J'avais d'abord cru pousser la porte de son atelier de la rue Mégevand à Besançon, comme d'autres l'auraient fait bien avant moi à l'entrée de quelques adresses célèbres au 19e siècle à Paris. Celles où naissaient les Daguerréotypes de Nadar au 35 bd des Capucines, ou ceux de Charles Legros au 199 de la rue St Honoré. Ces maisons où l'on façonnait son nom et sa réputation avec des plaques à l'albumine, des catolytes ou des Émulsions au gélatino-bromure d'argent... Patrice Forsans est "photographe à Besançon", une profession comme on l'indiquerait aussi facilement au recto de n'importe quelle carte de visite commerciale d'un millier de ses collègues, mais qui ne résumerait rien de ce grand artiste de la rue Mégevand ! Depuis quelques années le photographe d'origine Parisienne se consacre à une oeuvre singulière en noir et blanc qui fait l'objet d'une exposition dans son atelier Franc-Comtois mais aussi dans le quartier du Marais à Paris où un grand projet est en train de voir le jour. "Régénérations" ou le principe du souvenir d'un monde, déployé sous le prisme d'une multitude de points de vues possibles. "Si je me retourne, explique l'auteur" et que j'essaye de me rappeler une chose, j'aurais du mal à vous en livrer une seule définition". Tout est question de taille, de proportion sous la lumière de Patrice Forsans. Dans la matière des tirages barytés qu'il façonne lentement devant son écran d'ordinateur, l'ancien reporter des Pompiers de Paris devenu ce génial portraitiste du centre-ville Bisontin, syncrétise ses expériences humaines, ses fêlures d'homme surtout ! dans un rapport aux formes d'une sensibilité déconcertante. Le résultat : cette épure graphique à la bonne mesure de nos confrontations incessantes avec le temps qui passe et l'alchimie de nos amours perdus. Plus que la lumière, le temps dérègle nos trajectoires philosophiques dans la matière sombre qui nous réuni tous. Tout ne serait-il qu'une affaire d'ombre ? L'architecture secrète de la mélancolie. Où "notre part d'ombre"verrouille sa cible émouvante sur nos futures incandescences. Des arbres, mais tout ce qu'ils nous ressemblent. Le principe de l'infiniment raisonnable, poussé dans ses retranchements définitifs au confins de l'immense chaos cosmique. "Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ?" La question a été mille fois répétée... Mais dans l'oeuvre troublante de Patrice Forsans, l'interrogation prend une forme essentielle, magnifique.
Jean-Luc gantner
REPORTAGE © FRANCE TV / JL GantnerPATRICE FORSANSAtelier-Contrast / 12 Rue de l'Avenir 25000 Besançon / FranceTél : +33.[0]3.81.50.76.62 Mobile : +33.[0]6.82.20.30.79