Magazine Journal intime

Le blogueur, ce justicier virtuel impitoyable.

Publié le 06 janvier 2013 par Cuicuinrv
Ami(e)s, je vais vous raconter une histoire pas piquée des hannetons.Et comme d'habitude, vous n'allez pas me croire...Ce samedi, alors que je vendais mes parapluies sur un gros marché où il fleurait bon le thé à la menthe et la foule multicolore, je vis au loin un attroupement et perçus des éclats de voix. Je laissai mon voisin surveiller mon stand et me précipitai vers le lieu d'altercation.

Deux hommes s'insultaient en des termes inacceptables pour un blogueur de gauche.
- "Sale Arabe !", hurlait le premier
- "Islamiste !" répliquait l'autre
- "Vil homosexuel !" enchérissait son interlocuteur.Mon sang ne fit qu'un tour. Je sortis un brassard de ma poche, le mis autour de mon bras droit. Le tissus élastique, confectionné la veille après avoir lu ceci était de couleur jaune avec l'inscription "BLOGUEUR" en lettres gothiques fort coquètes. Vous n'êtes d'ailleurs pas sans  ignorer mon bon goût en admirant  l'élégance discrète de la présentation de ce blog...Je sortis mon smartphone et m'approchai des deux chicaneurs, le doigt sur twitter.C'est le moment que choisirent  3 policiers pour arriver en courant avec leur flash-ball.- "Que se passe t-il ?" Crièrent-ils à la foule.- "Et vous que faites-vous ?" S'adressant à moi.
- "Vous n'avez pas vu mon brassard ?" Rétorquai-je, cassantCelui qui paraissait être le chef se confondit aussitôt en excuses. Un journaliste du Parisien débarqua, on ne sait comment et à la vue de mon brassard, il me salua obséquieusement.Je décidai de prendre les choses en mains. La foule s'était agglutinée autour des deux protagonistes et tel Gladiator s'adressant à la populace romaine, je levai la main droite et  attendis un bref moment de calme pour m'adresser de ma voix de stentor aux deux belligérants.-"Hola, mes amis !" Fis-je, martial. "J'ai entendu ici de bien vilaines paroles racistes, islamophobes et homophobes.Savez-vous qu'un tweet et une vidéo  repris par mes 50 lieutenants, toujours aux ordres, vous condamneront à la mort civique plus promptement qu'une déportation au bagne de Cayenne. D'autant que le grand et sérieux site du Huffington Post de madame Sinclair, puis Canal + et son fidèle internaute renommé ainsi que la presse suiveuse stigmatiseront votre attitude indigne et déshonorante devant une France ébaubie."
Certes,  j'étais un peu grandiloquent mais on n'attrape ni les mouches avec du vinaigre ni un auditoire avec un discours de Ayrault, les ami(e)s !On entendit un hurlement de douleur et les adversaires de se mettre à genoux devant moi, suppliants.- "Non pas ça, Pitié, monsieur le blogueur, n'envoyez pas un tweet !" Gémirent-ils ?
- "Maintenant vous allez vous excuser d'avoir utilisé des propos anti-arabes, islamophobes et homophobes !" Répliquai-je avec morgue et condescendance.Je ne m'aperçus pas sur le moment qu'autour de moi la foule était hilare. Fouad, un copain du marché me glissa dans l'oreille qu'ils étaient tous les deux d'origine marocaine, musulmans et qu'il s'agissait d'un couple gay qui se disputait....Les spectateurs se contorsionnaient en se tenant les côtes car ici, chacun connaissait les deux compères et leurs incessantes turpitudes.J'étais en train de perdre la face, en même temps, il s'agissait d'une insulte à mon brassard de blogueur, qui, s'il n'avait pas été délivré par une autorité, n'en était pas pas moins mérité.J'eus une brève pensée pour tous mes abonnés de twitter. Le rouge me monta au front. La réputation du corps bloguesque et du monde du Web était en jeu !
Il me fallait réagir.  Bluffant comme un Sarkozy en campagne électorale, je quittai théâtralement la scène du "crime" avec un retentissant "Et que je ne vous y reprenne pas !" qui en a jeté dans l'assistance, d'autant que les policiers et le journaliste du Parisien, m'ont accompagné par un vibrant "Mes respects, monsieur le blogueur !".Amusant de découvrir que désormais, la fonction de blogueur est considérée comme une des plus prestigieuse de notre société et que les journalistes sont enfin devenus nos vassaux, voire nos obligés.Alors, bandes de gueux, j'espère que vous entrevoyez enfin le but de la mission civilisatrice du blogueur politique français avec son smartphone et sa tablette en guise d'armes !
Z'avez intérêt à filer droit, les manants, sinon, on va faire de vous des "no-life" grâce à nos "tweets" et caméras, versions revisitées de l'antique épée de Damoclès
Gare à vous, bandes de déviants, ce monde médiatico-technico-libéral qui transforme chaque mouton en chien de berger, gardien de ses propres compagnons, représente les prémices d'une société idéale où il fera bon vivre !
La morale de cette histoire, les ami(e)s ? C'est à vous de l'écrire ou de l'imaginer...

Au fait, camarades révolutionnaires ou réactionnaires,  essayez donc de vous abonner à mes flux RSS, bordel !
. Aujourd'hui dimanche je travaille. Je rentrerai tard ce soir, exténué, alors je compte sur vous pour être sages.
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