Magazine Journal intime

Liza Lo Bartolo Bardin

Publié le 13 mars 2008 par Elisabeth Robert

Retrouvez cet interview sur le blog des éditions Pietra Liuzzo.

Lizamedium

Liza est née le 31 mars 1954 à Douai (Nord) de parents émigrés siciliens, elle a vécu à l'ombre des terrils jusqu'à l'âge de douze ans.

La lecture et l’écriture la distingue tout au long de sa scolarité prometteuse. Elle découvre en paralléle son goût pour la scène et le théâtre aux premières sorties scolaires.

Elle restera à Lallaing (59) jusqu'à mes 12 ans, en 1966.

Puis, le soleil du Vaucluse à Cavaillon (84) réchauffe son adolescence. La fréquentation quotidienne de la Maison des Jeunes et de la Culture lui donne l’occasion de pratiquer tous les ateliers : guitare, dessin, danse modern’jazz, photo, théâtre…  Elle a toujours détester l’inactivité !

Une opportunité lui permet de se laisser embarquer dans la galère d'une compagnie théâtrale en Avignon.

Dix années de création théâtrale, de festival offet detournées. Un amoncellement de souvenirs, de rencontres, d'espoirs. Dix années de passions.

Et puis la rencontre fatale, celle d'une autre passion. Amoureuse, elle abandonne sa famille théâtrale. "Il n'y a pas d'amour sans sacrifice" est le titre d'une de ses nouvelles, publiée chez REFLETS NOIRS, dans le recueil collectif "NOIRS VENINS" écrit avec Sylvain Pettinotti, Véronique Aumaître et Jean Pierre Petit.

Les aléas de lavie l’entraînent sur Aix en Provence, puis sur Embrun où elle réside désormais.

Le diagnostic d’une maladie auto-immune, neuromusculaire, dégénérative, la poly-dermatomyosite, la plonge d’emblée dans un combat contre le temps, et la contraint à l’inactivité. Aller à l’essentiel devient son obsession : écrire ! Elle exprime alors par l’écriture tout ce qui l’étouffe et la tourmente. Mais aussi tout ce qui fait le charme et le piquant de la vie. L’humour est une arme contre sa propre peur et la dérision permet de relativiser et de détourner l’angoisse. Ses écrits reflètent ainsi son envie de colorier le gris.

-Comment vous êtes-vous mis à l'écriture ? Qu’est-ce qui vous a poussé à coucher des histoires sur le papier ? Le vécu, l’imaginaire ?

Depuis mon enfance je suis amoureuse des cahiers et des crayons qui me permettaient d’entrer dans un autre monde, celui de l’imagination. Les mots ont peu à peu remplacé  les dessins. Cahiers et crayons sont donc devenus mes amis dès que j’ai acquis la faculté d’écrire. Chose qui est arrivée très vite et facilement.Je me souviens avoir exigé de mes parents l’achat des cahiers de vacances. Il était impensable pour moi de ne plus avoir ni cahiers, ni crayons, même en vacances, au camping de Berck-Plage où nous allions tous les ans. A cette époque-là, les années 60, nous vivions près de Douai, dans le Nord de la France, où mon père était mineur de fond. J’avais entre sept et douze ans. J’aimais récolter sur mes cahiers les souvenirs que je devais raconter à mes petits voisinsmoins chanceux qui ne partaient jamais en vacances. Petites histoires sans queue ni tête, petites nouvelles où je mêlais vécu et imaginaire juste pour leur faire plaisir. Mon grand regret est d’avoir perdu ces cahiers lors d’un déménagement qui nous a conduit en Provence. J’avais alors 12 ans.

C’est là, en Provence, que la poésie est alors venue s’ajouter à l’écriture des petites nouvelles. La poésie pour dépeindre la tristesse de « l’exil »…

Quel que soit l’endroit que l’on quitte, même le Nord, il y a toujours un déchirement au fond du cœur des petites filles.

-Avant d’être publié, diriez-vous que vous avez vécu un réel parcours du combattant ?

Pas vraiment.

J’avais envoyé une première mouture de mon premier roman L’Ange de Rio à quelques grandes maisons d’édition. Sans succès évidemment. Ces premiers refus finalement ont été révélateurs pour moi. J’ai complètement réécrit le roman et comme je venais d’ouvrir un blog, j’en ai publié des extraits. Mon blog contenait aussi une catégorie pour les poèmes. Et c’est ainsi que l’aventure de l’édition a commencé pour moi. Un jeune éditeur québecquois m’a contactée pour que je publie chez lui. Poèmes et roman. Ensuite, 2 contes illustrés pour enfants.

