Magazine Journal intime

Ce qui fait le héros - Partie I

Publié le 19 février 2012 par Gborjay

Vient le moment où vous construisez votre héros. Fort bien, mais qu'est-ce qu'un héros ? Votre question, si elle paraît de prime abord un peu navrante, n'en est pas moins pertinente. Vous ne le méritez pas, mais Gustave Borjay va vous épargner d'y apporter des réponses bancales (sinon fausses) en vous faisant, une fois de plus, bénéficier magnanimement de sa science.

Si vous jouez le jeu du roman d'aventure, votre héros doit se distinguer d'une manière ou d'une autre, il doit s'imposer, il doit receler une supériorité qui le justifie aux yeux du lecteur.

"Edmond avait une tournure radicalement originale, fascinante à bien y regarder, et ses yeux enfoncés lançaient des regards d'une fulgurance abyssale. Il y avait en lui autant du tigre que du lion."

Soit, Edmond intrigue. Il a du moins une apparence qui ne laisse pas indifférent. Mais vous pouvez choisir de définir son ascendant à un niveau plus intériorisé.

"Sous des abords presque communs, Edmond cachait une intense vie intellectuelle. Major de l'internat de médecine à l'âge de 20 ans tout en passant en même temps l'agrégation de lettres modernes dans le but d'entrer à l'ENA, Edmond avait toujours été un travailleur brillant, qui ne taisait pas une profonde vénération pour la méritocratie républicaine. Qui plus, est, il était passionné d'économie."

Edmond n'est plus le même. Il est désormais un homme d'apparence plus normale (même si, vicelard comme vous êtes, le presque que vous avez adossé à communs permet de supposer que ses abords ne sont pas si communs), qui témoigne d'un goût sain pour les études. Pourtant, vous pourriez changer de contexte, et situer dans un domaine moins académique, et surtout moins juvénile, votre héros.

"Sous une apparence qui aurait pu sembler banale à un observateur inattentif, Edmond menait une vie extraordinaire. Dilettante expérimenté, plongé dans l'oisiveté par la répulsion qu'il éprouvait aux ennuyeuses vies de labeurs que subissaient volontairement ses concitoyens, brillant causeur de surcroît, Edmond ne faisait rien, sinon dispenser quelques conseils aux personnalités prestigieuses qui venaient lui en demander lorsque tout espoir semblait pour elles s'évanouir."

Bien. (Conan Doyle étant mort depuis longtemps, vous serez accusé de plagiat mais n'aurez rien à payer.) Une dernière façon de faire reluire votre créature aux yeux ébahis du lecteur enthousiaste, c'est de montrer sa supériorité dans la conversation.

"[...] et c'est ainsi que, pesant le pour et le contre, j'ai choisi d'éviter les extrêmes et de voter Bayrou. C'est quelqu'un à qui l'on peut faire confiance.
— Mais, Monsieur Edmond, n'avez-vous pas peur que votre choix se retourne contre vous ?
 Mon jeune ami, je comprends votre perplexitude. Cependant, vous le comprendrez tôt ou tard, il est des choix qu'on se doit de faire, quitte à choquer, quitte à gêner, quitte à être montré du doigt. J'ai longuement réfléchi, et je sais maintenant quel est mon devoir. [...]"

En vous invitant, si cela vous chante, à lire la suite du présent article dans le prochain épisode,

Gustave Borjay vous salue.

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Edmond avait aussi postulé à Normale Sup, mais il avait peur que
son projet de tour du monde en monocoque au profit des enfants
du Zwaziland ne lui laissât pas assez de temps.



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