C’est mot pour mot la réaction que j’ai eu en ayant fini de visionner la nouvelle campagne vidéo pour la promotion d’Internet Explorer. Une campagne remarquablement bien faite, et je me suis laissée avoir par cette dose de nostalgie. J’ai surtout été presque en colère de découvrir à quelle point je correspondais à cette cible marketing, à quelle point j’étais normée dans le moule de ce qu’on appelle – un terme que je hais du plus profond des abysses de mon âme – la génération Y. Pas parce qu’elle est, mais parce que cela me désespère d’être comme tout le monde, moi la pseudo-rebelle en mousse du numérique.
Internet Explorer 10 est dans les bacs, et c’est de manière intelligente que le navigateur veut redorer son image. Parce que depuis que Google Chrome a squatté tous les affichages de la gare Saint-Lazare, il en faut un peu dans le bide pour tenter de gratter des parts de marché. Or, Internet Explorer est sans aucun doute un des logiciels les plus haïs de l’histoire du software. Des logiciels moyens et pas adaptés à ses utilisateurs, il y en a des tonnes, pourtant Internet Explorer reçoit la palme de la mauvaise réputation. C’est au point où avant de visionner cette vidéo, je peux dire que je ne m’étais pas intéressée au browser depuis 7 ans… sauf pour vérifier pourquoi un internaute se plaint de ne pas pouvoir visionner les vidéos mis en ligne par mon ancien employeur.
Je vois encore les conversations IRC. Quoi, t’es sous IE ? Mais attend, il faut abandonner ça ! Et étrangement c’est un peu par là que j’ai appris ce qu’était un logiciel libre. Encore au lycée, j’ai découvert la notion d’alternatives en ne prenant pas forcément ce qu’on me livrait. Je découvrais la liberté de l’utilisateurs, de choisir l’outil qu’il voulait en fonction de ses propres besoins. Bref, j’ai fait ma crise d’ado à coup de désinstallations et d’installations de logiciels. Dit comme cela, je trouve que c’est particulièrement triste.
Voilà que maintenant Internet Explorer arrive à m’embrigader dans son jeu avec quelques mises en scène de choses que j’ai réellement connues et qui sont apparemment spécifiques à ma génération. En gros pour trouver cette publicité cool, il faut que ces éléments correspondent à ton enfance entre l’école primaire et le collège. En effet, tu seras difficilement captivé par le lancé de pogs si tu étais déjà trop vieux pour ça. Tu vois la finauderie de la chose ?
Quelque part, j’essaie de me dire que je ne suis plus à cela près depuis que je dispose d’une application sur Windows 8. Oui, j’ai une application Windows 8, et alors ? J’ai d’ailleurs l’impression qu’ils ont fait le screenshot le jour où mon flux RSS était cassé.
Il faut que je me fasse une raison. Je suis absolument normale, avec des souvenirs normaux d’une enfance normale dans une école primaire classique. Je ne peux pas être Harry Potter et encore moins Hermione Granger – elle est plus douée que moi – et je ne vais pas me réveiller un jour en découvrant que j’ai un don pour le pliage d’avions en papier.
Génération Y, cible parfaite pour la publicité, je suis fichue.
Shut up and take my money !