-Quelle est votre méthode de travail ?Vous préparez un plan, des fiches avec les personnages, savez-vous toujours où vous allez ? Le temps que vous consacrez à écrire ?

Tout d’abord, je me force à être bien documentée selon le sujet que je traite. Avec Internet, c’est devenu facile. Plus besoin de se déplacer en bibliothèque pour rechercher livres ou articles. Pour le moment, pour mes deux romans, L’Ange de Rioet 1943 -Un étésicilien je n’ai pas eu besoin de faire de plan. Les chapitres s’imposaient d’eux-mêmes au fur et à mesure que l’intrigue avançait ! Parfois c’étaient les personnages eux-mêmes qui me dictaient la progression du roman ! Ils étaient tellement autoritaires, avaient tant de caractère, que je ne pouvais faire autrement que de suivre leurs désirs d’action. Il faut vous avouer cependant que ces deux romans sont largement inspirés de faits réels ! Faits réels romancés et saupoudrés de fiction pour que l’imaginaire y trouve son compte ! Alors, oui, je savais où j’allaismais parfois je me faisais surprendre par un déroulement inattendude l’action. Ce qui n’enlevait rien à l’intérêt de l’histoire. Au contraire ! Cette situation m’a émoustillée plus que dérangée.

Le temps consacré à l’écriture est parfois moins long que le temps que je passe à élaborer un projet d’écriture. Je m’explique. Si un sujet m’intéresse, je le mûris longuement en y pensant jour après jour. En prenant des notes, ou en lisant tout ce qui peut se trouver sur lui. J’élabore mentalement un vague plan. Mais lorsque j’entame l’écriture, la durée de création peut être de l’ordre de trois ou quatre mois, à raison d’une écriture quasi quotidienne. Parce que j’ai longuement mûri en moi la trame de mon projet. Alors lorsque je me lance dans l’écriture, c’est le moment le plus jouissif, celui que je préfère à tout autre moment. Ensuite vient le plus fastidieux : les lectures et relectures pour repérer les éventuelles invraisemblances ou erreurs de syntaxe. Heureusement pour moi, l’orthographe n’est pas le souci majeur.

-Commentvos proches vivent le fait d’avoir un auteur comme parent, ami ?

Mes trois frères, plus jeunes que moi, semblent être fiers de leur grande sœur. L’un deux a deux filles qu’il encourage à l’écriture. Les petites nouvelles écrites par mes nièces me font le plus grand des plaisirs lorsqu’elles me parviennent. Elles me ramènent à mon passé de petite fille. Un autre de mes frères, grand lecteur, est fan. Il vend pas mal de mes livres auprès de ses relations et amis et attend toujours impatiemment le prochain.

Mon neveu Julien a dix-huit ans. Son désir, son rêve, est de devenir réalisateur et il me demande constamment de l’aider dans l’écriture de scénario.

Malheureusement, à mon très grand regret, mes parents sont partis trop tôt pour me voir publiée. Quel plaisir et quelle revanche sur la vie c’eut été pour eux, modestes émigrés siciliens.

-Lorsque vous écrivez, faites-vous relire à des proches au fur et à mesure? Est-ce que leurs réactions, réflexions peuvent vous amener à modifier le cours de votre développement?

Mon mari est le premier lecteur. Le premier juge. Terrible car exigeant. Son avis est important pour moi. Je tiens compte de ses conseils mais je n’obéis pas toujours à ses demandes. Je tiens à rester fidèle à mon instinct, mes idées, et à ne pas me laisser influencer même par les meilleures intentions.

-Croyez-vous un jour pouvoir vivre de vos écrits ?

Franchement je ne me fais pas d’illusions. A moins d’être la découverte de l’année et de faire la une de tous les médias le temps d’une promotion, je ne crois pas que mes livres m’apportent un revenu digne de ce nom ! Heureusement que l’écriture m’apporte un autre enrichissement. Le temps que je passe à l’écriture m’apporte tant de plaisir que je m’estime déjà bien heureuse de pouvoir pratiquer une telle activité.

-Que pensez-vous de la publication en ligne ?

Je dois dire que c’est grâce à la publication en ligne des extraits de roman ou des poèmes sur mon blog, que l’aventure a commencé ! Cependant personnellement je préfère encore lire de vrais livres en papier. Je me fatigue vite à la lecture en ligne, sans doute lassée par des heures d’écran sur traitement de texte ou internet.

