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De l'apprentissage du dessin 23

Publié le 25 juillet 2012 par Headless

La matière du trait

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Il est une chose subtile et en même temps très concrète qui fait la qualité d'un dessin c'est la matérialité de son trait. Que ce soit par un outil spécifique (une plume, un pinceau, un feutre rotring) et par un geste (sec, fluide, ample ou petit). La manière dont la trace est déposée sur le papier est en même temps la signature d'un auteur, d'un style, d'une façon de faire et de voir : épaisseur, finesse, fluidité ou brutalité.

L'idée d'un dessin n'est pas encore le dessin lui-même (dans son incarnation). Il y a un exemple bien précis qui peut le faire comprendre. Chez certains aspirants au dessin de bande dessinée, il y a un passage délicat et parfois ingrat à ce qu'on appelle l'encrage. Le souci pour quelques uns c'est d'avoir de beaux crayonnés (vifs, spontanés, enlevés) mais qui perdent toute leur saveur au moment d'être encré. La difficulté et de ne pas figer un dessin, son trait, l'esprit initial. Il m'arrive encore de faire des esquisses de planche avec un résultat plus réussi dans le brouillon que dans sa mise au propre. C'est pourquoi j'essaie d'être le plus direct possible, parfois même en encrant directement pour ne pas qu'il y ai de perte.

Ensuite, dans la physionomie du trait (qui est quelque part comme l'enregistrement d'un sismographe), il y a des aspérités, accidents, pleins et déliés qui donne chair au dessin. L'amateur de dessin dans son appétit de lecture se nourrit de cette matière graphique et reconnait un auteur à ses petits. Il la trouve à la longue même dans tout ce qui l'entoure : logo, mise en page, photographie, cinéma, cavités dans le sol, textures d'un mur, rythmes d'une architecture, typographies. Tout est graphique, tout est écriture. L'apprenti dessinateur doit petit à petit se forger un goût, un sens du graphique pour voir dans le l'ensemble et le détail ce qui peut créer une matière graphique intéressante. Cela se fait par le point, la ligne, la surface, l'interaction des trois. C'est une histoire de densité puis de vide, de rythme. On entre ici dans la musique du dessin et comme le musicien il faut avoir l'oreille musicale, sinon l'oeil graphique.

De là un autre défi pour le dessinateur de bande dessinée c'est d'arriver à faire coexister, à harmoniser son dessin à son écriture (oui, la bd c'est du rapport texte - image). Et il est malheureux de voir de beaux dessins gachés par un mauvais choix de typographie par exemple.

IL FAUT NOURRIR L'OEIL ET L'ESPRIT DU SPECTATEUR.

Pour finir un petit exercice d'observation. Reconnaissez vous les auteurs des extraits ci-dessus?


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