La relation que l’on a au temps qui passe est probablement ce qui offre à notre passage sur Terre ce qu’il y a de plus intéressant, de plus stimulant et de plus contraignant.
Dès le plus jeune âge, la gestion du temps est une priorité qui s’impose et qui se complexifie dès lors qu’on est en mesure de faire ses propres choix.
Vivre, n’est-ce pas administrer le temps entre son premier et son dernier souffle ? Pas seulement, naturellement, et pourtant, c’est la toile de fond.
J’ai lu qu’il a fallu 10 millions d’années avant que les animaux aquatiques fassent muter un gène en eux qui leur permette de se déplacer sur la terre ferme. 10 millions d’années.
Et nous, on râle quand le bus a 10 minutes de retard ou lorsque qu’une réunion déborde de 15 minutes.
Imaginez le poisson ou le reptile qui batifolait naguère sur le rivage, dans l’écume de la marée montante, se dire : « Wow ! Si j’avais des pattes, je gambaderais volontiers sur le sable sec et puis j’irai voir ce qu’il y a derrière la plage. »
Si cet animal s’était montré aussi impatient que nous le sommes tous, à trépigner, à fulminer au moindre contre-temps, à s’épuiser de toutes ses forces à force de se plaindre, je ne serais probablement pas là pour écrire ce que je ressens, ou si, après 10 autres millions d’années à attendre.
Alors on se calme, on temporise, on se pose et on prend le temps.