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Récit de deux accouchements, une naissance bonheur et un avortement thérapeutique…

Publié le 17 février 2012 par Madameparle

Récit de deux accouchements, une naissance bonheur et un avortement thérapeutique…

Cette semaine je laisse la place à Julie qui a envie de raconter ses deux accouchements, l’un joyeux et l’autre chargé de tristesse.

Si vous êtes enceinte ce récit (le second) peut, peut être, être dur pour vous.

Je suis toujours là pour publier vos récits sans kikoo lol, sans faute d’ortographe qui piquent les yeux et sans smiley qui clignotent!

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Accouchement bonheur et accouchement chagrin.

Par lequel commencer ? Je ne sais pas… Disons, dans l’ordre chronologique ?

Après un an de mariage, on se dit « Allez, on a bien profité à deux, voyons ce que la vie nous réserve à trois, quatre,… » Quelques mois de galère (pas d’ovulation -> difficile de procréer !) et un test de grossesse positif dès la première prise de médicaments. Le bébé est prévu pour le 18/10/2010. Je me dis que je vais essayer de viser le 10/10/10 ou 01/10/10, pour faire une chouette date d’anniversaire ! Mais bon, on verra ! Grossesse pas trop difficile malgré la détection d’une maladie de Crohn, d’un suivi approfondi et de la mise sous cortisone… J’ai été mise au repos le 8 juillet, à 6 mois de grossesse… Pas allongée, rien, juste pas travailler et.. profiter de mon mari, enseignant, donc en vacances !! Que du bonheur donc… En attendant que Balthus (le foetus) grandisse. On sait déjà que c’est une petite fille…

16/09 : rendez-vous chez la Gynéco. Verdict : « Vous pouvez prendre rendez-vous pour dans deux semaines, mais à mon avis, on se verra avant. Si vous tenez encore une semaine, ce ne sera pas une prématurée ». Gloups : chambre pas prête, pas encore de parrain-marraine. Je passe un deal avec Balthus : « Tu tiens jusqu’au 22/09, comme ça, tu n’es pas une préma. Si jamais, ce serait bien que tu tiennes jusqu’au 23, car on a rendez-vous chez l’ostéopathe pour te mettre convenablement en place (Balthus était trop à droite et trop en avant, malgré un minuscule bidon). Après ça, tu fais ce que tu veux. » Je fais le minimum, histoire de l’aider. Et on s’attaque à la chambre en attendant… Bien obéissante, la petite Balthus car les contractions commencent le 23/09 à 4h du matin. Je chronomètre, elles sont écartées de 10 minutes. Comme on m’avait dit de venir à la maternité quand elles n’étaient espacées que de 5 minutes, je laisse le joli mari dormir jusqu’à l’heure de son réveil, où je le réveille avec « j’ai des contractions régulières ». Hésitation : va-t-on quand même au rendez-vous chez l’ostéo (à 8h30) ou bien on file sur la mater ? Finalement, on va chez l’ostéo, on verra bien ce qu’il dit. Pas de souci pour lui, il remet Balthus doucement en place et les contractions s’espacent un peu. Du coup, j’envoie le mari au travail. Je passe ma journée à noter les heures des contractions. Elles finissent par se rapprocher tout doucement. Quand le mari rentre de l’école, elles sont espacées de 7-8 minutes. On attend encore, ce ne sont pas encore les 5 minutes demandées ! Il faut dire que je suis quelqu’un d’obéissante… Et puis, n’est-ce pas un faux travail ? Comment savoir ? Je prends un bain, mais ça ne s’améliore pas vraiment ! Et puis, tout d’un coup, elles deviennent douloureuses, on se dit qu’il est peut-être temps de partir. On a quand même 40 minutes de route jusqu’à l’hopital. Je laisse le temps au mari de manger mais lui, m’interdit de manger quoi que ce soit. J’ai faim et j’aurais faim pendant tout mon accouchement, sans pouvoir manger !

