Un jour comme aujourd’hui… comme tous les jours!

Un jour comme aujourd'hui, tu es parti. Par une belle matinée de Mai, on me raconta comment tu t’es levé, jovial comme toujours, comment tu as pris ton café, fumé ta cigarette en nouant tes lacets et fini d’accrocher ton aigle doré juste sous l’insigne de ton escadron, avant de marcher vers ton destin…Fier et hautin, tel que tu étais toujours, ne craignant pas d'offrir ton sang pour la cause que tu défendais…

Maman m’a raconté…Un jour comme aujourd’hui, tu as mis ta robe verte, tes lunettes de soleil, ton béret sur le chef, nos visages et nos prénoms à tous dans ton cœur…Puis tu es sorti. Tu es allé sur les ailes de ton pégase, scruter l’immensité de cette terre que tu aimais, que tu protégeais et que tu regardais toujours de si haut, comme un rapace qui veille sur son territoire, dans ce mutisme caractériel, signe des poètes qui s’en vont à la guerre…Tu as dû certainement faire feu sur l’ennemi, tu as détruit des vies pour en sauver d’autres, mais je pense que c’est cela le revers de cette médaille qui ornait ta poitrine de guerrier romantique, faisant armes de son canon le jour et de sa plume le soir…Maman m’a raconté….Un jour comme aujourd’hui, et quand, enfin tu as posé tes ailes à terre, comme un oiseau fatigué qui ramène le fruit de sa chasse au bercail, tu étais fier d’avoir réussi à sauver des âmes, y compris la tienne, car tu te savais précieux pour ces bouts de toi que tu avais laissés, plus lui que moi, car lui venait à peine de naitre, à peine d’être une autre raison à ta vie, mais il a fallu…Maman m’a raconté….Un jour comme aujourd’hui, au crépuscule, il a fallu que le destin te rencontre, parce qu’il a eu l’honneur de te rencontrer, grand comme tu étais…Tu ne devais pas être là, pourtant, tu l’as été. Tu devais rentrer chez toi, pourtant tu ne l’as pas fait ! Il a fallu que tu ailles porter secours, que tu fasses volontaire, juste pour une journée de plus avec nous, avec elle lui et moi…Maman m’a raconté…Un jour comme aujourd’hui, tu as décidé de te porter volontaire, pour emmener tes camarades blessés à bon port, pour leur sauver la vie, espérant qu’un jour, l’un d’eux ne te laissera pas mourir, seul dans le désarroi de la guerre qui ne fait pas de cadeaux, qui ne sait pas que ces hommes sont des maris, des papas, des amis, des fils, des frères…Tu t’es envolé pour une dernière fois, visant le zénith, faisant fi de tous les dangers qui interdisaient le vol de nuit…Tu a bravé la mort et elle te la rendu, si bien…Maman m’a raconté…Un jour comme aujourd’hui, tu es mort en héros, tu es parti sur le sentier des grands de ce monde, et en vaillant chevalier du ciel tu as rendu l’âme dans ton élément, libre, fort et généreux de ta vie qui était mon cadeau le plus précieux…Un jour comme aujourd’hui, tu as quitté ma vie sans quitter mon cœur et mon esprit. Tu es parti à jamais, et quand ceux là qui te regardèrent prendre ton envol le cœur serré, furent les mêmes qui te charrièrent sur leurs épaules couvert de ton drapeau à l’étoile verte, ces femmes te saluaient de leurs youyous stridents et endoloris, tandis que les fusils tiraient en l’air en ton honneur…Un jour comme aujourd’hui, j’ai appris que j’étais le fil d’un grand homme et qu’à jamais je m’en souviendrai…Tu me manques papa, tu me manques et à jamais je serai fier de te parler et parler de toi…Ainsi je me rappellerai que je te dois de valoir ton nom. Je n'ai pas oublié. Non je n'ai jamais oublié…J'ai juste pris un mauvais chemin, qui somme toute, a fini par me ramener aux sentiers des hommes! Un jour comme aujourd’hui….