Un hommage à mon fidèle destrier qui, j’en ai peur, va bientôt rendre l’âme.
En sortant si vous jetez un coup d’œil dehors
Vous allez voir mon char
Si vous ne savez pas regarder
Vous allez voir une Hyundai accent à la dorure usée
Avec, dans les vitres d’en arrière des roses mal peinturées
Mais détrompez vous mon char est une fusée
Elle est un étalon
Elle a l’éclair au front
Accrochée à son volant, pieds à l’étrier, fesses en selle
Je m’élance dans le cinquième rang, je survole les nids de poule, j’ai des ailes!
Je parcours les routes du Bas-St-Laurent
La pédale au fond, les cheveux dans le vent
Son habitacle est comme ma tête
Bordélique, hétéroclite et parfois touchant
Comme un soir de tempête
Un éternel ouragan
La dedans tout est à l’envers
On dirait qu’y a eu la guerre
Y’a un de mes amis qui m’a dit dernièrement,
Que j’avais l’char d’une fille de 20 ans.
J’l’ai trouvé comique
Pour paraître jeune pas besoin de cosmétique
Ni du moindre fard
Moi j’ai mon char
J’peux pas faire de lift à plus qu’une personne
Mais ça un côté ben l’fun
Si j’ai la chance de lifter un beau gars
Je me tape pas le tracas
De savoir si je vais trainer un chicks amère
Sur ma banquette arrière
Les poils de chien, la pelle, les sacs de peanuts vides et les vieux mouchoirs
Sont un excellent repoussoir
Elle contient des dizaines de CD de bonne toune
Que je fais jouer selon que je feel guerrière, poète maudit ou guidoune
C’est l’printemps, la neige fond, y fait soleil, y fait beau
Edward Sharpe and the magnétic zero
Il fait gris, il pleut, j’ai envie de faire pitié, rien ne m’amuse
J’écoute Muse
J’suis folle raide, j’veux mordre les fesses de la vie, j’ai l’cerveau à spin
Florence and the machine
J’t’en tabarnak, j’ai couru après l’chien, j’suis en retard, le sang m’chauffe
We are wolves
Les foufounes me bougent, j’veux de quoi qui groove et patati et patata
Robyn, Peaches et Ratata
Mais pourquoi s’appelle-t-elle Marguerite me direz-vous
Cette voiture avec tant de panache?
Parce qu’un jour j’ai rêvé que mon char était une vache
Et la vache s’appelait Marguerite voilà tout!
L’autre fois, je faisais un lift à ma mère
On était en train de monter la côte à 30 kilomètres heures
Maman, ironique a dit, veux tu que j’aille pousser en arrière
«Arrête de rire de ma Margot» lui ai-je dit avec ardeur
J’ai flatté son dach pis j’y ai dit pour l’encourager
Lâche pas ma Margot, tu vas y’arriver, tu vas la monter
Pis si maman te niaise encore une fois avec son air fin
Je m’arrête pis je la débarque sur le bord du chemin
Margot c’est ma première automobile
Grâce à elle j’ai la vie plus facile
J’ai pas besoin de marcher une heure et demi pour une pinte de lait
Pis si y a un show l’fun à Baie-des-Sables j’peux songer à m’acheter des billets
C’est ma complice de tous les instants
Grâce à elle je peux sortir de mon rang
Ensemble pour rattraper le chien qui a fugué on fait des poursuites
Qui parfois finissent en 180 dans l’banc d’neige, j’vous épargne la suite
Ça fait que si un jour vous avez la chance d’embarquer dans Margot
Pour parler d’elle, sachez choisir vos mots
Parce qu’on n’écœure pas mon char
Mon char c’est mon vaisseau d’or