On arrive à la mater à 20h30. Un peu stressés quand même (le mari surtout, qui craint un « bain de sang » et une attente insupportable). Verdict : « 5cm d’ouverture ! Madame, vous allez directement en salle d’accouchement. C’est un premier ? D’habitude, les gens arrivent plus tôt ! » Le mari est aux anges, moi, un peu stressée. Je demande si je tiendrais encore jusqu’au 24 septembre, je n’ai pas envie que Balthus naisse le même jour que mon frère. Je dois déchanter car, d’après les sages-femmes, je ne tiendrais pas ! Après quelques hésitations, je choisis de le faire sans péridurale. Les sages-femmes pensent que ça ira, étant donné que j’ai fait toute la journée seule chez moi… Monitoring, baxter, table d’accouchement. je n’ai aps beaucoup de marge de manoeuvre mais je refuse de me coucher. Je ne sais pas pourquoi mais je préfère être debout. Tout va très vite, les cm d’ouverture grimpent jusqu’à 9 cm et puis ça stagne. La gynéco est là, enchantée de rater l’assemblée générale des médecins. Après un peu d’attente, on rompt la poche des eaux, on m’injecte du buscopan pour arriver à 10cm et on fait petite épisio. Le bébé est proche. Je ferme les yeux tout au long, refusant de les ouvrir tant que ce n’est pas terminé. C’est dur de pousser et parfois je regrette ma péri, mais pas longtemps. En plein travail, une sage-femme me demande si je veux changer de position. Je lui réponds très gentiment « Non, merci, c’est gentil ». Très étonnée d’autant de civilité, elle s’en ouvre à la gynéco qui déclare « Ah, Mme X, est toujours polie ! » Conversation bizarre en plein accouchement, je m’en souviens encore. J’ai les yeux toujours fermés et ne sent pas mon bébé passer. On me demande d’ouvrir les yeux mais je refuse. Devant mon insistance on me dit quand même : « Elle est là, vous savez ! » Alors j’ouvre les yeux et je la vois quelques secondes avant qu’elle ne soit prise en charge par le pédiatre, appelé par sécurité, étant donné l’absorption de cortisone pendant la grossesse. Aucun souci, elle se porte à merveille et me rejoint très vite pour du peau-à-peau. Aliénor est née le 23 septembre à 23h16, sans problème et elle est toute belle. Elle fait 2,7kg, pas mal, non ? Le papa est aux anges : pas d’attente interminable et pas de bain de sang ! Il est fier de moi, j’ai accouché sans péridurale et sans une plainte… Et puis, sa fille est si belle… Le début d’une vie à trois, qui continue encore maintenant ! Nous sommes terriblement fiers de notre petite !

Mon accouchement-bonheur…

Aliénor grandit, évolue bien. Elle a 5 mois et on se dit « Vu qu’elle a mis du temps à venir, arrêtons déjà la pilule pour préparer la suite ». Mouais, un mois après, j’étais enceinte ! Petit calcul : si ce bébé naît à terme (reste à voir s’il le fera, vu qu’Aliénor était pressée), ils auront 15 mois de différence… Gloups ! Espérons qu’Aliénor marche à ce moment là ! Mais bon, on verra bien et puis, on était sûrs de s’en sortir ! Tout se passe bien, le bébé est prévu pour le 05/01/2012. Une petite fille à nouveau ! Chouette, deux soeurs très proches, ce sera sympa ! Je file acheter des robes pour Aliénor, de toutes façons, ça servira deux fois ! C’est quand même une sacré canaille ce bébé, elle gigote dans tous les sens dès les 3 mois ! Bonheur… On l’appelle notre petite croquette…

