tellement envie d’aller s’y terrer. Sauf que -et c’est là toute la différence- la Provence, ce n’est pas la province. C’est la Provence ! Ça n’a rien à voir : en province on s’emmerde, en Provence on s’éclate. En province, un parisien n’est qu’un (choix de l’adjectif à votre discrétion) parisien ; en Provence c’est un cousin de, un copain de, ou un voisin de. Et il faut le reconnaître, en Provence on s’intéressera d’ailleurs bien plus à la marque de sa voiture ou de ses lunettes de soleil qu’à sa lignée généalogique ou de l’endroit précis où il paie sa taxe d’habitation. Pas trop de dépaysement donc en ce qui concerne l’intérêt suscité de ses origines, un parisien qui se respecte veut être reconnu par là où est plus que là d’où il vient. Ça tombe bien. Chassé ce premier doute, un autre l’assaille : « il » parait que la Provence c’est le jeu du quitte ou double : soit on adore et on reste, soit on déteste et on revient trois ans plus tard. Les exemples « d’échec » donnés par les amis de Paris sont légion, et ils font peur. Feront-ils partie des exaltés ou des désappointés ? Au grand dam des natifs d’Aix qui ne sont pas des commerçants, cette nouvelle proximité de Paris grâce au TGV -ainsi bien sûr que toutes les infrastructures des transports- a fait l’effet du mistral en balayant d’un coup les derniers doutes. Que les parisiens débarquent, ok, mais les étrangers aussi veulent venir. Et ça c’est une autre affaire, car si Aix était déjà une ville chère, elle va vite devenir inabordable pensent et tremblent avec raison les autochtones. Pour les ex-parisiens (ou Aix-Parisiens !), Aix sera toujours moins chère que Paris et la qualité de vie toujours meilleure. Les enfants pourront y suivre leur scolarité et qui sait ? Peut-être pourront ils même retrouver leur ami de bac à sable du square de la mairie du quatorzième sur le cours Mirabeau ? C’est bien possible car avec l’effet TGV, il n’y a jamais autant eu de parisiens à Aix et fait troublant : dans certains coins, on y rencontre aujourd’hui bien plus d’ex-parisiens ou d’expatriés que de véritables locaux. Ces derniers auraient-ils également profité de l’occasion pour prendre un nouveau départ ? On en doute. Ce dont on ne doute pas en revanche, c’est que pour un ex-parisien, il est finalement bien agréable et rassurant de voir que parfois même son facteur vient de Paris !


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossiers Paperblog

Magazine