Rien ne sert de courir… moralisait le poète. Comme j’eus aimé qu’on lui donnât raison. À force de courir dans tous les sens, nous avons perdu le sens de la marche.
C’est grossier la lenteur d’un pas, c’est pataud, c’est inconvenant, c’est incompatible avec le rythme que la société, donc nous, nous imposons : loisirs, travail, faire ses « courses », speed dating, 3G illimités, sport extrême, TGV…
Tout doit aller très vite, et ceux qui ne souhaitent pas ou ne veulent pas s’adapter à ce tempo sont méthodiquement largués. Je demande le statut d’objecteur de conscience contre le tout schuss du temps.
« Et c’est le temps qui court, court… » chantait un boy’s band d’un autre siècle que celui du Lièvre et de la Tortue. Tenez, à propos de « courir », deux études spécifiques m’ont retenu l’attention.
La première répond à une question que se posent beaucoup de nos semblables : courir favorise-t-il la perte de cellulite ? Réponse de notre expert, un ancien sportif de haut niveau reconverti dans le coaching physique : non, courir ne sert pas à faire fondre la cellulite, il est préférable de se muscler. Implacable.
Allez : abdos – fessiers, une deux, une deux. Seconde question existentielle tranchée par des chercheurs, des vrais : courir sous la pluie permet-il d’être moins mouillé que marcher sous la pluie ?
Réponse : non, car on prend encore plus de gouttes en s’agitant sous une averse. Ha ! C’est la victoire des laborieux, des lents et des fatalistes éclairés. J’observe que le thème : « chanter sous la pluie mouille-t-il moins que courir sous la pluie ? » n’a toujours pas été exploré.
C’est la revanche de ceux qui prennent leur temps et qui, comme moi, en cette circonstance, en guise de conclusion, d’idées, sont à court…
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble