Je ne sais pas si c’est ma conversation téléphonique avec un directeur du complexe funéraire Yves Légaré de LaSalle, ou ma conversation avec la conseillère, ou mon récent article : « La faute est au porteur de cendres », mais ce matin, 23 avril 2012, à 9 h 8, je recevais un appel du cimetière Notre-Dames-des-Neiges à Montréal pour fixer une date d’inhumation des cendres de mon angélique mère, décédée le 15 novembre 2011.
Enfin, nous pourrons placer ma mère avec les siens. Plusieurs qu’elle n’a pas vus depuis de nombreuses années.
Enfin, nous pourrons laisser ma mère s’envoler, si elle le désire, vers d’autres cieux.
Enfin, nous pourrons lui dire, avec tout le respect qu’elle mérite, un « À bientôt ».
Non pas que je veuille qu’elle me laisse, ou ma soeur, ou ses enfants, non. Je veux que pour une fois elle se sente libre d’aller où bon lui semble.
Non, je ne pourrai pas ne pas l’appeler, comme mon père, mon grand-père, ma grand-mère, dans ces moments de vie où la tourmente se fait trop pressante. Non, je ne pourrai pas ne pas lui parler chaque jour comme si elle était toujours là. Non, je ne pourrai pas ne pas me réjouir de sa jeunesse retrouvée.
Non, toujours je lui parlerai, mais je ne la forcerai jamais à rester ici. Mais les anges sont partout. Elle aussi. Ce n’est pas un pot de cendres qui changera ce qu’elle est et ce qu’elle restera. Elle sera seulement avec ceux qu’elle aime et j’espère bien qu’elle sera avec moi et ma soeur. En fait, je sais, elle sera là pour nous, jusqu’au bout de nos vies.
Je t’aime maman, mais j’ai souffert de vous voir toi et papa marcher trop lentement vers la libération. Voilà, c’est dit. Pour la première fois.
Je m’occupe de toi. Ne crains pas.
Ta plus jeune
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