Puis, inquiétude le 15/08/2011 : « Tiens, ça fait quelques heures que je ne l’ai plus sentie… » Attente angoissante jusqu’au 18/08, histoire de voir si elle ne s’est pas réfugiée au fond du ventre. Ce n’est pas impossible, à 20 semaines… Mauvais pressentiment mais l’espoir est encore là, on part à l’hôpital. Urgences… Monitoring silencieux… Echographie immobile… « Je suis désolée Madame, mais le coeur ne bat plus… » Larmes… Désespoir… Incompréhension… Notre croquette ne vit plus et il faut qu’elle sorte de là… Il faut donc accoucher. Mais pas tout de suite. On est jeudi, les médicaments mettent 2 jours à agir. Je peux donc les prendre au plus tôt le samedi, car on ne va pas prévoir ça le week-end… On nous laisse le temps, c’est à nous de voir. On rentre chez nous, effondrés. Nuit blanche. Et déjà, quelques décisions : j’accouche lundi, je ne veux pas rester plus longtemps avec la mort en moi. On choisit aussi de la voir, de lui donner un prénom, même si elle n’existera pas aux yeux de la loi, elle existera pour nous. Samedi, moment difficile : je prends les médicaments qui vont provoquer l’avortement. Même si le bébé ne vit plus, c’est difficile… Beaucoup d’autres décisions doivent se prendre, car on a que quelques jours pour se décider et faire en sorte qu’on ait le moins de regret car on ne la verra que si peu, cette petite… Et en même temps, on a envie de fuir cette réalité, de ne pas y penser, de ne pas regarder ce ventre rond qui rappelle tous ces espoirs brisés…

Lundi 22/08, on arrive à 7h et c’est là que commence l’attente, longue. On me donnera des médicaments toutes les 2 heures, pour provoquer l’accouchement. C’est à partir de 3 prises que ça peut commencer. Mais parfois, ça peut aller jusqu’à 5 prises. L’anesthésiste vient pour la péridurale, obligatoire. Il n’est pas nécessaire de souffrir et il faut mettre toutes les chances du côté de la maman… Il faut plusieurs prises et le « cocktail spécial » de ce dernier pour qu’enfin je ne sente plus le bas de mon corps… Je me rends compte que je déteste la péridurale : je ne peux plus me lever, je dois rester allongée… On est extrêmement bien entourés par les sages-femmes du service. Elles restent près de nous quand on en a besoin et nous expliquent les différentes options qui s’offrent à nous (incinération, inhumation, autopsie, …). Autant de décisions encore à prendre. Et on s’occupe l’esprit, comme on peut, pour que les heures passent plus vite. J’accoucherai dans ma chambre, histoire de ne pas aller près des femmes qui accouchent de bébés vivant, elles…

Contrairement à Aliénor, la poche des eaux se rompt toute seule, après trois prises de médicament. Je suis à 4-5 cm d’ouverture et c’est déjà suffisant pour qu’elle sorte, cette petite croquette. Encore un peu et elle est là. A 16h46, notre toute petite est née… Elle est si petite mais ressemble déjà à un bébé. Elle a la même bouche qu’Aliénor. Elle a de si petites mains ! Je la vois, je la regarde mais n’ose pas la prendre dans mes bras… Regrets qui me poursuivent encore aujourd’hui. Après quelques minutes, Augustine s’en va et c’est la dernière fois que je la vois. Pour moi, ce n’est pas fini. Le placenta ne veut pas sortir et je pars en salle d’op’, pour tout enlever. Je suis de retour dans ma chambre à 19h, brisée, épuisée. Cet accouchement a été bien plus éprouvant que pour Aliénor. Et j’ai perdu beaucoup de sang.

Le lendemain, malgré ma faiblesse, nous rentrons à la maison, le coeur gros et les bras vides, pour essayer de se reconstruire à trois…

Cela fait presque 6 mois maintenant que j’ai eu mon accouchement-chagrin et c’est encore difficile dans ma tête, mon corps et mon coeur. Aliénor nous apporte heureusement beaucoup de bonheur et la force de continuer. J’espère pouvoir bientôt raconter un nouvel accouchement-bonheur. Mais je suis presque sûre que ce sera le cas…


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