Au-dessus du repos éternel (Над вечным покоем)

Il y a parfois des moments où, pour de multiples raisons, on ressent le besoin de s'élever, de méditer, d'oublier. Un bon bouquin peut parfois, dans ces moments, être d'une aide précieuse. La musique et la peinture, aussi, peuvent nous aider à nous mettre dans un état calme et reposé, favorable à la méditation et à la réflexion.
Au-dessus du repos éternel, Isaac Levitan (1893)
La peinture opère sur moi un effet surprenant : elle suscite l'émotion, réveille des sentiments endormis. Bref, elle "me parle", comme on dit. Et particulièrement ce tableau. Lorsque je l'ai vu pour la première fois à la galerie Tretiakov à Moscou, j'ai été abasourdie par l'impression de vertige qu'il dégage. Ce grand lac et ce ciel pratiquement liés l'un à l'autre, c'est comme la représentation du vide, du "rien" vertigineux.
Ce tableau s'appelle "Au-dessus du repos éternel", c'est une oeuvre du peintre russe Isaac Levitan datant de 1893, qui appartenait au mouvement artistique des "Ambulants" à la fin du XIXème siècle, soutenus par le mécène Pavel Tretiakov. Ce tableau appelle à réfléchir sur l'éternité, et la place de l'homme dans l'univers : ici, l'homme n'est représenté que par une église en bois et un cimetière abandonné, qui n'occupe que le coin inférieur gauche du tableau. Tout l'espace est occupé par l'immensité des éléments, indomptables.
En 1894, dans une lettre à Pavel Tretiakov, son mécène, Isaac Levitan écrivait : "L'éternité, cette terrible éternité dans laquelle des générations entières se sont noyées avant nous et se noieront encore après nous... Quelle angoisse, quelle peur !" (Référence ici). Je trouve que ces mots résument tout à fait l'émotion que suscite ce tableau, mais j'y ajouterait une chose : ce tableau fait réfléchir sur la notion d'éternité, et l'angoisse pour l'homme d'être mortel, mais le sentiment qui me domine toujours lorsque je regarde ce tableau, c'est ce calme apaisant, qui fait que je reviens toujours à la contemplation de ce tableau, lorsque j'ai besoin d'être au calme.
Vous vous direz certainement "à quoi bon se prendre la tête à réfléchir trop" ? J'y répondrai que la mélancolie peut avoir du bon, si elle nous fait réfléchir.