Ca commence par une arrivée de nuit avec un thermomètre qui ne cesse de descendre jusqu'à atteindre 3 tous petits degrés au-dessus de zéro.
Ca continue par une maison qui, elle, ne dépasse pas 2,8° en son sein, puis un tuyau qui fuit et fait tout disjoncter nous condamnant à une première nuit glaciale où, en plus des pyjamas, chaussettes de ski et polaires, nous avons fait de notre lit (exceptionnellement partagé) un millefeuille de couvertures, d'édredons et de couvre-pieds.
C'est aussi un samedi matin frileux où la brume investit les champs laissant juste quelques rayons de soleil illuminer les herbes givrées et les gouttes de rosée. Le plaisir glacé d'enfiler des bottes et une écharpe avant même le petit déjeuner et d'aller parcourir les champs pour goûter au plaisir de la lumière, de l'air et du silence juste rompu par le chant des oiseaux...
C'est aussi prendre le temps de regarder une goutte tomber et tomber encore...
Un samedi matin où l'on retrouve le plaisir du marché fermier et d'un petit café partagé, devenu petit rituel de fin de matinée. Légumes d'hiver, un peu anciens, un peu oubliés : navets jaunes, radis noirs, petits choux, topinambours, rutabagas...
Ce sont aussi des après-midi de promenades, d'étang gelé en champs à perte de vue, d'église monolithe du VIIIè (? mais sûr avant le IXè) siècle en petites églises romanes des XIè et XVè siècles, de chevreuils que nous avons effrayés au détour d'un bosquet alors que nous passion à travers champs en petits veaux câlins et joueurs qui nous attendaient à la ferme, férus de nos caresses mais pas tout à fait rassurés quant à nos intentions à leur égard.
Ce sont des tableaux impressionistes qui n'ont pas besoin de musée...
Ce sont des parties de Monopoly, d'Enigmako, de Rummykub et autres Diamino qui se sont enchaînées quand le soir nous faisait fermer les volets et nous rapprocher de la grande cheminée.
C'est la magie et les fées qui nous ouvrent leur royaume : fontaine enchantée et mare peut-être du diable...
C'est aussi une recette de petits gâteaux que je n'avais pas faits depuis pas loin d'une vingtaine d'années mais, ça, je vous en reparlerai demain ainsi que de l'émotion revenue !
C'est aussi la découverte dans une boîte poussiéreuse, sous du papier de soie fané, d'un très vieil ornement à la blancheur éteinte, souvenir d'un jour heureux où la mariée qu'était ma grand-mère en avait ceint ses cheveux. Quelques larmes, bien sûr, dans cette maison mais aussi des projets pour un futur lointain. Un futur qui pourrait transformer ces larmes en moments de plaisir et de vacances.
Ce sont aussi une multitude de petits moments partagés, de câlins même pas volés, de fous-rire monumentaux, de planchers qui craquent, de rivière qui court, de fumet des plats qui mijotent dans la cheminée.
C'est notre temps, hors du temps des autres comme si les limites de la propriété nous isolaient de ce monde qui tourne trop vite et de façon folle...
A bientôt !
La Papote
PS : Petite devinette : mais qu'est-ce donc que ceci ?