La route est encore longue

Parfois, l'actualité présente une ironie assez nauséeuse.
J'avais commencé à écrire ce billet pour vendredi mais je n'ai pas pu le terminer (d'où, du coup, mon silence qui était lié à ce sentiment de malaise)...

Trois évènements la semaine dernière. Trois évènements a priori sans lien et pourtant tellement similaires quant aux implications, quant aux mentalités, quant à la route qui reste à parcourir...

Le verdict du procès des tournantes de Fontenay sous Bois.

Eric Raoult et ses déclarations sur les violences conjugales.

Les déclarations de Marion Maréchal-Le Pen.

Comment renier toutes les avancées faites pour les droits des femmes depuis des décennies !
Comment la justice et la politique flinguent à bout portant tant d'années de combats !
Madame Veil, comment peut-on bafouer à ce point votre combat ? Comment ne pas hurler quand un tribunal rend un verdict aussi ridicule et dénué de tout bon sens ? Comment peut-on d'une part reconnaître qu'il y a eu viol avec récidive et violence et prononcer des peines qui vont de quelques mois avec sursis à un an ferme maximum ?
Comment la société peut recevoir un tel message ? Tu peux violer, ce n'est pas bien grave, tu ne prendras pas plus que si tu voles le sac d'une vieille dame.
L'argument est tout aussi fallacieux : maintenant, ce sont des hommes mariés, rangés.
Donc, tout va bien ! Ils se sont mariés et ont une bonne petite vie alors ils bénéficient d'une impunité complète.
Comment ces jeunes filles peuvent espérer se reconstruire dans de telles circonstances ? Elles croisent leurs agresseurs quotidiennement et la société vient de leur refuser le droit à se reconnaître victimes et à se sentir protéger...
Il fallait quoi ? Qu'elles en crèvent comme ces femmes en Syrie qui sont torturées sexuellement à mort ?
Que faut-il faire au XXIè siècle pour qu'en France (et sans doute dans beaucoup d'autres pays civilisés), on arrête de se voiler la face en montrant du doigt avec dégoût ce qui se passe ailleurs alors qu'on laisse perpétrer des viols en toute impunité ou presque dans nos quartiers ???

En même temps qu'attendre de nos politiques lorsque l'on entend un député, ex-ministre, dire qu'insulter sa femme ne constitue pas une violence conjugale, lorsqu'on entend une femme, jeune député, se prononcer pour le dé-remboursement de l'IVG dans un but de responsabilisation des femmes et que cette femme va plus loin en disant qu'il faut que cette mesure soit générale quel que soit le cas pour lequel une femme a besoin de recourir à un avortement ?
Mais, bien sûr, que les femmes recourent par plaisir et " confort" (dixit) à l'avortement !!! C'est évident, au même titre qu'elle doit prendre du plaisir au viol !!!
Non, mais sans rire, dites-moi que ce n'est pas possible d'entendre ça aujourd'hui en France !!!
D'ici à ce que l'avortement redevienne illégal, il n'y a qu'un pas... Combien de femmes se retrouveraient dans l'impossibilité de recourir à un IVG faute de moyens financiers ?
On pourrait peut-être aussi arrêter de rembourser le suivi médical des grossesses et des accouchements... Non, parce que, finalement, une femme qui choisit d'avoir un enfant, elle doit assumer son choix et les risques inhérents !!!
Aujourd'hui, à la lueur de ces évènements, on peut avancer qu'en 2012, en France, une fille qui se fait violer, c'est qu'elle est consentante, si son mari/compagnon/petit ami l'insulte, ce n'est pas de la violence psychologique, si elle tombe enceinte et qu'elle doit se faire avorter, elle n'a qu'à payer car elle n'est pas assez responsable de ses actes.

Mais à quel moment allons-nous réagir ? A quel moment allons-nous arrêter de nous laisser malmener de la sorte ? Combien de temps encore avant que les libertés des femmes ne soient plus un combat quotidien mais un acquis définitif ?

A bientôt !

La Papote

PS : Comme d'habitude sur ce genre de sujet, je me réserve le droit de modérer les commentaires qui dévieraient...

Triste époque ! Indignez vous!

Oh oui la route est longue, très longue. Il n'empêche, on est nombreuses à avoir le goût de la marche!

@Damien : Vous pouvez aussi vous indigner avec nous !

@Geneviève : Oui, mais nous ne le sommes jamais assez !

Oui mais Vero, l'honneur est sauf, on dirait Madame au tribunal, et pas Mademoiselle....
Nausée...

j'ai une boule à l'estomac,car ,moi ,je fais partie de la génération qui a connu les combats et qui a cru que c'était gagné (mon optimisme viscéral) et quand je vois l'actualité,je me dis qu'il faut recommencer ,mais j'ai peur car je ne crois pas la jeune génération prète à reprendre le flambeau . elles attendront que tout soit aboli pour repartir à 0 car elles ne réalisent pas ce que c'était .il faut leur faire lire qques chapitres de "mon évasion" de Groult . je suis capable de descendre dans la rue et mes copines aussi . quel pays avons nous construit ? tout ce qu'on croyait acquis part à veau l'eau .la laicité la tolérance les droits des femmes...on y a cru dans lesa années 60 c'était peut etre ça les 20 glorieuses...

@Rdt : Effectivement, vu comme ça...

@Mme Mère : Ce n'est pas vous qui êtes responsables. C'est la nature humaine qui est de nature profiteuse et peu vigilante. C'est tellement plus simple de se vautrer dans la facilité que de garder les yeux ouverts et les sens en éveil !