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Brive la Gaillarde

Publié le 15 novembre 2012 par Rolandbosquet

   La mode est au Salon du Livre. Il n’est plus de Préfecture ou de Chef-lieu de canton qui n’ait son Salon du Livre. (On ne fait jamais assez pour la culture !) Outre les auteurs du terroir, s’y exposent régulièrement une gloire locale avec ses souvenirs de guerre publiés à compte d’auteur, un conteur de fables médiévales en occitan et quelques réputations parisiennes en quête de notoriété. Les notables du lieu, entourés de leur cour et des échotiers du journal du coin, ne manquent pas bien sûr de s’y faire voir. Depuis l’inévitable Conseiller Général aspirant à devenir député à la place du député jusqu’au député de la circonscription rêvant à un portefeuille ministériel. On a même vu, une fois, un élu européen de passage dans les environs. L’ambiance de ces belles manifestations littéraires, (on ne fait jamais assez pour la littérature), est généralement conviviale, parfois cocasse, toujours bon enfant. Les jours lumineux de l’été étant réservés aux festivals de musique classique, il leur faut en effet compenser la grisaille des ciels d’automne. Gageons qu’un jour viendra où les organisateurs de ces salons empièteront sur le territoire des amateurs de Mozart et de Pierre Boulez. Les badauds ne resteront plus calfeutrés à l’intérieur des chapiteaux et les amateurs de lecture pourront alors circuler librement. C’est du moins l’avis de Marthe Dumas, du Mas du Goth, déambulant avec sa canne dans les allées de la Foire du Livre de Brive la Gaillarde. Elle n’en ausculte pas moins consciencieusement chaque mètre carré. Commentant avec brio de sa voix forte et éraillée, admirant ici, rejetant là, jamais indifférente, avec l’assurance d’un critique parisien ayant pignon sur rue. Elle me rejoint dans l’enclos réservé aux "auteurs" alors que je partage un café imbuvable avec quelques uns de celles et de ceux dont j’ai présenté ici même les romans. On a parfois l’impression, conclut-elle, d’observer une faune un peu exotique. A qu'elle dame au chapeau fait-elle allusion ? A quel rire tonitruant ? Qu'elle mine rébarbative ? Allez  savoir ! Nous lui avouons  que l’impression est identique lorsque nous nous trouvons de l’autre côté des étals. Mais peut-être les gazelles et autres chameaux importés de leur Afrique natale éprouvent-ils cette même sensation lorsque nous les visitons dans leur zoo ! Qui sait en effet ce que pensent les bonobos et les chimpanzés de ces énergumènes qui leur lancent des bananes et des cacahuètes ? Quoi qu’il en soit, comme l’écrit si bien Christian Bobin en exergue de son beau livre "L’homme-joie" (Éditions l’Iconoclaste), « écrire, c’est dessiner une porte sur un mur infranchissable, et puis l’ouvrir ». Et c’est bien ce que tentent tous ces auteurs présents sur ces divers salons. Avec plus ou moins de bonheur, certes, mais toujours avec sincérité. (© Roland Bosquet)


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