-Que pensez-vous des séances de dédicaces ?

J’adore ! La rencontre avec les lecteurs est un moment délicieux ! J’ai publié entre autres un livre témoignage sur une maladie auto-immune (Ma poly-dermatomyosite, je préfère en rire) et bon nombre de mes lecteurs atteints comme moi, m’ont fait le plaisir d’une rencontre pour me remercier d’avoir mis des mots sur leurs maux. D’avoir pu exprimer ce qu’ils ressentaient eux aussi mais qu’ils n’avaient pas osé partager.

Pour les autres livres, c’est pareil. Echanger avec les lecteurs permet de mieux appréhender ce qu’ils attendent d’un ouvrage. C’est là, lors de dédicaces, en rencontrant les lecteursque l’on se rend compte que nous n’existons en tant qu’auteur que grâce à eux.

-Trouvez-vous encore le temps de lire?

La lecture étant mon autre passe-temps favori, je trouve toujours un moment, malgré la difficulté (le temps est finalement la notion qui me manque le plus). Mais je lis très vite. Je peux avaler un livre en deux ou trois heures.

-Quels sont les auteurs que vous admirez ? Votre livre de chevet ?

Emile Zola dont j’ai presque tout lu. Maupassant pour le côté fantastique. Edgar Allan Poe également. Les grands poètes comme Baudelaire, Rimbaud, René Char, plus proche de nous.

Mais aussi René Barjavel, Eliette Abécassis dont le roman « Qumran » m’a fortement impressionnée, et toutes sortes de « jeunes auteurs » dont le talent mériterait d’être reconnu, mais la liste est trop longue…

Mon livre de chevet, c’est la Bible. C’est un puits inépuisable d’idées et de leçons.

-Côté musique, avez-vous une tendance particulière ?

Lorsque j’écris j’aime être plongée dans une ambiance musicale. Selon les moments, je peux écouter nos grands auteurs paroliers tels que Brel et Ferré, ou bien de lamusique classique, Rachmaninoffen particulier. Ou encore Enya. Vous voyez, mes goûts en fait sont très éclectiques.

-Si vous n’aviez pas pu être édité, auriez-vous continué à écrire malgré tout ?

Evidemment ! J’écris depuis mon enfance. A cette époque-là je n’avais même pas idée d’être publiée. C’est un besoin. Inexplicable. L’écriture est nécessaire à mon équilibre. C’est comme une hygiène de vie. Ne plus écrire serait trop douloureux. Je ne peux expliquer pourquoi.

- Pouvez-vous nous parler de votre dernier ouvrage ? Votre actualité ?

Ma dernière publication sort des presses de l’imprimeur.

Il s’agit de mon deuxième roman «1943 – Un été sicilien, ou les enfances en guerre».

J’ai récolté anecdotes et souvenirs de cette période (la seconde guerre mondiale) auprès des membres de ma famille sicilienne, pour élaborer une fiction romancée autour du débarquement des alliés (américains, anglais et canadiens) sur les côtes siciliennes en juillet 1943.

Plusieurs séances de dédicaces sont prévues dans les semaines et mois qui viennent.

Et cerise sur le gâteau : mon premier salon du livre à Paris les 15 et 16 Mars 2008 ! Grâce aux Editions Pietra Liuzzo !

- Avez-vous des retours de lecteurs ?

Le tout premier chapitre de ce roman avait déjà été publié aux Editions Pietra Liuzzo dans un recueil de nouvelles «Les bouquets de tulipes». Il s’agit de la nouvelle intitulée «La foire aux bestiaux» qui semble avoir plu puisque j’ai eu des commentaires ou des mails forts sympathiques de certains lecteurs. Je reçois aussi régulièrement les ressentis de mes lecteurs en commentaires sur mon blog THEATRE MA VIE.

-Qu’est-ce que cela vous a apporté de voir votre livre exister ?

La satisfaction d’un travail terminé. Achevé. L’aboutissement normal d’une période créatrice. La sensation agréable qu’il est temps de passer à autre chose, de se lancer dans l’écriture d’un autre projet. Et aussi le plaisir d’être soutenue par l’éditeur qui a cru en vous.

http://theatremavie.canalblog.com/

http://langederio.over-blog.com/

http://flammesdame.canalblog.com/

http://combatmavie.afm-telethon.fr/


Retour à La Une de Logo Paperblog