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La lune, les Mayas et le boson de Higgs

Publié le 13 décembre 2012 par Rolandbosquet

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   La nuit dernière, la lune était absente du ciel. Du moins ne la voyait-on pas. Selon ses adeptes, elle était "sombre", selon les pessimistes, elle était "noire" et selon les inconditionnels de l’optimisme, elle était "nouvelle". Ces derniers l’ont une fois encore emporté : elle reviendra ce soir. Demeurent les prédictions des Mayas et les calculs des chercheurs du CERN à Genève ! La fin du monde pourrait vraiment être pour bientôt. Le 4 juillet écoulé, en effet, ces derniers déclaraient la particule dite "boson de Higgs" officiellement identifiée. Après un tel exploit, n’importe qui serait parti en vacances au Vésinet, à Palavas les Flots ou même à Tarascon. Eux non. Ils se sont penchés sur leur nouveau jouet avec des attentions de puéricultrices. Ils l’ont si soigneusement mesuré et soupesé qu’ils ont pu estimer sa masse à 125GeV. Or, il faut se rappeler que ce boson de Higgs s’ébroue comme il se doit dans le champ de Higgs. Comme une quelconque vache limousine dans son herbage. À ceci près que cette belle propriété rurale avec ses granges, ses clos et ses prairies englobe tout l’univers. Ce qui n’est pas rien. Conscients de l’enjeu, les chercheurs ont fait tourner leurs machines. Le résultat fait frémir. Un jour ou l’autre, le fameux champ de monsieur Higgs s’effondrera sur lui-même, entraînant dans sa dégringolade veaux, vaches, cochons, couvées bien sûr et, pour faire bonne mesure, l’univers tout entier. Ce qui n’est pas rien non plus. Seul le hasard ferait que ce désastreux  éboulis ne se soit pas encore produit. Par voie de conséquence, il pourrait désormais se produire à tout moment, dans une heure, un jour, un an, un siècle. Nul ne le sait avec précision. Et pour ajouter au "suspens", ce champ serait positionné en équilibre instable. Il suffirait d’une pichenette pour provoquer la terrible catastrophe. Des gens bien intentionnés ont posé la question aux chercheurs : peut-on éviter une aussi triste issue ? Nous ne savons pas encore, ont-ils répondu unanimes. Mais nous cherchons ! Quand saurez-vous ? (L’homme moderne est toujours pressé !) Nous ne savons pas encore, ont-ils répété. Mais nous cherchons. Et ne voulant pas perdre leur temps à écouter d’autres balivernes tout aussi oiseuses, ils s’en sont retournés dans leur laboratoire du CERN. Depuis, ils cherchent. En attendant qu’ils aient trouvé, on voit bien qu’il serait judicieux d’adopter quelques dispositions susceptibles d’éviter cette fatale pichenette. On pourrait ainsi, dans un premier temps, prohiber les jeux de bille dans les cours de récréation, les concours de pétanque à l’ombre des platanes ou les autos tamponneuse à la Foire du Trône.  D’autant que tout récemment, c’était le 21 septembre dernier, une écossaise d’Édimbourg paisiblement assise dans son salon a vu la lune tomber. Non pas notre bonne vieille lune que l’on ne voyait pas la nuit passée mais celle que l’on ne voyait jamais mais dont on savait qu’elle était là, toute proche de la terre, pour ainsi dire en embuscade, prête à tomber dans l’intention manifeste d’effrayer une charmante écossaise tout à fait honorable. Les astronomes  amateurs s’en sont émus et leurs commentaires sur les forums internet spécialisés multipliés. Elle était orange, a précisé un homme de Birmingham. Je l’ai aperçue depuis ma voiture, a affirmé un automobiliste belge de Neerpelt. Des Canadiens eux-mêmes, approuvés qui plus est par des Étatsuniens, ont reconnu avoir observé le phénomène. Le fait est donc avéré. Cette petite lune, selon les calculs des astronomes professionnels, n’a manifestement pas été la pichenette tant redoutée par les chercheurs du CERN. Mais qui peut savoir ce qu’il adviendra demain et, notamment, le 21 décembre prochain ? Quoi qu’il en soit, indifférente à cette angoissante interrogation, notre belle Séléné va fort heureusement dessiner, dès ce soir, son premier croissant. Si nul ne l’en dépouille comme d’un vulgaire pain au chocolat, elle pourra de nouveau guider les jardiniers dans leurs belles tâches de binages, sarclages et autres serfouissages. De toute façon, me confirme Marthe Dumas du Mas du Goth consultée par téléphone, point n’est besoin de la lune pour voir que les feuilles mortes tombent sur la pelouse et qu’il faut les ramasser ! (© Roland Bosquet)


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