« C’est beau une gare le jour. » C’est probablement le titre que je proposerai à l’auteur de « C’est beau une ville la nuit. » s’il souhaitait écrire la suite de son best seller.
Quoi ? On me dit que ça n’est pas sûr qu’il accepte ma suggestion ? Ah. Soit.
J’ai toutefois l’impression que le grand hall d’une Gare telle que Saint-Lazare ressemble au petit matin à une pluie d’étoiles filantes.
Des centaines de personnes se croisent, se décroisent, se frôlent, se percutent et suivent un itinéraire à la fois précis et aléatoire, en fonction des obstacles rencontrés, d’autres étoiles.
Oh certes, la comparaison entre une foule éparpillée qui file en ordre dispersé vers sa destination et des météorites qui perforent l’atmosphère sans savoir où elles vont, est probablement inappropriée.
Mais bon, je vous recommande de faire le test de vous planter 30 secondes au milieu de ce flux de voyageurs, tel un astre figé, et de ressentir cette énergie et ce mouvement ininterrompu des autres qui foncent tête baissée vers leur point d’impact.
On vous contourne, on vous maudit pour votre immobilité de plus d’une seconde, on vous évite et on vous oublie.
Impossible de résister très longtemps ou de s’éclipser alors on repart, comme eux, dans le sillage de ces comètes, afin de créer sa propre trace fugitive et éphémère.
Mais vous êtes déjà ailleurs, dans un autre espace-temps, la rue ou le train de banlieue, au milieu d’étoiles pâles et fatiguées par leur nuit interrompue, comme projetées à des années-lumière de l’endroit où elles aimeraient se situer réellement, à la dérive.
La journée commence.